Après la condamnation des Balkany, Levallois entre « dégoût » et soutien inconditionnel – Blog Le Monde

L’annonce des condamnations pour blanchiment des époux à la tête de la ville est accueillie diversement par leurs administrés. Certains seraient prêts à réélire leur maire.

Par Publié aujourd’hui à 20h00, mis à jour à 20h35

Temps de Lecture 3 min.

La première adjointe de Levallois, Isabelle Balkany, à son arrivée au tribunal de Paris, le 18 octobre.

Place de la République, à Levallois-Perret, il y a sans doute plus de journalistes que de gens du cru, dans l’après-midi de ce vendredi 18 octobre, pour accueillir la nouvelle de la condamnation à cinq ans et quatre ans de prison pour blanchiment de Patrick et Isabelle Balkany, et leur relaxe des chefs de corruption.

Les Levalloisiens seraient-ils indifférents aux affaires judiciaires de leur maire depuis trente ans et de sa première adjointe, qui assure aujourd’hui l’intérim ? A l’entrée de l’hôtel de ville, pourtant, le livre d’or de soutien au maire est presque plein. « Monsieur le maire, bon courage pour ce temps douloureux de la détention », a inscrit un administré. D’autres voient loin : « On vous attend pour une nouvelle conquête de la mairie ! Forever ». Minoritaires, des messages moins favorables barrent aussi les pages : « Bonnes vacances ! C’est mérité ! » ou encore, plus bref et non signé, « Reste en taule ».

« C’est un très bon maire. Il a un peu magouillé mais il n’en méritait pas tant »

Sur le parvis de la mairie, c’est fin de marché. « Un brigand », s’exclame Françoise, Levalloisienne de toujours et « de gauche », qui se souvient avec plaisir du temps où la ville était communiste. « S’il se présente, il repasse », prédit-elle, pointant une population de « bourgeois, bobos et retraités ». Un ancien jardinier communal est venu, dans l’espoir d’apercevoir Isabelle Balkany à son retour du tribunal mais la première adjointe a été discrète. Loin de soutenir les époux, il dit son « dégoût » et son désaccord pour leur politique urbaine. « C’est une ville aseptisée, sans vie et pas belle », juge-t-il.

Mais d’autres, nombreux, sont sensibles aux rues propres, aux quartiers rénovés, aux animations régulières pour enfants et seniors. « On lui souhaite qu’il revienne vite », conclut une passante. Philippe et Rose-Marie acquiescent : « C’est un très bon maire. Il a un peu magouillé mais il n’en méritait pas tant. »

Lire aussi la tribune : « L’affaire Balkany permet de lever le voile sur les montages off-shore méconnus du grand public »

L’appel suspend les peines d’inéligibilité

Très peu de temps après l’annonce des condamnations, les opposants historiques au couple politique arpentent le parvis. « Ce jugement aggrave leur cas », estime Arnaud de Courson, divers droite, qui travaille à une alternative pour les élections municipales de mars. « La page se tourne, c’est la fin des Balkany », veut-il croire. Philippe Lhaute, de l’association des contribuables de Levallois-Perret, fustige un clientélisme extrême et espère « la fin d’un système qui a trop perduré. » A gauche, deux élues, Anne-Eugénie Faure (PS) et Dominique Cloarec (EELV), appellent à la démission des époux. « S’ils n’ont ni la morale ni l’éthique pour décider d’eux-mêmes de quitter leurs fonctions, il revient au gouvernement de les révoquer », écrivent-elles.

Lire aussi la tribune : Délinquance financière : « La prison pour Patrick Balkany, une exception »

Du côté du camp Balkany et de la majorité municipale, en dépit des nouvelles peines de prison ferme prononcées, on préfère retenir une chose : « Il n’y a pas de corruption. » Isabelle Balkany brandit la décision comme un alibi moral. Passée l’annonce du président Blanchet, la première adjointe a rejoint l’hôtel de ville par la porte de derrière. Elle y officie toujours en tant que maire par intérim, faute de mandat de dépôt requis contre elle et étant donné l’appel immédiat interjeté, qui suspend notamment les peines d’inéligibilité.

Au-delà des peines, les spéculations commencent. Mardi, la demande de remise en liberté de Patrick Balkany sera examinée. S’il sortait, rien ne l’empêcherait juridiquement d’entrer en campagne, conformément à ce qu’il a laissé entendre il y a bientôt un an, lors d’un conseil municipal. A moins qu’il ne préfère encourager son épouse. Mais le calendrier très resserré d’un procès en appel avant les municipales, dès le 11 décembre pour le volet fraude fiscale, pourrait s’avérer imparable. Pourtant, près de la place de la République, certains ont déjà choisi, à l’instar de Martine, retraitée. « Oui, pourquoi pas, on votera pour lui ! »

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