Après FO, la CGT appelle ce mardi les Français à se mobiliser contre la réforme des retraites – Le Figaro

La centrale syndicale appelle à manifester ce mardi contre la réforme des retraites. Une première mobilisation, non unitaire, qui devrait en appeler d’autres dans les semaines et mois à venir.

Rebelote ce mardi! Après la RATP vendredi 13, les indépendants lundi dernier et FO samedi, c’est ce mardi au tour de la CGT, rejointe par Solidaires (les syndicats SUD) et la FSU, d’appeler les Français à manifester contre la future réforme Delevoye des retraites. Il y a trois jours, de 6000 à 20.000 personnes, selon la police et les organisateurs, ont déjà défilé dans Paris à l’appel du syndicat dirigé depuis novembre dernier par Yves Veyrier. Les manifestants, venus de toute la France par autocars – et pour la plupart vêtus de chasubles rouges et brandissant des drapeaux aux couleurs de FO – marchaient derrière une banderole proclamant «En FOrce pour nos retraites». Le cortège, parti sous un beau soleil de la station de métro Duroc, a rallié sans incident la place Denfert-Rochereau, en passant par Montparnasse. Sur les banderoles, on pouvait lire: «Retraite universelle de Macron, c’est non!», «Non à la retraite par points, non au travail sans fin», ou encore «Maintien des 42 régimes existants, retrait du projet Macron-Delevoye».

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«Voilà la réalité du mécontentement dans le pays. Il y a une solution: prendre en compte la colère qui monte, et depuis plusieurs mois. Ça fait deux ans que c’est socialement bouillant et explosif»

Philippe Martinez, sur RTL

Ce mardi donc, c’est la CGT de Philippe Martinez qui est aux commandes, avec sans doute un peu plus de réussite que sa sœur ennemie de FO. La manifestation parisienne partira à 14h de la place de la République pour rejoindre, classiquement, celle de la Nation. Pas de grève au menu, juste une journée de mobilisation interprofessionnelle qui induira des perturbations dans certains secteurs d’activité: les transports bien sûr, et notamment à la SNCF où la direction a annoncé dimanche un trafic TGV «peu perturbé», deux trains Intercités sur cinq, trois TER sur cinq et un Transilien sur deux. La RATP, touchée par une grève très suivie il y a 10 jours, prévoit de son côté un trafic «quasi normal» tant pour les métros, que les bus et les trams. Les transports publics à Lyon, Metz ou encore Besançon seront également perturbés. Le mouvement concernera également l’éducation nationale ou encore l’ensemble de la fonction publique, où des préavis de mobilisation ont été lancés par les puissantes fédérations CGT.

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Philippe Martinez, en tout cas, est convaincu du bien-fondé de son action. «Voilà la réalité du mécontentement dans le pays, a indiqué le patron de la CGT il y a quelques jours sur RTL. Il y a une solution, c’est prendre en compte la colère qui monte, et depuis plusieurs mois». Pour lui, «ça fait deux ans que c’est socialement bouillant et explosif», a-t-il encore dit, en appelant «résolument tout le monde» à se mobiliser compte tenu de «l’urgence climatique et de l’urgence sociale.» Sur le fond de la réforme des retraites, Philippe Martinez défend le maintien des régimes spéciaux comme «des systèmes complémentaires» au régime général, «même s’il faut mieux harmoniser un certain nombre de choses, notamment sur la pénibilité» et «prendre en compte l’évolution du monde du travail» avec les études longues et l’essor des plateformes. Il juge «pas négociable» une proposition qui consisterait à n’appliquer la fin des régimes spéciaux qu’aux futurs entrants. «Pourquoi condamner les générations futures à partir à 68 ou 70 ans à la retraite?», proteste le patron de la CGT.

«Notre système a été créé en 1945, entre-temps le monde du travail a changé Il faut le faire évoluer, tout en gardant son socle, car c’est le modèle le plus juste au monde, basé sur la solidarité»

Philippe Martinez, dans Libération

«Notre système a été créé en 1945, entre-temps le monde du travail a changé, a-t-il encore récemment expliqué dans Libération. Il faut le faire évoluer, tout en gardant son socle, car c’est le modèle le plus juste au monde, basé sur la solidarité. Mais le gouvernement veut le changer complètement. Quand Laurent Berger se réjouit du maintien du principe de répartition, il se trompe. Ce qui nous est proposé, c’est un système individuel dans lequel chacun va travailler pour lui. Aujourd’hui, ce sont les générations au travail qui cotisent pour les générations qui ont travaillé, en prenant en compte les diversités de situation. C’est ça la solidarité! Je cotise selon mes moyens, je reçois selon mes besoins. Avec la réforme, si vous ne cotisez pas, vous n’avez rien…» Et Philippe Martinez de mettre en avant un point de divergence profond avec la CFDT, particulièrement important pour lui. «La réforme prévoit une prise en compte de toute la carrière pour calculer le niveau de la pension, au lieu de regarder, comme aujourd’hui, les 25 meilleures années, explique-t-il en boucle. Plus on élargit le calcul, plus on risque de voir baisser les pensions, notamment pour les carrières hachées. Aujourd’hui, les jeunes commencent par des petits boulots, et ça va compter dans le calcul.»

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Par ailleurs, le patron de la CGT critique la sélectivité des organisations syndicales reçues par Emmanuel Macron à l’Élysée après que Laurent Berger (CFDT) et Laurent Escure (Unsa) ont rencontré en tête-à-tête le président de la République il y a une dizaine de jours. Mais pas lui. «C’est une question de démocratie, soutient Philippe Martinez. Nous demandons le même traitement que les autres. Il faut qu’il nous reçoive pour qu’on lui explique toutes les propositions de la CGT pour améliorer notre système de retraites». Avant d’ironiser, avec l’humour et le sens du jeu de mots qui le caractérisent. «C’est peut-être ça l’acte 2 (du quinquennat). On discute plus avec les syndicats, mais pas avec tous les syndicats».

Le dirigeant syndical ne croit d’ailleurs pas à la nouvelle phase de concertation qui va se tenir jusqu’à la fin de l’année sur les principaux points du rapport Delevoye. «Les citoyens ont des choses à dire, à condition que ce soit un vrai débat équilibré, a-t-il pointé récemment dans Libération. Si c’est encore le show, comme pour le grand débat, ça ne fonctionnera pas. Il faut des débats contradictoires et transparents.» Autant dire que la CGT séchera cette nouvelle séquence style «grand débat» sur les retraites qui commence ce jeudi avec l’implication d’Emmanuel Macron à Rodez…

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