APL, précarité des doctorants, écologie : à Amiens, Emmanuel Macron tente de rassurer les étudiants – Ouest-France

Emmanuel Macron a commencé sa visite de deux jours à Amiens par une rencontre avec des étudiants jeudi après-midi, dans un contexte social tendu dans la ville des ex-Whirlpool. Après avoir été accueilli sur le parvis du nouveau pôle universitaire de la Citadelle par plusieurs responsables politiques, le chef de l’État a salué des étudiants de sa ville natale, leur posant des questions sur leur avenir et multipliant les selfies avec eux.

« Les cinq euros d’APL, un boulet »

Un peu plus tard, et alors que la question du logement est l’une des composantes de la grogne actuelle chez les étudiants, Emmanuel Macron a reconnu traîner « comme un boulet » la baisse de cinq euros des APL, décidée au tout début de son quinquennat. « Je sais, les cinq euros d’APL, je le traîne comme un boulet », a-t-il lancé à Amiens lors d’un échange avec les étudiants de l’université Jules-Verne, en reconnaissant que cette décision « ne faisait pas partie de mes engagements » de campagne.

« Passons, cela a été fait », a-t-il ajouté en réponse à une étudiante qui l’interrogeait sur la précarité des étudiants confrontés à une hausse des frais. Mais « il faut le mettre au regard » des mesures prises sur le logement et « tout ce qui a été fait plus largement pour les étudiants », a ajouté le chef de l’État, en rappelant notamment la suppression de 217 € de cotisation à la sécurité sociale étudiante. « Si vous ne le dites pas, ce n’est pas honnête parce que c’est nettement supérieur à la baisse de 5 € des APL » (Aides personnalisés au logement), a-t-il ajouté.

Dans son discours précédant la séance de questions-réponses, M. Macron avait estimé que « la plus grande injustice qui frappe un pays, la plus grande et pour moi, plus scandaleuse que les inégalités de revenus, c’est l’inégalité de destin ». « L’assignation à famille ou l’assignation à origine s’est creusée ces dernières décennies », avait-il ajouté, assurant que « la seule manière de le combattre, c’est l’éducation, le savoir » et « c’est ce que nous sommes en train de faire ».

Des doctorants précaires

La précarité des doctorants a également été abordée un peu plus tôt. Un quart des doctorants en France ne sont pas financés : seuls 73 % des 16 800 étudiants inscrits en première année de doctorat en 2017 (pour 73 000 doctorants au total) ont reçu un financement, selon le ministère, dont seulement 38 % en sciences humaines et sociales. Beaucoup donnent des cours comme vacataires et 10 % n’ont aucun revenu.

« On leur dit, ce sera l’année prochaine que vous mangerez mais c’est tous les jours qu’on mange. Ils travaillent gratuitement pou la recherche française », a lancé la jeune femme au chef de l’État. t pour ceux qui ont un financement, « être au dessus du Smic, ce serait la moindre des choses », a-t-elle poursuivi. « Il y a 17 000 vacataires qui effectuent plus d’un demi-temps plein d’enseignant-chercheur. Ça fait 13 000 postes d’enseignants-chercheurs qu’on devrait créer », a-t-elle plaidé.

« Le projet de loi de programmation sur la recherche (prévu pour 2021, ndlr) vise justement à pouvoir rémunérer les doctorants », lui a répondu Emmanuel Macron. Et de poursuivre : « Dans la loi, on clarifie le cadre, pour que quand les gens s’engagent dans un doctorat on ait dès le début de la visibilité sur les financements qui vont avec. Il faut être clair dès le début sur ce qu’on décide de financer. Quand il n’y a pas de postes, il faut leur dire. Il faut ouvrir des postes mais ne pas laisser les gens s’engager dans des filières sans financement ».

Écologie : « lucides » mais pas « foutus »

Les sujets écologiques, qui préoccupent beaucoup les jeunes, ont aussi été abordés par le chef de l’État. « Ne me dites pas, vous, qu’on est foutus en 2050 », a lancé Emmanuel Macron. « On peut être lucide sur les conséquences, dire – on n’est pas dans la trajectoire – mais pas dire – on est foutu, […], ça jamais », a-t-il ajouté, estimant que « le temps de l’indignation, c’était du temps du président Chirac » qui avait déclaré : « la maison brûle ».

« Cette mobilisation de la jeunesse pour le climat, on en a besoin » pour « la convertir en action », et qu’elle ne reste pas « une indignation et une colère ou en quelque sorte un catastrophisme », a ajouté le chef de l’État. Il a toutefois mis en garde contre les « tensions » que cela pouvait provoquer, citant par exemple le cas d’un agriculteur poussé à la conversion alors qu’il n’arrive pas à se payer.

Le chef de l’État, présent deux jours à Amiens, a débuté sa visite par une rencontre avec les étudiants de la ville riche en échanges. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

« Les gens deviennent fous parce que ça crée de la violence, ce que vous voyez parfois dans nos campagnes », et « cela crée des tas de tensions partout », a-t-il averti. C’est pourquoi il faut « convaincre ceux qui ont des pratiques qui ne marchent plus du tout » et « les aider à changer », a-t-il ajouté, citant les pesticides, la mobilité, les entreprises « pour qu’elles polluent moins »… et dans le cas des citoyens favoriser « le transport doux en ville » ou « aller vers des véhicules qui polluent moins ».

« Il faut le faire au bon rythme, en accompagnant et donc en ayant aussi une politique sociale », a-t-il ajouté, en reconnaissant : « c’est l’erreur que j’ai faite il y a un peu plus d’un an » en disant « on y va à fond pour changer, on fait notre taxe carbone, on essaie de pousser les choses ».

Mais « je n’avais pas assez vu que ça mettait des gens en situation de grande difficulté financière, parce qu’ils n’avaient pas le choix », a-t-il ajouté, en allusion à la taxe carbone qui avait déclenché la colère des « gilets jaunes ».

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