Alors que la France recense plus de 10 000 morts du coronavirus, une multiplication des mesures pour éviter un relâchement du confinement – Le Monde

Un contrôle de police près de la Tour Eiffel à Paris, le 22e jour de confinement.

Un contrôle de police près de la Tour Eiffel à Paris, le 22e jour de confinement. BERTRAND GUAY / AFP

De l’interdiction de faire son jogging en journée à Paris, à un arrêté anti-crachats dans le Nord, des mesures commencent à être prises, à l’appel du ministère de l’intérieur, pour éviter un potentiel relâchement du confinement. « Aborder le déconfinement aujourd’hui n’a aucun sens », a, en effet, estimé le directeur général de la santé, alors que le confinement général de la population, instauré jusqu’au 15 avril, devrait être prolongé.

  • Lancement d’une opération de dépistage dans les Ehpad

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La France a passé, mardi, la barre des 10 000 morts depuis le début de l’épidémie liée au coronavirus, qui « continue sa progression » a indiqué le directeur général de la santé. Depuis début mars, 7 091 décès ont été enregistrés en milieu hospitalier, soit 607 de plus en 24 heures, chiffre quotidien le plus important depuis le début de l’épidémie, et 3 237 dans les Ehpad et établissements médico-sociaux, soit un total de 10 328 morts, a précisé Jérôme Salomon lors d’un point quotidien.

Le bilan dans les maisons de retraite médicalisées et autres établissements médico-sociaux le bilan a augmenté de 820 décès par rapport à celui communiqué lundi, mais ce bond est sans doute « lié à un retard de saisie et au fait qu’on sort d’un week-end » a souligné M. Salomon. Il a annoncé le lancement d’une vaste opération de dépistage dans ces maisons de retraites médicalisées. Et « une mobilisation de grande ampleur de réservistes » sera effective dès mercredi au profit de 50 Ehpad de la région parisienne, selon le DGS.

  • Un essai clinique démarre ce mardi

En attendant un vaccin éventuel, un essai clinique consistant à transfuser du plasma sanguin de personnes guéries vers des « patients en phase aiguë de la maladie » devait démarrer ce mardi. Le procédé s’est déjà avéré efficace, dans des études à petite échelle, contre d’autres maladies infectieuses comme Ebola ou le Sras.

Pendant ce temps la France poursuit ses efforts pour s’approvisionner en masques, et ses « commandes sûres » atteignent désormais 1,6 milliard d’exemplaires, a assuré le ministre de la santé, Olivier Véran. Le gouvernement maintient pour l’heure sa recommandation d’en réserver l’usage aux soignants et personnes infectées.

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Concernant le gel hydroalcoolique en revanche, « il y a une très forte production » et « nous ne sommes plus en difficulté » dans ce domaine, a fait savoir le professeur Salomon.

  • Un durcissement des mesures à l’échelle locale

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« L’heure du confinement va durer », a martelé Edouard Philippe lors de la séance des questions au gouvernement. Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a ainsi autorisé les préfets, en lien avec les maires, à durcir les mesures en cas de relâchement. La maire de Paris Anne Hidalgo et le préfet de police Didier Lallement ont interdit toute activité sportive individuelle dans la capitale entre 10 heures et 19 heures à partir de mercredi. Une mesure identique a été adoptée mardi, sur décisions préfectorales, dans les départements voisins du Val-de-Marne, Val-d’Oise et de Seine-et-Marne.

Cracher sur la voie publique, abandonner des masques ou des gants ou encore éternuer sans se couvrir le visage est désormais passible d’une amende de 68 euros dans les rues de Marcq-en-Baroeul (Nord), ville résidentielle aisée du Nord de la France.

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Le préfet de Guadeloupe a, lui, pris un arrêté qui restreint « la liberté de circuler, d’aller et venir et de commerce sur l’ensemble de l’archipel pour le week-end pascal, du samedi 11 avril à 14 heures jusqu’au mardi 14 avril à 7 heures ». A Sceaux (Hauts-de-Seine), le maire UDI Philippe Laurent a annoncé lundi avoir pris un arrêté obligeant les habitants de plus de dix ans à se couvrir le nez et le visage avant de sortir.

La ville de Biarritz a, de son côté, interdit par arrêté municipal la « station assise de plus de deux minutes » sur ses bancs afin de rappeler « l’impossibilité de flâner » avant de faire marche arrière.

  • Un salarié sur quatre au chômage partiel

L’épidémie pèse également sur l’économie française. Le recours au chômage partiel a été demandé pour 5,8 millions de salariés, soit un sur quatre dans le privé, un nouveau record qui pourrait coûter 19,6 milliards d’euros en trois mois, a annoncé la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

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« On est le seul pays à être à ce niveau de chômage partiel », a dit la ministre lors d’une audition en vidéoconférence au Sénat. Lors du précédent pointage tout début avril, le recours à l’activité partielle, nom officiel du dispositif, avait été demandé par 337 000 entreprises pour 3,6 millions de salariés. Ce dispositif a été mis en place pour « sauver des millions d’emplois, éviter le chômage à des millions de Français et permettre aux entreprises de repartir plus vite », a-t-elle rappelé.

  • L’examen du BTS validé par le contrôle continu ou reporté

Les décisions se multiplient également concernant le cursus scolaire. Les examens du BTS seront sanctionnés cette année via le contrôle continu ou reportés en septembre, en fonction des situations des candidats. En raison de l’épidémie, « de nouvelles modalités de passage des examens nationaux » ont été arrêtées, soulignent les ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur dans un communiqué commun.

Pour chaque étudiant de BTS (brevet de technicien supérieur) en mesure de présenter un livret scolaire ou de formation, le diplôme national « sera attribué sur le fondement du contrôle en cours de formation déjà effectué et du livret scolaire » (sur la base de la moyenne des notes de l’année à l’exception de celles obtenues pendant le confinement). Un jury d’examen arrêtera les notes définitives, et étudiera les livrets pour « le cas échéant, valoriser un engagement, les progrès des élèves, garantir l’équité entre les candidats, et vérifier leur assiduité » jusqu’à la fin de l’année.

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  • Patience avant de réserver les vacances d’été à l’étranger

La France accroît, par ailleurs, la surveillance de ses frontières dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire : les visiteurs étrangers, y compris les Européens, devront désormais remplir une attestation bardée de critères restrictifs pour être autorisés à entrer dans le pays.

Concernant les voyages à l’étranger, le secrétaire d’Etat aux transports Jean-Baptiste Djebbari a estimé que les Français devaient « attendre » avant de réserver pour les vacances d’été, la situation étant « encore trop incertaine ».

« Le point de vigilance que soulignait Jean-Baptiste Djebbari, c’est qu’aujourd’hui ce n’est pas le moment d’acheter un billet pour partir à l’autre bout de la planète avec toutes les incertitudes qu’on peut avoir sur ce que sera l’état de l’épidémie » en France et dans le monde, a précisé la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne. Ces dernières semaines, « on a accompagné le rapatriement de 150 000 Français qui étaient en déplacement à l’étranger », a rappelé la ministre.

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Le Monde avec AFP

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