Allemagne: devancé par le SPD, le candidat de la CDU refuse de jeter l’éponge – Le Figaro

Les deux rivaux se disputent le soutien des Verts et des libéraux en vue de former une coalition.

Dans la course à la Chancellerie, le candidat SPD Olaf Scholz a pris une longueur d’avance, lundi, sur son adversaire conservateur, Armin Laschet, mais l’épreuve sera longue. Au lendemain de sa courte victoire, le ministre des Finances a confirmé son intention de négocier une coalition avec les Verts et le parti libéral démocrate, le FDP. «Les électeurs se sont clairement exprimés et ils ont dit qui devrait former le nouveau gouvernement», a déclaré l’actuel vice-chancelier, qui entend succéder à Angela Merkel.

Selon des résultats officiels provisoires, les sociaux-démocrates ont recueilli 25,7 % des suffrages (+ 5 % par rapport au scrutin de 2017), contre 24,1 % pour la CDU qui accuse un score historiquement bas, inférieur de 9 points à celui récolté quatre ans auparavant. Le parti d’Angela Merkel ne renonce pas néanmoins à former une coalition alternative avec l’aide des deux mêmes formations, les Grünen et le FDP. Ces derniers ont obtenu respectivement 14,8 % et 11,5 % des voix.

Lors d’une conférence de presse organisée dans la matinée au siège du parti, Olaf Scholz s’est déjà efforcé de se glisser dans la peau du chancelier. Il a répondu en anglais à plusieurs correspondants étrangers, évoqué l’Union européenne qu’il souhaite «forte et souveraine», ainsi que ses relations avec la Russie. Il a promis la «stabilité» de l’Allemagne à ses futurs partenaires étrangers, eux qui s’inquiètent d’une période de vide consécutive au départ d’Angela Merkel.

Gagner du temps

Au même moment, la CDU ouvrait un comité exécutif placé sous le signe de la grogne. Des cadres du parti, dont le jeune ministre de la Santé, Jens Spahn, ont appelé à un changement de «génération» au sein de la famille conservatrice. Dans l’ex-RDA, en Saxe en particulier, où la CDU a subi un «tremblement de terre» au profit de l’AfD, la CDU ne dispose d’aucun «mandat clair» pour diriger un gouvernement, a estimé le ministre-président CDU de ce Land, Michael Kretschmer.

Sous la pression, Armin Laschet a promis un «renouvellement à tous les étages de son parti», mais il conserve son fauteuil. L’expression «mandat clair» a disparu de son vocabulaire. Plutôt que de «réclamer» formellement la Chancellerie, la CDU formule désormais des «propositions», dont une alliance avec les Verts et le FDP basée sur le développement durable et la modernisation économique. Des thèmes susceptibles de rassembler les deux partenaires. «Une coalition se forme sur des contenus et non pas sur le fait d’obtenir 24 % au lieu de 25 %», explique Armin Laschet, rappelant à Olaf Scholz qu’il n’est «pas le roi».

Les sirènes de l’AfD

Le perdant du scrutin, mal aimé des Allemands, tente de s’extraire de l’implacable mathématique électorale. Mais l’opération semble avoir pour principal objectif de gagner du temps en sauvant l’unité du parti, et éviter qu’il ne bascule dans l’opposition. Le cas échéant, il risque l’implosion, en particulier en ce qui concerne les militants CDU de l’ex-RDA, parfois tentés par les sirènes de l’AfD. «Tenter de construire une coalition est la seule carte qu’il reste à Laschet, sinon c’est le désastre», estime Henrik Utterwede, politologue à l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Andreas Jung, numéro deux du groupe CDU-CSU au Bundestag, le reconnaît également devant la SRW, mais moins crûment: «ce serait une mauvaise idée de considérer actuellement notre départ dans l’opposition comme un objectif. Il est bon de mener des discussions», confirme ce proche d’Armin Laschet.

Face aux deux prétendants, écologistes et libéraux déblaient le terrain en vue des prochains pourparlers. Les deux partis ont annoncé le lancement de premières consultations bilatérales destinées à préparer les négociations avec respectivement la CDU et le SPD. Le FDP est naturellement plus proche des conservateurs tandis que durant la campagne, les Grünen ont privilégié une alliance avec les sociaux-démocrates. Mais les cartes semblent désormais rebattues. «La campagne est terminée, les circonstances sont telles qu’elles sont et nous devons en tirer le meilleur parti sur le plan professionnel, nous devons construire des ponts», a expliqué Robert Habeck, le coprésident des Grünen.

Période d’incubation

Ce dernier n’exclut pas une coalition avec la CDU et le FDP, à l’image de celle gouvernant sa région d’origine, le Schleswig-Holstein. «Nous sommes dans une situation vraiment cool qui permet de libérer les énergies», ajoute Habeck. «Hello l’Allemagne, tu dors, mais quelque chose de nouveau peut sortir de tout ça», s’exclame le théoricien du parti, pour qui «la droite et la gauche» n’existent plus. Cette période d’incubation où «la politique sera attrayante», promet-il, devrait durer… jusqu’à Noël.

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