Alibaba : Jack Ma a disparu depuis plus de deux mois

Alibaba : Jack Ma a disparu depuis plus de deux mois

C’est peut être le symbole le plus prisé en Occident du capitalisme chinois. Et il a disparu depuis plus de deux mois. Le célèbre milliardaire chinois Jack Ma, longtemps aux manettes du géant Alibaba, n’a plus donné signe de vie depuis octobre dernier.

Lors de sa dernière apparition publique, le fondateur de ce géant chinois de la technologie et du e-commerce avait prononcé un discours très critique vis à vis des autorités chinoises.

Il critiquait la réglementation excessive du pays et la domination de l’Etat sur le système bancaire. « Une bonne innovation peut coexister avec des réglementations, mais pas des réglementations à l’ancienne. Nous ne pouvons pas gérer un aéroport comme nous gérons une gare, ni gérer l’avenir comme nous gérons le passé », clamait alors l’entrepreneur, suscitant les foudres de Pékin.

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Mentalité de « prêteur sur gages »

Le dirigeant avait poursuivi en expliquant qu’il fallait mettre fin à la mentalité de « prêteur sur gages » qui règne aujourd’hui dans le secteur financier chinois. « J’ai constaté que la mentalité de prêteur sur gages est un problème sérieux en Chine et qu’elle a affecté beaucoup d’entrepreneurs. Cela devient extrêmement grave lorsque les entrepreneurs doivent mettre en gage tous leurs actifs. Ils sont soumis à une pression énorme et ce qu’ils font est déformé », avait-il regretté.

Cette disparition a éclaté au grand jour quand Jack Ma a du être remplacé pour assurer le show lors d’une émission de téléréalité diffusée le dimanche 3 janvier.

Le dernier épisode de l’émission Africa’s Business Heroes, créée par Jack Ma lui même, devait initialement être diffusé fin novembre. Jack Ma y a été remplacé, les producteurs confirmant son absence, officiellement due à un “conflit de calendrier”. Reste que toute référence au milliardaire a depuis été gommée des documents de communication de l’émission. De quoi faire penser à une purge, comme cela arrive encore en Chine.

Vague de purge

En septembre dernier, l’homme d’affaires Sun Dawu était arrêté après avoir dénoncé sur les réseaux sociaux la “corruption” de certains notables locaux. En novembre, le banquier Li Huaiqing se voyait infliger 20 ans de prison pour fraude et “incitation à subvertir le pouvoir de l’État”. Il avait lui aussi accusé le pouvoir de corruption.

“Lorsque j’ai entendu parler des problèmes de Jack Ma avec les autorités, j’ai tout de suite pensé à la vague de disparition des milliardaires chinois entre 2015 et 2017”, note de son côté l’économiste Mike O’Sullivan sur son blog. A cette période, plus d’une douzaine d’hommes d’affaires chinois, – dont Guo Guangchang, le patron du Club Med – s’étaient “volatilisés” pendant plusieurs semaines avant de réapparaître publiquement tout aussi mystérieusement en assurant soit qu’ils avaient eu des problèmes personnels, soit qu’ils avaient “collaboré avec les autorités”.

C’était la grande époque de la campagne anticorruption menée par le président chinois, Xi Jinping.

“C’est un discours qui lui a au moins coûté 35 milliards de dollars”

Autre signe qui laisse perplexe, l’absence de Jack Ma sur Twitter depuis le 10 octobre, alors qu’il est assez friand en temps normal de ce service de micro blogging. un média qu’il affectionne particulièrement.

Interrogé sur cette absence, l’entreprise Alibaba refuse de communiquer.

“C’est un discours qui lui a au moins coûté 35 milliards de dollars” indique Nina Xiang, directrice du China Money Network, dans une tribune publiée sur LinkedIn. De fait, une semaine plus tard, le gouvernement chinois faisait en effet échouer l’introduction en Bourse d’Ant Group, la société de services financiers de Jack Ma, qui devait rapporter cette somme.

Enquête pour abus de position dominante

Peu après, les autorités chinoises ouvraient des enquêtes pour abus de position dominante à l’encontre d’Ant Group et d’Alibaba et demandaient une restructuration du groupe destinée à l’affaiblir.

Dans une déclaration publiée en fin de semaine dernière, la direction d’Alibaba s’est défendue en indiquant qu’elle « coopérerait activement avec les régulateurs dans le cadre de l’enquête », ajoutant que « les opérations commerciales de la société resteront normales ». Le mois dernier, les autorités chinoises avaient déjà infligé des amendes à Alibaba et à la société China Literature (soutenue par Tencent) pour n’avoir pas correctement déclaré les acquisitions passées pour autorisations.

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