
Algérie : Abdelmadjid Tebboune, ex-premier ministre de Bouteflika, remporte la présidentielle – Le Monde

Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika, a remporté, dès le premier tour, l’élection présidentielle en Algérie, a annoncé vendredi 13 décembre l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
M. Tebboune a recueilli 58,15 % des suffrages, a indiqué le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, lors d’une cérémonie officielle, au lendemain d’un scrutin marqué par une abstention record et qui s’est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir en Algérie depuis l’indépendance en 1962.
Seuls 39,93 % des inscrits ont voté au premier tour (41,41 % sur le territoire national et 8,69 % pour les Algériens de l’étranger) jeudi, selon Mohamed Charfi. Ce taux est le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie. Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin – le plus faible jusqu’ici – qui, en 2014, avait vu la quatrième victoire de M. Bouteflika.
Démonstration de force du Hirak
Le Hirak, le « mouvement » de contestation populaire massif et inédit du régime qui a contraint M. Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de cette élection, vue comme un moyen de se régénérer pour le « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962. Ce mouvement exige la fin de ce « système » et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des vingt ans de présidence Bouteflika. Ce qu’étaient les cinq candidats : Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmadjid Tebboune.
Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée de jeudi a été marquée à Alger par une démonstration de force du Hirak qui a bravé un très fort déploiement policier pour défiler en masse en scandant « Makache l’vote ! » (pas de vote !). Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre de la capitale, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement.