Alexeï Navalny : “Les médecins faisaient ce qu’on leur disait de faire au Kremlin” qui a “une grande expéri… – Franceinfo

Cécile Vaissié, professeure en études russes, soviétiques et post-soviétiques à l’Université Rennes 2, revient sur la situation de l’opposant russe Alexeï Navalny, dans un état grave et transféré en Allemagne dans un vol médicalisé.

L’opposant russe Alexeï Navalny, dans un état grave, a été transféré en Allemagne dans un vol médicalisé. Il était auparavant en soins à l’hôpital d’Omsk, où “les médecins faisaient ce qu’on leur disait de faire au Kremlin“, a assuré, sur franceinfo samedi, Cécile Vaissié, professeure en études russes, soviétiques et post-soviétiques à l’Université Rennes 2.

franceinfo : Pourquoi l’hôpital d’Omsk a-t-il tant tergiversé ? Peut-on y voir une intervention politique ?

Cécile Vaissié : Ce n’est pas sûr du tout qu’on puisse prouver un empoisonnement parce qu’il y a eu d’autres cas de ce genre et il semblerait qu’au bout de quelques jours des substances soient évacuées, ce qui pourrait éventuellement expliquer qu’on ait laissé traîner les choses aussi longtemps. L’intervention politique est sûre et certaine, on a eu des images absolument terribles, cet hôpital était bourré de forces de sécurité, c’étaient les forces de sécurité qui prenaient les décisions à la place des médecins. Les forces de sécurité empêchaient l’épouse de Navalny, même pas seulement d’aller voir son mari, mais d’avoir accès aux médecins allemands. La décision a été politique, on sait que Mme Merkel, monsieur Macron, le président finlandais et le président du Conseil européen ont téléphoné personnellement à monsieur Poutine et du coup effectivement la décision des médecins a changé en moins de cinq minutes. Les médecins faisaient ce qu’on leur disait de faire au Kremlin.

Pourquoi Navalny est-il visé comme ça ?

Parce que Navalny c’est celui qui a réellement révélé toute l’ampleur de la corruption que les Russes constataient sans en voir forcément toutes les images. Le moindre gouverneur habite un palais absolument immense, c’est lui qui a révélé ces choses-là. D’autre part, c’est quelqu’un d’intelligent, de charismatique, on lui bloque absolument l’accès aux chaînes publiques russes. Malgré cela, il a une image d’homme politique, donc on veut le réduire au silence, ils ont essayé par tous les moyens, les procès, la prison et là visiblement, ils ont accéléré le rythme.

Comment peut-on expliquer cet éventuel empoisonnement en Russie ?

C’est une autre culture politique. On ne se permettrait pas d’avancer cette hypothèse s’il n’y avait pas eu auparavant des cas. On a une suite d’empoisonnements, ça a recommencé en 2003 avec un journaliste, qui allait déjà sur des affaires de corruption. Il est tombé malade alors qu’il avait une cinquantaine d’années, pendant dix jours on n’a plus entendu parler de lui et quand il est mort, on n’a pas rendu son corps à la famille et on n’a même pas rendu son dossier médical. Le Kremlin avait déjà une grande expérience d’empoisonnement de ses adversaires politiques. C’est une tradition.

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