Aide pour les jeunes précaires, masques, chômage partiel… Ce qu’il faut retenir du discours d’Edouard Philippe au Sénat – Le Monde

Le premier ministre, Edouard Philippe, le 29 avril, à l’Assemblée nationale.

Le premier ministre, Edouard Philippe, le 29 avril, à l’Assemblée nationale. LUDOVIC MARIN / AFP

Le premier ministre, Edouard Philippe, a présenté lundi après-midi son plan de déconfinement devant le Sénat. Matignon avait promis une déclaration différente de celle faite à l’Assemblée nationale la semaine dernière, afin d’apporter des précisions sur le dispositif à mettre en œuvre à partir du 11 mai, à la suite des remontées des maires, des préfets ou des agences régionales de santé. Le chef du gouvernement a donc rappelé les grandes lignes du plan et fait quelques annonces.

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  • Une aide de 200 euros à certains jeunes précaires

Une aide de 200 euros sera versée à 800 000 jeunes de moins de 25 ans « précaires ou modestes », a annoncé le chef du gouvernement. « Cette somme sera versée début juin aux étudiants ayant perdu leur travail ou leur stage et aux étudiants ultramarins isolés qui n’ont pas pu rentrer chez eux, a-t-il détaillé. Elle sera versée mi-juin aux jeunes de moins de 25 ans, précaires ou modestes, qui touchent les aides pour les logements. »

  • « Il n’y a jamais eu de stocks cachés » de masques

Parlant des masques mis en vente par la grande distribution, Edouard Philippe a estimé qu’il s’agissait d’un « malentendu qui a échauffé ce week-end quelques esprits peut-être en mal de polémique ». « Il n’y a jamais eu de stocks cachés » de masques par les entreprises de la grande distribution, a-t-il affirmé. « Il y a des commandes massives et il faut un certain temps avant qu’elles se concrétisent en millions de masques disponibles pour l’ensemble de nos concitoyens », a-t-il déclaré.

D’abord accusée de constituer des « stocks cachés » en pleine crise sanitaire, la grande distribution est désormais critiquée pour des prix jugés trop élevés. Le gouvernement a précisé la semaine dernière que le prix de vente des masques chirurgicaux serait plafonné à 95 centimes l’unité, mais pas celui des masques en tissu.

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L’Etat financera 50 % des masques grand public que sont en train de se procurer les collectivités. « L’Etat réservera en outre une enveloppe hebdomadaire de 5 millions de masques grand public pour les plus vulnérables de nos citoyens », a ajouté le premier ministre.

« Nous fournirons des masques au personnel de l’éducation nationale et aux collégiens. Pour ces derniers, le masque sera obligatoire quand les règles de distanciation sociale risquent de ne pas être respectées », a déclaré Edouard Philippe. La semaine dernière, le premier ministre avait annoncé devant l’Assemblée nationale que le masque serait obligatoire pour les collégiens dans tous les cas.

  • Le chômage partiel en vigueur jusqu’au 1er juin, des adaptations progressives

« La vie économique doit reprendre impérativement et rapidement, avec des aménagements, avec de la bonne volonté », a scandé Edouard Philippe. Le premier ministre a mis en avant la nécessité de « continuer à accompagner les entreprises en difficulté ». Ainsi, le dispositif d’activité partielle restera en vigueur jusqu’au 1er juin et sera adapté ensuite « progressivement, selon l’évolution de l’épidémie ».

Le fonds de solidarité sera quant à lui « prolongé à la fin du mois de mai. Il sera même renforcé pour les TPE qui ont fait l’objet de mesures de fermeture hâtives », a poursuivi le premier ministre. Le deuxième étage de ce fonds, qui donne droit à une subvention pouvant aller jusqu’à 5 000 euros, sera désormais accessible à tous les commerces qui ont été fermés, y compris s’ils n’ont pas de salariés. « Les reports de charges fiscales et sociales resteront autorisés jusqu’à fin mai et nous sommes prêts à convertir ces reports en exonération définitive de charges », a-t-il ajouté.

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  • Déconfinement « reporté » à Mayotte

Le déconfinement est reporté à Mayotte, où « le virus circule activement », a annoncé le premier ministre, précisant qu’un « point » serait fait le 14 mai « pour envisager l’assouplissement du confinement et en particulier le retour à l’école primaire le 18 mai ».

« La prolongation du confinement est l’unique manière d’éviter la saturation d’un système hospitalier déjà très sollicité par l’épidémie de dengue, elle aussi mortelle pour les Mahorais », a expliqué Edouard Philippe. Mayotte, qui vient de passer en phase 3, comptabilise désormais 686 cas de coronavirus, dont six personnes en réanimation, et six morts.

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  • Une reprise des cérémonies religieuses le 29 mai à l’étude

« J’entends le désarroi des croyants, privés de rassemblements et de célébrations, a déclaré Edouard Philippe. C’est pourquoi, si la situation sanitaire ne se dégrade pas au cours des premières semaines de levée du confinement, le gouvernement est prêt à étudier la possibilité que les offices religieux puissent reprendre à partir du 29 mai. »

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  • L’installation des conseils municipaux suspendue à l’avis du conseil scientifique

Pour permettre l’installation des conseils municipaux élus et la réunion des conseils communautaires, le premier ministre rendra « dans les plus brefs délais », après réception de l’avis du conseil scientifique, « un rapport qui permettra de dire si, et surtout quand, cette installation est possible pour des conseils municipaux qui, dans l’immense majorité des 30 000 communes concernées, ne comptent en général pas plus de 15 membres ».

Concernant la tenue du deuxième tour des élections municipales, en revanche, « il faut encore attendre un peu », a convenu Edouard Philippe : « Je remettrai au Parlement au plus tard le 23 mai, comme la loi l’impose, le rapport qui déterminera s’il peut avoir lieu en juin. »

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Le 11 mai « ne sera pas le début de l’insouciance, ce sera le début de la reprise », a averti le premier ministre en conclusion de son discours. « Il faut nous y engager avec prudence et responsabilité. (…) Ce qui se joue avec ce déconfinement, c’est un acte de confiance collective. »

Après cette présentation, le Sénat doit désormais examiner le projet de loi. Dominé par l’opposition de droite, la chambre haute a jusqu’ici voté sans trop rechigner les premiers textes d’urgence du gouvernement pour faire face à l’épidémie. Aujourd’hui, le ton a changé. L’examen devrait se prolonger tard dans la nuit, avec plus de 160 amendements déposés rien qu’en commission lundi matin. La chambre des territoires fait même peser la menace d’une saisine du Conseil constitutionnel si la question de la responsabilité des élus locaux dans la gestion du déconfinement n’est pas résolue à l’issue de l’examen au Parlement, prévu avant la fin de semaine.

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