Agnès Buzyn a défendu sa gestion de la crise due au coronavirus devant les députés – Le Monde
C’était sans doute l’audition la plus attendue par les députés qui cherchent à comprendre, depuis le 16 juin, si l’Etat était prêt à affronter la pandémie de Covid-19 et s’il l’a bien gérée. Pendant plus de quatre heures, mardi 30 juin au soir, l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzyn, a pu livrer sa version des faits devant la commission d’enquête réunie dans les sous-sols de l’Assemblée nationale. La candidate La République en marche (LRM) aux élections municipales à Paris, qui a subi dimanche soir une humiliante défaite, est apparue émue et sur la défensive, se perdant souvent dans ses notes. « Vous ne pouvez pas dire que je n’ai pas anticipé », a-t-elle répété, la voix blanche, parfois près de se casser.
Devant des députés souvent sceptiques, l’ex-ministre a détaillé la généalogie de sa prise de conscience « précoce » du « danger ». C’est « par hasard » sur Twitter qu’elle tombe, fin décembre, sur un blog en anglais évoquant l’apparition d’une mystérieuse pneumonie. Quand la Chine annonce un premier décès, « autour du 11 janvier », elle décide d’en informer Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Mais le vrai « tournant » se situe, selon elle, le 22 janvier, quand l’OMS confirme la transmission interhumaine de ce virus, apparu sur un marché aux animaux de Wuhan, en Chine. Deux jours plus tard, quand sont diagnostiqués les premiers cas français, elle comprend que « quelque chose de grave » est en train de se passer.
« Le lendemain, je mets en branle tout le système sanitaire français », assure-t-elle, en détaillant ses « décisions multiples », dont un état des lieux dans chaque région du nombre de lits en réanimation, de respirateurs et de masques dans les hôpitaux. Sa première conférence de presse est organisée le 21 janvier pour « alerter les Français ». « Je pense être la seule ministre de la santé européenne à avoir pris la décision de faire une conférence de presse aussi tôt », a-t-elle fait valoir avec insistance.
« Mauvaise surprise »
Selon elle, c’est son « intuition » de médecin qui la guide, alors que l’OMS ne déclare l’urgence de santé publique que le 30 janvier. Encore un « pressentiment », assure-t-elle, quand ce même jour, dans une « discussion de salon » tenue en marge d’une réunion consacrée aux retraites, elle dit au premier ministre, candidat au Havre : « Si cette épidémie arrive en Europe (…), les élections [municipales] ne pourront pas se tenir. »
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