Afghanistan : Amrullah Saleh, chef des derniers résistants aux talibans, propose de négocier sous conditions – Le Monde

L’ex-premier vice-président afghan, Amrullah Saleh, a pris la tête des derniers résistants au pouvoir taliban, lequel vient de prendre le contrôle de la quasi-totalité de l’Afghanistan. Réfugié dans la vallée du Panchir (nord-est du pays), là où l’ex-commandant Massoud a résisté aux talibans, entre 1996 et 2001, lorsque ces derniers dirigeaient le pays, M. Saleh s’exprime pour la première fois depuis la chute de Kaboul, le 15 août, et la fuite aux Emirats arabes unis du président, Ashraf Ghani.

Dans un message audio transmis au Monde, il assure, notamment, être prêt à négocier avec le nouveau régime et abandonner l’affrontement armé, à la condition que le peuple afghan ait « son mot à dire sur le type d’Etat » qui présidera au destin du pays. Il ne précise cependant pas ce qu’il attend des nouveaux maîtres de Kaboul en matière de participation des Afghans aux choix politiques et institutionnels. Les talibans ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils entendaient appliquer la charia et qu’ils mettraient en place un gouvernement de Dieu et non du peuple.

Amrullah Saleh a rejoint les derniers fidèles d’Ahmad Chah Massoud, fils du commandant Massoud, tué par Al-Qaida en 2001, dans le Panchir. Cette vallée est aujourd’hui entourée par les combattants talibans et coupée de toutes voies d’approvisionnement et de soutien international. Si, dans son message, il assure qu’il n’y aura de leur part « aucune reddition » ni « aucune déclaration d’allégeance », cette intervention ressemble aussi, à certains égards, à un baroud d’honneur et à une main tendue faute de pouvoir réellement s’opposer militairement.

Lire aussi : Vingt ans après leur chute, les talibans reprennent Kaboul sans combat

Dernier carré de résistants

Dôtés d’un armement et d’un nombre de troupes limités, ce carré de résistants est le dernier à continuer de refuser la défaite. L’armée régulière et l’ensemble des forces de sécurité se sont brutalement écroulées en moins de quarante-cinq jours, à partir du moment où les Etats-Unis avaient, de fait, achevé le retrait de leurs soldats du pays. Même si, officiellement, le président américain, Joe Biden, avait fixé au 31 août la date du départ de ses forces, les talibans n’avaient, au début de juillet, plus d’autres obstacles que l’armée afghane.

Il est apparu que l’état et la détermination des forces afghanes avaient été largement surévalués. Leurs effectifs, estimés à près de 300 000 personnes, cachaient une institution démotivée par des pertes et des désertions importantes. Des unités entières se sont rendues ou ont fui faute de renforts et de moyens pour combattre. Le régime de Kaboul a été incapable d’assurer la mise en place de lignes logistiques opérationnelles.

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