Affaire Reiser | Le corps retrouvé en forêt de Grendelbruch pourrait être celui de Sophie Le Tan, des expertises sont en cours – DNA – Dernières Nouvelles d’Alsace

La science n’est pas encore venue confirmer ce que tous les enquêteurs pressentent. Tant que les analyses ADN n’ont pas parlé, il y a lieu de rester prudent. Mais un faisceau d’indices converge vers cette terrible issue que les proches de Sophie Le Tan redoutaient depuis plus de treize mois, autant qu’ils l’attendaient pour pouvoir entamer leur travail de deuil.

Mercredi, un gendarme qui n’était pas en service et qui allait cueillir des champignons a trouvé des restes humains dans la forêt sur les hauteurs de Grendelbruch, une commune située sur un versant des Vosges, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Strasbourg. Le promeneur a découvert un tronc de femme dont la tête portait une natte. À proximité immédiate de la dépouille se trouvaient des parties de membres vraisemblablement coupés à la scie.

Un légiste de l’institut de médecine légale (IML) de Strasbourg s’est rendu sur les lieux peu après la découverte du corps. « Une enquête pour rechercher les causes de la mort est ouverte », indique le procureur de Saverne Philippe Vannier, en précisant que les restes ne sont pour l’heure pas identifiés. Une autopsie doit être pratiquée ce vendredi à l’IML pour tenter de déterminer les causes et la date du décès.

Le téléphone de Jean-Marc Reiser avait borné dans la vallée de la Bruche

Les fonctionnaires de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Strasbourg, qui avaient déployé des moyens considérables pour retrouver Sophie Le Tan durant tout l’automne 2018, avaient notamment ciblé le secteur de la vallée de la Bruche, et en particulier les forêts dépendant des communes de Mollkirch et de Grendelbruch. Car le téléphone portable de Jean-Marc Reiser avait borné dans le secteur les jours suivants la disparition de l’étudiante originaire de Cernay.

Les enquêteurs ont toujours pensé que ce fils de garde-forestier, qui connaît les Vosges comme sa poche, avait pu se débarrasser de la victime dans un bois. Les recherches intensives menées avec l’aide de chiens et même d’un hélicoptère n’avaient cependant jamais permis de localiser le corps de la jeune femme.

Des battues citoyennes avaient également été organisées dans cette partie escarpée du Bas-Rhin, notamment le 20 octobre 2018 à Mollkirch, à l’initiative d’un collectif constitué pour retrouver Sophie Le Tan, et qui a par la suite pris le nom d’Icared (Initiative citoyenne d’aide et de recherche lors d’enlèvement ou de disparition). Au printemps 2019, des volontaires avaient encore ratissé les sentiers forestiers de la vallée de la Bruche.

Le quinquagénaire continue de nier

Depuis sa mise en examen et son placement en détention provisoire le 17 septembre 2018 des chefs d’assassinat, enlèvement et séquestration, Jean-Marc Reiser a été à plusieurs reprises entendu par la juge d’instruction strasbourgeoise Eliette Roux. Mais jamais, lors de ces interrogatoires fleuve, le quinquagénaire n’a admis être à l’origine de la mort de Sophie Le Tan. Le sang de la jeune femme a pourtant été retrouvé en divers endroits de son studio de la rue Perle à Schiltigheim, en particulier dans la salle de bains, sur le linoléum de son appartement, sur le manche d’une scie saisie dans sa cave ainsi que sur des vêtements.

Quand la science aura accompli son office, l’homme, qui a déjà été condamné au début des années 2000 à quinze ans de réclusion pour des viols, devrait à nouveau être convoqué par le juge d’instruction.

“La plus grande prudence est requise dans l’attente du résultat d’investigations complémentaires”, précise le parquet de Saverne

Le procureur de la République de Saverne* s’est exprimé ce vendredi en fin d’après-midi par le biais d’un communiqué :

” Des restes humains non identifiés ont été découverts le 23 octobre 2019 dans la région de Rosheim. Le parquet de Saverne a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort confiée conjointement à la direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg et à la section de recherches de la gendarmerie de Strasbourg.

Les élément recueillis ont conduit les enquêteurs à envisager qu’il s’agisse du corps de Sophie Le Tan, dont l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat font l’objet d’une information judiciaire suivie par un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Strasbourg.

En l’état, cette hypothèse de travail n’est pas confirmée et la plus grande prudence est requise dans l’attente du résultat d’investigations complémentaires.

* Le lieu de découverte du corps (forêt de Grendelbruch) se trouve dans le ressort du TGI de Saverne.

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