Affaire Navalny : Macron dénonce une « tentative d’assassinat » et demande à Poutine une « clarification » – Le Monde

Alexeï Navalny à Moscou, le 26 décembre 2019.

« Une clarification est nécessaire de la part de la Russie dans le cadre d’une enquête crédible et transparente. » Le président français, Emmanuel Macron, s’est entretenu lundi 14 septembre au matin avec son homologue russe, Vladimir Poutine, et lui a demandé que « toute la lumière soit faite, sans délai » sur l’« empoisonnement » de l’opposant russe Alexeï Navalny, qu’il qualifie de « tentative d’assassinat », a annoncé l’Elysée dans un communiqué.

Le chef de l’Etat a précisé que « la France partage, sur la base de ses propres analyses, les conclusions de plusieurs de ses partenaires européens sur les faits d’empoisonnement à l’aide d’un agent neurotoxique Novitchok ». Jusqu’ici, la France s’était exprimée sur cette affaire dans le cadre du G7 et de l’Union européenne par la voix du ministère des affaires étrangères.

Plus tôt dans la journée, des laboratoires français et suédois avaient confirmé que M. Navalny avait bien été victime d’un agent neurotoxique de type Novitchok. « Trois laboratoires ont à présent fourni de manière indépendante la preuve qu’un agent neurotoxique du groupe Novitchok est la cause de l’empoisonnement de M. Navalny », a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.

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L’utilisation de Novitchok « constitue une grave violation de la convention sur les armes chimiques », a rappelé en outre le porte-parole. Berlin a « donc sollicité l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC] pour l’analyse des preuves dans l’affaire Navalny », ajoute M. Seibert, précisant que la convention sur les armes chimiques prévoyait notamment « pour tous les Etats signataires de recevoir une assistance technique de l’OIAC ».

L’OIAC a ainsi « prélevé des échantillons de M. Navalny et a pris les mesures nécessaires pour les faire analyser par les laboratoires de référence de l’OIAC », a précisé M. Seibert. « Nous renouvelons l’appel lancé à la Russie pour qu’elle apporte des éclaircissements à ce qu’il s’est passé », a prévenu le porte-parole, ajoutant être « en contact étroit avec nos partenaires européens au sujet des prochaines étapes ».

Tests dans un laboratoire de l’armée allemande

En Suède, c’est le laboratoire spécialisé dans les substances hautement toxiques de l’Agence suédoise de la recherche sur la défense, basé à Umea, qui a analysé les échantillons. Outre la Russie, « il est peu probable qu’un autre pays signataire de la convention [sur l’interdiction des armes chimiques] puisse obtenir » cet agent neurotoxique, a commenté Asa Scott, chef de division pour la défense et la sécurité au sein de cette agence.

Dès le 3 septembre, Berlin avait déclaré que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l’armée allemande avaient apporté des « preuves sans équivoque » d’empoisonnement par une molécule de la classe des inhibiteurs de la cholinestérase, à laquelle appartient le Novitchok, agent neurotoxique militaire mis au point par l’Union soviétique.

Alexeï Navalny qui est hospitalisé en Allemagne depuis le 22 août est sorti du coma artificiel et son état de santé s’améliore, a annoncé, le 7 septembre, l’hôpital berlinois où il est soigné. Selon ses partisans, il a été empoisonné le 20 août alors qu’il était en Sibérie pour achever des enquêtes sur la corruption des autorités à l’approche d’élections locales prévues le 13 septembre.

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Dénégations de Moscou

La Russie a demandé que Berlin remette l’ensemble de son dossier sur l’opposant, notamment les analyses du laboratoire de l’armée. Les autorités russes, qui estiment que les accusations dirigées contre elles sont « inapropriées », affirment que leurs propres analyses, effectuées lors de l’hospitalisation de M. Navalny à Omsk, n’avaient révélé aucune substance toxique.

La police russe a aussi annoncé, vendredi, vouloir interroger l’opposant en Allemagne. Le département des transports du ministère de l’intérieur russe a annoncé qu’il allait demander à l’Allemagne que « des enquêteurs russes puissent assister aux activités des enquêteurs allemands » avec l’opposant russe et lui « poser des questions ».

Le Monde avec AFP et Reuters

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