Affaire Maëlys : « Vos mensonges, on en a marre »… La sœur de Maëlys tente (en vain) de faire craquer Nordahl Lelandais – 20 Minutes

A la cour d’assises de l’Isère,

C’est ce qu’on appelle un instant d’audience. Quelques minutes qui auraient pu (une nouvelle fois) faire basculer le procès de Nordahl Lelandais. « Vos mensonges, on en a marre. » À la barre, Colleen de Araujo, 16 ans. La jeune fille prend son courage à deux mains et se tourne face au box dans lequel se trouve l’accusé, jugé depuis six jours par la cour d’assises de l’Isère pour le meurtre de sa petite sœur, Maëlys, en août 2017. Cheveux châtains, haut rouge et gilet noir, elle fixe l’ancien maître-chien militaire de 38 ans et le presse de répondre à ses questions « maintenant ». « Regardez-moi dans les yeux et dites-moi ce qui vous empêchait de dire où était Maëlys durant des mois ? » « Ça a été très compliqué ce que j’avais fait », répond-il, penaud. A-t-il abusé de la fillette avant de la tuer ? « Non, je n’ai pas violé votre sœur. »

Des réponses loin de satisfaire l’adolescente. « En fait, c’est vous le déchet », lui lance-t-elle. « Vous avez eu plein d’occasions de dire la vérité, vous n’avez pensé qu’à vous ». « Ayez ce courage et cette dignité comme j’ai moi de vous parler », poursuit-elle. « La vérité, j’ai essayé de l’expliquer à plusieurs reprises, personne ne m’a cru », reprend l’accusé, cheveux courts grisonnant, pull clair. Avant d’ajouter, embarrassé : « Ça a été compliqué d’expliquer pourquoi j’avais ôté la vie à votre petite sœur. Aujourd’hui j’entends votre douleur. » Il s’assoit, muré dans le silence. « C’est dommage », souffle la jeune fille. C’était le moment ou jamais. Nordahl Lelandais n’a pas craqué. Il ne craquera pas.

« Il nous a tout brisés, il a tout foutu en l’air »

« Vous avez commis l’inacceptable et c’est à nous de subir les conséquences », ajoute l’adolescente qui, depuis le décès de sa petite sœur, se sent « seule, vraiment seule ». « C’était une petite fille super, il a tout gâché. » L’affaire a fait éclater la cellule familiale en mille morceaux. Le couple que formaient les parents de la fillette n’a pas tenu. « On s’est séparées avec son papa. C’était trop lourd au quotidien. J’avais l’impression de voir Maëlys partout dans la maison », raconte à la barre Jennifer, la mère de la fillette. « Quand Maëlys a été tuée, le clan s’est brisé », reprend-elle. « Tout nous rappelait Maëlys, cette absence était insupportable ». Puis, jetant un regard en direction du box, elle dit au sujet de l’accusé : « Il nous a tout brisés, il a tout foutu en l’air. »

Une nuit, Jennifer a rêvé de Maëlys qui lui disait : « il m’a violée, il m’a violée maman ». Elle s’était réveillée en sursaut. La question la hante d’autant plus que Nordahl Lelandais est aussi accusé d’avoir agressé sexuellement deux petites-cousines. Des faits pour lesquels il comparaît également devant la cour d’assises. Il s’était filmé en train de caresser les parties intimes de ces enfants de 4 et 6 ans avec son doigt. Les vidéos ont été retrouvées au cours de l’enquête dans son téléphone et projetées à la cour ce lundi. Si l’accusé reconnaît avoir éprouvé pour elles des penchants « pédophiles », il affirme une nouvelle fois qu’il « n’y avait pas d’aspect sexuel avec Maëlys ». « Il n’y a pas eu d’envie sexuelle avec elle. »

« Joachim a perdu 25 kg »

Quant au père de Maëlys, Joachim, il se décrit comme un « papa perdu en mer, comme porté par les vagues, qui tente de sortir la tête de l’eau. ». Il a posé devant lui un portrait de sa fille et veut lire une lettre qu’il lui a adressée. « Je suis un papa qui souffre depuis ton enlèvement. Il n’y a pas un jour sans que je ne pense à cette fameuse nuit. » « Joachim a perdu 25 kg », observe son ami qui le connaît depuis trente ans, venu témoigner. « Il a du mal à se concentrer, il y a une certaine nostalgie qui revient de temps en temps. » « Parfois », il est « inquiet » lui. La sœur de Joachim résume le drame qui s’est noué dans l’intimité. « A un moment, on ne savait plus comment communiquer parce que notre peine était trop difficile, parce qu’on n’arrivait pas à dire qu’on souffrait trop, parce que c’était indécent. »

Le procès se poursuit jusqu’au 18 février. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Suivez la suite de ce procès sur le compte Twitter de notre journaliste@TiboChevillard

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