Affaire Maëlys. Procès de Nordahl Lelandais : “Au moment où je donne des coups, j’ai l’intention de la … – Le Dauphiné Libéré

Douzième journée du procès de Nordahl Lelandais : ce qu’il faut retenir de la matinée

Pour la deuxième journée consécutive, le profil psychologique de Nordahl Lelandais est au cœur des débats.

Ce mardi 15 février, l’audience s’est ainsi ouverte avec le témoignage d’un médecin psychiatre qui était intervenu dans le cadre de l’affaire Arthur Noyer. Il était le premier à avoir rencontré l’accusé. Interrogé sur la personnalité de Lelandais, l’expert a décrit un homme responsable de ses actes, présentant un risque de récidive « extrêmement inquiétant ».  

Questionné sur les penchants pédophiles de Nordahl Lelandais, l’expert estime que les deux faits d’agressions sexuelles sur ses petites cousines « suffiraient à le qualifier de pédophile ».

Selon lui, il n’y a ni trouble délirant, ni schizophrénie, ni hallucination chez l’accusé.

Invité à se lever en fin d’audience ce matin, Lelandais a une nouvelle fois reconnu avoir donné des coups à Maëlys avec « l’intention de la tuer ».

VIDÉO. Pour Me Boguet, avocat du papa de Maëlys, « Nordahl Lelandais est capable de simuler, de manipuler »

13h53  : L’audience est suspendue

Elle reprendra à 15h.

13h52  : « Je vais accompagner cette colère qui est en moi pour en faire quelque chose, la comprendre et l’apaiser », promet Lelandais

Le psychiatre veut poser une question à Nordahl Lelandais : « Qu’est ce qu’il met en place pour ne pas récidiver ? »

– Lelandais : Des lectures sur le dharma, l’enseignement du bouddhisme pour la colère, transformer son énergie en sagesse. Le but c’est de dire ‘Je suis en colère, je vais prendre soin de cette colère.’ Je vais accompagner cette colère qui est en moi pour en faire quelque chose, la comprendre et l’apaiser. Qu’elle soit maîtrisée. »

13h50  :

La présidente demande à Lelandais de se lever.

– La présidente : « Est-ce que vous avez quelque chose à dire ? »

– Lelandais : « J’ai très bien écouté et entendu ce que le docteur a dit et je vais beaucoup me pencher sur reprendre depuis le début, entre guillemets déconstruire et reconstruire ».

– La présidente : « M. Lelandais, vendredi soir vous avez reconnu avoir tué volontairement Arthur Noyer et également la petite Maëlys ? Vous avez également reconnu avoir enlevé Maëlys, alors pourquoi ? »

– Lelandais : « Je ne comprenais pas le terme d’enlèvement, que le fait de soustraire une enfant à ses parents, c’était un enlèvement. »

– La présidente : « Pourquoi avoir enlevé Maëlys, la soustraire à ses parents à 2h45 ? Pourquoi l’emmener dans votre voiture ? C’est pour la tuer ? »

– Lelandais : « Non, pas du tout. Je l’emmène pas pour la tuer. »

– La présidente : « Alors pourquoi ? »

– Lelandais : « Elle est montée dans ma voiture pour aller voir mes chiens et c’est pour ça que je ne comprends pas le terme d’enlèvement, mais je ne l’ai pas enlevée volontairement… Mme la présidente, ma réponse ne vous plait pas. »

– La présidente : « Ce n’est pas qu’elle ne me plaît pas, elle interroge et elle désole aussi. Vous avez reconnu l’avoir tuée volontairement, pourquoi ? »

– Lelandais : « C’est un moment inexplicable. Je reconnais que mes coups sont volontaires. »

– La présidente : « Vous avez reconnu l’avoir tuée volontairement ? »

– Lelandais : « Au moment où je donne des coups, j’ai l’intention de la tuer oui. Au moment où je tourne la tête, je vois le visage d’Arthur Noyer et j’ai une peur qui m’envahit et j’ai envie que ça s’arrête. » 

– La présidente : « Et après la mort de Maëlys, vous ressentez quoi ? » 

– Lelandais : « Je suis dans une incompréhension totale. Je ne sais plus s’il fait jour ou nuit, quelle heure il est, où je suis. Je ne sais pas ce qu’il se passe à ce moment-là. »

– La présidente : « Pourtant vous allez être très rationnel derrière ? »

– Lelandais : « Ensuite oui je retourne au mariage, je me rends compte de ce que j’ai fait. »

– La présidente : « Lorsque vous allez rechercher le corps et que vous allez l’abandonner dans la forêt qu’est ce que vous ressentez ? »

– Lelandais : « Ça c’est très compliqué, il y a beaucoup de choses, de la honte, de la culpabilité j’en ai aussi, mais je suis incapable d’appeler les secours. Je suis incapable de faire quelque chose de rationnel et du coup je fais n’importe quoi. Je sais encore un fois que je ne suis pas cru mais c’est la vérité. Je n’utilise peut-être pas les bons mots. Je sais que ça peut heurter. »

13h30  : Le bon comportement de Lelandais en détentions, « un des éléments qui peut être positif »

– Me Jakubowicz : « Dernier point sur le problème de la dangerosité. Vous l’avez dit, votre rapport date de 2018. Et vous dites que son comportement en détention peut-être un élément favorable en fonction de comment il est… Il n’a pas eu de rapport d’incident en détention, rien n’a été relevé. Il y a eu seulement l’utilisation d’un téléphone très récemment. Est-ce qu’on peut considérer qu’il n’y a pas là un petit élément de lumière ? »

– L’expert : « Effectivement, c’est un des éléments qui peut être positif, comme le fait qu’il garde de bons contacts avec sa famille. Après il faut regarder les éléments psychopathologiques de sa personnalité, notamment les mécanismes de défense. »

13h15 : « Il faut qu’il fasse un travail important. Et il me semble que d’après les déclarations des uns et des autres ce n’est pas le cas pour l’instant »

– Me Jakubowicz sur la dangerosité de Nordahl Lelandais : « Si je vous dis qu’il a totalement arrêté de fumer en détention, bon la drogue je n’en parle même pas. Est-ce que le fait de prendre résolument cette décision, est-ce que c’est un élément positif ? »

– L’expert : « C’est peut-être pour plusieurs motivations, notamment pécuniaire. C’est aussi important qu’il ait une préservation de ses amis, de son cadre familial en détention. (…) Le risque addictif est important chez lui, lié à sa personnalité. Et c’est là où il faut qu’il l’entende que s’il veut évoluer, il faut qu’il fasse un travail important. Et il me semble que d’après les déclarations des uns et des autres ce n’est pas le cas pour l’instant. »

Les visiteurs attendant la pause du déjeuner, espérant pouvoir entrer dans la salle d’audience à la reprise. Beaucoup d’étudiants en psychologie viennent pour écouter les experts psychologues et psychiatres. Photo Le DL/Mona BLANCHET

13h07 : Me Jakubowicz revient sur un événement signalé par l’expert lorsque Lelandais est à l’UHSA

– Me Jakubowicz : « Pour montrer sa dangerosité, vous prenez l’exemple du jour où il est à l’UHSA, il sort de sa chambre, on lui dit de rentrer, il est pas content et il s’énerve. Est-ce que cet évènement en question n’est pas anodin ? »

– L’expert : « Lorsque j’ai analysé les dossiers de l’UHSA, j’ai essayé de faire ressortir les éléments qui pourraient aller dans le sens de la psychose. Je note aussi qu’il avait évoqué des faits de nature sexuelle en incarcération. Et je note aussi que quand il est dans un environnement moins cadré que la prison, à l’UHSA, il a des comportements de séduction, de manipulation et qu’il est plus intolérant à la frustration. Ce n’est pas pour l’enfoncer que je dis ça. »

12h51 : Pour l’expert, Lelandais était bien conscient lorsqu’il a commis ses crimes

– Me Jakubowicz : « À partir du moment où vous dites c’est un psychopathe, comment comprendre le fait qu’il n’y a pas de pas de pathologie particulière ? Vous dites qu’il fait tout ça en pleine conscience ? »

– L’expert : « Si vous voulez, il a un problème de trouble mental et c’est ce qui explique les faits et c’est ce qui explique sa façon de réagir après les faits. Mais la question c’est est-ce qu’au moment des faits Nordahl Lelandais était atteint d’un trouble psychique qui aurait pu atténuer son discernement, est-ce qu’il était conscient du caractère illicite de ses actes ? Est-ce que le trouble de la personnalité est de nature à altérer le contrôle de ses actes ? Et la réponse dans le cas de Nordahl Lelandais est “non”. Il sait ce qui est légal et illégal. Il le dit très bien puisqu’il ne voulait pas parler de la cocaïne car c’est interdit. »

VIDÉO. Qui est Me Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais  ?

Depuis le début de ce procès, Me Alain Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais, ne s’est jamais exprimé devant la presse, et ne devrait pas le faire avant le dernier jour, ce vendredi. Mais qui est ce ténor du barreau ? Stéphane Blezy, journaliste au Dauphiné Libéré, livre quelques grands moments de sa carrière.

12h37 : « Mes collègues retiennent les troubles comme dangerosité criminologique et moi comme psychiatrique, mais il n’y a pas de contradiction », assure l’expert

– Me Jakubowicz : Vous évacuez rapidement les éléments relatifs aux addictions et notamment la consommation chronique de cocaïne. Est-ce que c’est un élément qui peut rentrer en ligne de compte ?

– L’expert : « Il a un comportement particulier par rapport aux addictions, parce qu’il les utilisent pour s’excuser.  On sait que la consommation de cocaïne peut avoir un impact sur les actions du sujet. On peut exclure l’effet pathologique important des toxiques ingérés ce jour-là, car sinon il n’aurait pas pu être lucide à son retour au mariage. Donc il est pleinement responsable, il n’y a pas d’altération ou abolition. […] La drogue ou l’alcool ne peuvent pas expliquer les comportements qu’il a eu, ne serait ce que par le comportement qu’il a eu après et qui est très bien décrit par les témoins. »

– Me Jakubowicz : « Vous avez utilisé les termes psychopathes, personnalité pathologique, borderline et vous concluez à une très forte dangerosité psychiatrique, contrairement à vos confrères. Vos confrères considèrent qu’il y a une grande dangerosité criminologique, mais pas psychiatrique. Comment peut-on dire qu’il a une grande dangerosité psychiatrique, mais qu’en même temps il n’y a pas d’altération ? »

– L’expert : « Dans les pathologies on distingue les maladies mentales et les troubles de la personnalité. Mes collègues retiennent les troubles comme dangerosité criminologique et moi comme psychiatrique, mais il n’y a pas de contradiction. Nous sommes tous d’accord sur le fait que c’est sa personnalité pathologique qui est en cause. Sa personnalité telle qu’elle est, est un facteur de risque récidive criminologique. »

12h32 : Des raisons sur le passage à l’acte à 34 ans ? « C’est peut-être le fait que sa vie n’allait plus », avance l’expert

Me Jakubowicz sur le passage à l’acte à l’âge de 34 ans. « Pourquoi ? »

– L’expert : « Ce que je peux constater c’est que sur le plan judiciaire, les faits reprochés à M.Lelandais avant 2017 se sont pas de nature criminelle. C’est quelque chose que les psychiatres ne peuvent pas expliquer. Il y a des sujets qui à 40 et 50 ans, alors qu’ils étaient totalement insérés socialement, deviennent des criminels. Après on peut avoir des hypothèses et pour Nordahl Lelandais c’est peut-être le fait que sa vie n’allait plus. »

12h21 : Me Jakubowicz questionne l’expert psychiatre

– Me Jakubowicz  : « Nous avons une sorte de profusion d’experts dans ce dossier qui peut finir par nuire à la compréhension Nous essayons de comprendre l’incompréhensible en fait. Vous parlez de personnalité pathologique et dans un premier temps vous excluez l’état dissociatif ? »

– L’expert : « Dans mon rapport écrit et dans mon rapport oral, je retiens comme possible état dissociatif, ce qu’il s’est passé à l’UHSA, mais pas le reste. »

– Me Jakubowicz : « Hier, une psychologue illustrait particulièrement cet état dissociatif par précisément l’événement du premier moment où il parle lui d’hallucination, qui est le moment où il porte des coups à Maëlys et la tue… »

L’expert lit les déclarations de Nordahl Lelandais : « Elle m’a sautée dessus, c’est comme si j’étais à côté de moi-même, comme si un drone survolait ma voiture ».

– L’expert : « Ce qui ne va pas avec la dissociation, c’est son état après. Normalement vous avez après coup vous avez un complétement totalement incohérent, vous êtes complément perdu. Et la lecture du dossier ne permet par de retenir la dissociation. »

– Me Jakubowicz : « Est-ce qu’on peut dire qu’il peut y avoir deux lectures de cet épisode ? »

– L’expert : « Si on retenait la dissociation, cela signifie qu’il y a une dangerosité très importante, puisqu’il aurait des pulsions meurtrières très coercitives. […] Ce qui ne va pas avec cette hypothèse (la dissociation) c’est l’absence de mémoire dissociative. »

– Me Jakubowicz : « La personnalité clivée, c’est une personnalité qui est binaire avec du bon et du mauvais ? »

– L’expert : « C’est le fait de faire coïncider une facette très appréciable et une facette que vous voulez essayer de faire oublier. »

12h13 : L’avocat questionne l’expert sur les aveux de Lelandais vendredi dernier

– L’avocat général : « Vendredi dernier, il a avoué sobrement avoir tué Maëlys, qu’en pensez-vous ? »

– L’expert : « La question des aveux est toujours complexe. Mais si vous reconnaissez l’enlèvement, c’est dans quel but ? Pourquoi il reconnaît l’enlèvement ? Quel était son but d’emmener l’enfant avec lui ? C’est la question que j’aimerais lui poser. »

12h11 : L’avocat des associations de protection de l’enfance interroge l’expert

Me Crespin, avocat des associations de protection de l’enfance : « Dans votre expérience, est-ce que vous avez déjà vu des auteurs d’agression, notamment sur mineurs, qui ne reproduisent pas des actes dont ils auraient été victimes dans leur passé ? »

L’expert : « Ce qu’on sait, c’est que pour les infractions à caractère sexuel, la plupart des auteurs ont eux même été victimes. Mais c’est souvent parce qu’il n’y a pas eu de reconnaissance judiciaire ou familiale des faits. Par contre si vous avez été reconnu victime et que vous faites une thérapie, là le risque est minime. »

– Me Crespin : « Est-ce que M.Lelandais représente selon vous un auteur atypique ? »

– L’expert : « J’ai vu une centaine de criminels en France et en Suisse et ce qui m’a surpris, ce n’est pas tant l’horreur des faits car il y a toujours pire, mais c’est sa capacité à retomber sur ses pattes et ça c’est quelque chose de très étonnant et inhabituel. »

11h58  : « Le passage en mode avion (au moment de l’enlèvement) prouve qu’il sait très bien ce qu’il fait et qu’il est capable de contrôler ses actes »

– Me Boguet : « Je voudrais profiter de votre présence pour vous interroger sur des choses qui ont été dites à l’audience, notamment la notion de ‘féchitisme’. On s’est posé la question sur la soustraction volontaire de mèches de cheveux de la petite Maëlys. Là, il n’y a pas de stratégie d’évitement. Est-ce que vous pouvez nous éclairer par rapport à ça ? » 

– L’expert : « Le fétichisme, c’est réduire l’autre à un objet. Je n’ai pas été saisi là dessus, personnellement je ne peux pas en dire plus. »

– Me Boguet : « Si je vous disais qu’il a sans doute été confronté juste avant l’enlèvement à la mère de Maëlys. Je vous assure que cela m’interroge. Qu’est-ce qu’il faut y comprendre ? C’est assez glaçant dans mon esprit. »

– L’expert : « Ce qu’il dit, c’est que Maëlys voulait voir les chiens et il se contente de ce que dit Maëlys, c’est-à-dire que sa mère était d’accord. Il soustrait à la protection de ses enfants une enfant, sans vérifier que les parents sont au courant. »

– Me Boguet : « J’épure ma question. Maëlys est une personne vivante avec une mère, que Nordahl Lelandais rencontre avant. Et il est en capacité, après alors qu’il vient de tuer Maëlys, de tenir un discours à sa mère quand il revient au mariage ? »

– L’expert : « Il revient avec un aplomb étonnant sur le lieu où se situe la mère, qui ne lui est pas étrangère effectivement, mais je ne peux pas en dire plus. »

Me Boguet interroge l’expert sur la rationalité de Lelandais après les faits.

L’expert : « Quand vous tuez à coups de poing, vous devez entendre des cris et à minima le craquement des os. Lui il semblerait que ces réactions ne lui font rien. (…) Le passage en mode avion (au moment de l’enlèvement) prouve qu’il sait très bien ce qu’il fait et qu’il est capable de contrôler ses actes, qu’il n’est pas atteint d’abolition ou altération du discernement. »

11h42 : Le risque de récidive  ? « Je dois dire qu’il est dans un degré statistique extrêmement inquiétant »

Me Armel Juglard, collaborateur de Me Rajon, avocat de la mère de Maëlys, prend la parole. Il questionne l’expert sur le risque de récidive.

L’expert : « Il est au niveau de dangerosité au dernier degré possible, mais je dois dire que je ne tiens pas compte de la condamnation pour le meurtre d’Arthur Noyer puisque je l’ai rencontré avant. Je dois dire qu’il est dans un degré statistique extrêmement inquiétant. »

11h35 : L’audience reprend

Le Dr Blachère, expert psychiatre revient à la barre.

VIDÉO. Lors de la suspension de séance ce mardi matin, Me Boguet, conseil de Joachim de Araujo, estime que « les experts viennent nous dire que Nordahl Lelandais est dans le souci de toujours emmener son interlocuteur et d’adapter ses réponses par rapport aux éléments qu’on lui oppose » 

11h14  : L’audience est suspendue

Elle reprendra à 11h30 avec les questions à l’expert.

11h11 : « Quand il est en présence d’un corps nu d’enfant, il n’a pas ce fusible qui l’empêche d’agir »

La présidente revient sur la classification de Nordahl Lelandais comme pédophile.

– L’expert : « Il faut qu’il comprenne que quand il est en présence d’un corps nu d’enfant, il n’a pas ce fusible qui l’empêche d’agir. En tout cas, il a commis des infractions de nature criminelle en lien avec la pédophilie. »

– La présidente : « Sur la dangerosité, vous dites qu’il faut voir comment il a pu évoluer depuis qu’il est en détention ? »

– L’expert : « Le risque de récidive de Nordahl Lelandais au moment où je l’ai rencontré était de 58% sur 10 ans. Pour essayer d’avoir une approche plus individuelle, on peut prendre en compte les éléments sociologiques et les conduites addictives, le rapport au travail sont des facteurs de risque criminologique. Il faut un réel travail psychothérapeutique pour amender tous les facteurs de risque. »

10h59  : La présidente interroge le psychiatre sur la perversité de Lelandais

– L’expert : « Qu’est ce que la perversion ? Être capable de considérer l’autre comme un objet, soit dans un but utilitaire, soit à des fins perverses. La seule chose que l’on pourrait mettre en rapport avec la perversité chez Lelandais, c’est le manque de remords et l’absence de culpabilité après le décès de Noyer et la diffusion des ébats sexuels avec ses compagnes sans leur accord. »

10h56 : La présidente questionne l’expert sur le comportement de Lelandais lors de son hospitalisation

– La présidente : « Il avait quel comportement à l’UHSA ? »

– L’expert  : « À l’UHSA, il est beaucoup plus libre parce qu’il n’y a pas de sanction aussi. Lorsqu’il est moins regardé, il peut laisser plus libre cours à ces éléments de sa personnalité dysociale (dont fait partie son incapacité à la frustration). »

10h49 : Pour l’expert, les hallucinations de Lelandais sont « une invention »

La présidente : « Vous avez évoqué son passage à l’UHSA, son hospitalisation. Ce que je retiens c’est qu’il peut être dans la séduction avec les soignantes et que les hallucinations vont être évoquées pour la première fois le 25 février, et pour vous elles sont feintes ? »

– L’expert : « Nordahl Lelandais dit qu’il a des hallucinations, des voix et des visions, mais cela arrive tardivement dans son récit. Mais si il avait une schizophrénie, il aurait d’autres symptômes de cette pathologie. Il a vu beaucoup de médecins et aucun n’a repéré des phénomènes de ce type. Cela me paraît important à dire car c’est une invention du sujet. Et il a un tas d’éléments dans sa comportement qui ne correspondent pas à ce diagnostic ».

10h37 : La présidente demande à l’expert s’il s’accorde avec l’autre psychiatre qui disait avoir un pronostic « défavorable » pour Lelandais

L’expert : « On rencontre rarement des sujets qui ont des mécanismes de défense aussi efficace de Nordahl Lelandais. C’est à cause de cela que le pronostic serait extrêmement défavorable et il faudrait un travail là-dessus. Mais le travail en psychothérapie doit se faire sur son manque d’empathie et c’est un travail très long et compliqué. »

10h21  : « Un rapport très distant avec le travail »

– L’expert : « Il a un rapport très distant avec le travail. Ce n’est pas une valeur très importante pour lui. Au moment de l’affaire Maëlys, il est en arrêt après un accident du travail mais il n’est pas dans la logique de chercher ce qu’il va pouvoir faire après. »

La présidente pose une question sur l’armée.

– L’expert : « Comme sur tous les points, il essaye de se donner une belle image, dire ‘j’étais un bon soldat'”. En se basant sur les rapports de ses supérieurs à l’armée, le psychiatre note “qu’il a un problème de relation à l’homme et à la discipline. »

– La présidente : « Le fait que son travail de maître-chien, qui le passionne, peut expliquer son rapport au travail ? »

– L’expert : « Ce qui est intéressant c’est qu’il a voulu en faire son métier en dehors de l’armée, mais ça n’a pas marché. »

– La préisndete : « Une composante psychopathique dans sa personnalité ? »

– L’expert : « Oui, mais aujourd’hui on préfère utiliser le terme de dysocial, asocial. »

10h11  : « Rarissime que l’on retrouve une composante dysociale chez un sujet avec une enfance et adolescence aussi lisse »

– La présidente : « Vous pointez du doigt des infractions. Et effectivement en 1999 il va commettre des vols… »

– L’expert : « C’est rarissime que l’on retrouve une composante dysociale chez un sujet avec une enfance et adolescence aussi lisse. C’est pour cela qu’il faut chercher dans le dossier car il y a des éléments qui laissent penser qu’elle n’était pas si lisse. »

09h56  : La présidente questionne l’expert psychiatre et Lelandais

– La présidente : Il va vous parler de violences paternelles, qui n’ont jamais été évoquées par ailleurs…

– L’expert : Ce sont de propos transmis par les soignants que Nordahl Lelandais aurait tenu à l’UHSA.

La présidente demande à Nordahl Lelandais de s’expliquer sur ces propos rapportés.

– Lelandais : « Au niveau des violences je n’ai jamais parlé de martinet ou que l’on avait pas le droit de parler à table ou que je prenais des coups de ceinture. Des bagarres entre frères non, des chamailleries oui parce qu’on est assez proches. »

– La présidente : « Des corrections paternelles ? »

– Lelandais : « On a eu oui mais, pas de violences. Si j’avais eu des corrections violentes, bien sûr que je le dirais. »

– La présidente : « Qu’est-ce qui a pu vous marquer ou vous traumatiser pour reprendre vos propos ? »

– Lelandais : « Rien. Des punitions il y en a eu, mais pas de corrections. Dans la violence, je ne me reconnais pas du tout dans ces propos. »

09h55  : « Faire évoluer ce type de personnalité est très difficile »

« Il se met à l’abri de tout élément de nature émotionnelle. On peut s’étonner qu’après la mort de Noyer, il ait eu ce comportement extrêmement festif. Est-ce que c’est pertinent qu’il y ait une injonction de soins s’il est condamné ? La réponse est oui, au moins pour avoir un contrôle social et pour soigner les conduites addictives. »

« Faire évoluer ce type de personnalité est très difficile. Je ne l’ai pas revu en 2018 et je ne sais pas s’il y a eu des évolutions positives. »

09h48 : « On a un facteur de risque de récidive qui est extrêmement marqué sur le plan statistique »

« La question de la dangerosité est celle posée par les magistrats aux experts. Pour l’évaluer, on peut le faire de façon statistique. On utilise des grilles d’items et on va recueillir dans le dossier et dans nos observations des items qu’un sujet pourrait avoir et des signes qui pourraient lui permettre de passer à nouveau à l’acte. Les éléments psychopathique inquiétants : son absence d’empathie, la punition n’a aucun effet sur lui, les conduites addictives… On a un facteur de risque de récidive qui est extrêmement marqué sur le plan statistique. »

09h41 : « La question d’une pédophilie peut se poser »

« La question d’une pédophilie peut se poser. L’une des partenaires de Nordahl Lelandais avait fait la découverte d’un post-it sur lequel il y avait des mots clés qui renvoyaient vers des sites pédopornographiques. Il est mis en cause pour les agressions de ses petites cousines aussi, si je comprends. Ces deux faits suffiraient à le qualifier de pédophile au sens de la classification internationale. »

09h38 : « On retrouve trois types de troubles de la personnalité chez Nordahl Lelandais »

« On retrouve trois types de troubles de la personnalité chez Nordahl Lelandais. Une composante bordeline, une composante dysociale et une narcissique. Le trouble bordeline à mettre en lien avec une carence affective durant son enfance.
La composante dissociante concerne des sujets extrêmement impulsifs, violents, où les valeurs morales ne sont pas intégrés, personnalité très séductrice et peuvent agir car ils n’ont pas d’empathie. L’absence de capacité à percevoir les émotions des autres est quelque chose qui est mis en évidence dans le dossier. Chez M.Lelandais, il y a quelque chose d’hallucinant : quand il revient au mariage, il était le seul à savoir ce que l’enfant est devenue et il est capable d’être complétement hermétique à la souffrance des parents, des proches. Enfin, le trouble narcissique. Par exemple, il diffusait sur internet les vidéos de ses ébats avec ses compagnes sans leur accord. Il est capable d’utiliser l’autre comme un objet. »

« Les éléments des dossiers médicaux que j’ai, ne laisse pas penser à un trouble qui pourrait être psychotique. »

La maman de Maëlys a toujours un portrait de sa fille avec elle. En cette troisième semaine de procès, Jennifer Cleyet-Marrel a choisi une autre photo de Maëlys. Photo Le DL/Mona BLANCHET

09h28  : « Pour nous, il est pleinement responsable de ses actes »

« Lorsque que l’on a commis des actes et que l’on est sous l’emprise de la dissociation, on ne sait plus où on est, on a plus conscience de la réalité et après coup on est en état de sidération. Ces sujets là on un comportement qui n’est pas du tout adapté, or M.Lelandais, si il était dans un état de dissociation, il aurait été incapable d’avoir un comportement adapté après avoir commis les faits, notamment pour Maëlys. On peut éliminer l’hypothèse qu’il aurait été dans un état dissociatif ou un stress post-traumatique. » « On peut écarter l’hypothèse de faits commis dans un état psychopathique. Pour nous, il est pleinement responsable de ses actes. »

L’expert relate une scène à l’UHSA (Unité hospitalière spécialement aménagée ) où Nordahl Lelandais s’est levé dans la nuit et a écrit sur les murs de le chiffre 7 plusieurs fois et la phrase “Âmes enfants”. Il a été retrouvé hagard, assis sur une poubelle.

9h23  : « Il y a des éléments borderline dans sa personnalité »

Expert : “Sur sa capacité à se mettre en colère. À l’UHSA, il montre une propension à la colère et à l’agressivité. C’est quelque chose de visible dans le dossier. »

Nordahl Lelandais a décrit les faits concernant Maëlys au psychiatre alors que celui ci n’était pas saisi dans cette affaire.

« Il dit qu’il a déjà entendu des voix, il essaye de dire qu’il est schizophrène. Mais ce diagnostic ne tient pas car il a vu beaucoup de médecins et aucun ne retient cela. Cette idée est une affabulation. »

Expert : « Il pourrait présenter des dissociations traumatiques, il serait envahi de pulsions violentes. Il y a des éléments borderline dans sa personnalité. »

9h18  : « Un doute sur une enfance lisse et simple » de Lelandais

Expert : « Nous avons un doute dans la biographique de Nordahl Lelandais sur une enfance lisse et simple. Et ce doute, il ne le dit pas. Dès 1999, il est adolescent, il est mineur et il a déjà été mis en cause dans des affaires de vols et cela va à l’encontre d’une enfance lisse. Le passé traumatique vis à vis de violences parentales est possible, mais je ne peux pas l’affirmer. »

« Dès le début, son attitude à l’armée est douteuse. Il a du mal à s’adapter, même s’il a eu une médaille pour son passage en Guyane. Un rapport au travail complexe, avec une propension aux arrêts de travail très importante. Au moment de l’affaire Maëlys, il est d’ailleurs en arrêt de travail pour une lombalgie. »

9h11 : L’audience a débuté

Un nouvel expert à la barre. Il s’agit du docteur Patrick Blachère, médecin psychiatre.

Il est intervenu dans le cadre de l’affaire Noyer, à Chambéry. Il est le premier expert psychiatre à l’avoir vu.

09h05 : Me Boguet s’exprime avant le début de la douzième journée d’audience

Pour Me Boguet, avocat du papa de Maëlys, la première journée consacrée aux experts psychologues a permis de voir “que Nordahl Lelandais est une personnalité inquiétante. Il obéit au rythme de ses pulsions, qui sont pour l’essentiel d’origine sexuelles.”

VIDÉO. Avant que les plaidoiries ne débutent mercredi, Stéphane Blezy fait le point sur la journée de mardi où les derniers experts seront à la barre pour évoquer Nordahl Lelandais.

8h55 : Avocats et parties civiles arrivent au palais de justice de Grenoble

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6h10 : Les débats autour des expertises psychiatriques de Lelandais se poursuivent

Après une journée de lundi où experts psychologiques et psychiatriques ont défilé à la barre pour dévoiler leur conclusion sur la personnalité de Nordahl Lelandais, les débats autour du profil de l’accusé vont se poursuivre ce mardi 15 février.

Cinq nouveaux experts psychiatriques vont effectivement être entendus pour permettre à la cour de mieux cerner la psychologie de l’ancien maître-chien.

L’audience doit reprendre à 9 heures.

6h05  : Ce qu’il faut retenir de la onzième journée d’audience

Lundi 14 février, pour la onzième journée de procès, le profil psychologique de Nordahl Lelandais était au cœur des débats.

Hier, après que Lelandais a reconnu de nouveau « tous les faits » qui lui sont reprochés » en début d’audience, une psychologue qui s’est entretenue à plusieurs reprises avec l’accusé a été entendue. Interrogée tout au long de la matinée, celle-ci a décrit un homme “complexe”, narcissique, qui a “une appétence pour la sexualité” ainsi qu’un goût pour l’excitation et “une fascination pour le mal”.

Les débats autour de la psychologie de l’accusé se sont poursuivis au cours de l’après-midi avec le témoignage de deux autres experts.

Le premier, frappé « par l’intensité du regard, noir, intense, vide de tous sentiments » de Lelandais lors de leur première rencontre, considère que l’accusé relève de la “psychopathie”, et peut être catégorisé comme “pervers narcissique”. Des conclusions ardemment contestées par l’avocat de la défense Me Jakubowicz.

Un expert psychiatre s’est ensuite présenté à la barre. Selon lui, Nordahl Lelandais présente une “dangerosité criminologique du fait de la dimension perverse de sa personnalité ». Interrogé sur les penchants pédophiles de l’accusé, l’expert a un avis tranché : « Dès lors qu’il y a eu deux passages à l’acte on peut considérer qu’il y a un trouble pédophilique ».

Au sommaire du dossier

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