Affaire Griveaux : l’activiste russe Piotr Pavlenski arrêté, sa compagne placée en garde à vue – Le Parisien

En 24 heures, le calendrier judiciaire s’est accéléré pour l’homme présenté comme le « tombeur de Benjamin Griveaux ». Interpellé ce samedi après-midi à Paris pour une ancienne affaire de rixe alcoolisée, Piotr Pavlenski, activiste russe de 36 ans, est désormais dans le collimateur de la justice pour avoir diffusé des vidéos intimes attribuées à l’ex-candidat LREM à la mairie de Paris. Le parquet de Paris a officialisé l’ouverture d’une enquête pour « atteinte à la vie privée ». Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance à la personne.

Cette procédure découle d’une plainte contre X déposée quelques heures plus tôt par Benjamin Griveaux à la police judiciaire. « Nous espérons identifier la chaîne de responsabilités dans cette opération de déstabilisation politique », explique Me Richard Malka, l’avocat de l’ancien secrétaire d’Etat.

Réfugié politique depuis 2017

L’enquête va bien évidemment s’intéresser au rôle joué par Piotr Pavlenski. Réfugié politique depuis 2017 en France, activiste anti-Poutine rendu célèbre pour s’être cloué la peau des testicules devant le siège de l’ex-KGB en 2013, il avait dévoilé mercredi deux vidéos où, selon lui, on voit Benjamin Griveaux se livrer à du sexe solitaire.

Ces films compromettants avaient été publiés sur son site baptisé « pornpolitique » avant que celui-ci ne soit rendu inactif contre sa volonté. Ils proviendraient d’une discussion privée sur Facebook entre Benjamin Griveaux et une jeune femme en mai 2018. Par cette publication controversée, l’agitateur natif de Saint-Pétersbourg explique avoir voulu démontrer une prétendue hypocrisie de la part du candidat à la mairie de Paris, coupable, à ses yeux, de s’être drapé d’un « puritanisme » de façade en se mettant en scène avec sa famille durant la campagne.

VIDÉO. Retrait de Griveaux : qui est Piotr Pavlenski, l’homme qui a diffusé les vidéos ?

Surtout, les enquêteurs vont essayer d’identifier qui a fourni à l’activiste russe ces fameuses vidéos. Et, accessoirement, comprendre dans quel but : est-ce vraiment un acte politique ? Ou s’agit-il d’une vengeance personnelle, voire d’un coup monté ?

Sa compagne serait «l’interlocutrice » de Griveaux dans les vidéos

Selon des sources concordantes, l’interlocutrice de Benjamin Griveaux dans ces échanges privés n’est autre que la compagne actuelle de Piotr Pavlenski. Mais on ignore, à ce stade, si elle a transmis elle-même les vidéos intimes ou si elle a été victime d’un piratage informatique. En tout état de cause, elle n’aurait pas conservé d’animosité vis-à-vis de l’ancien secrétaire d’Etat. Le rôle de l’avocat Juan Branco, figure contestataire, interroge aussi. Celui-ci affirme n’avoir eu qu’un rôle de « conseiller juridique » dans la publication des films.

En parallèle de cette enquête, Piotr Pavlenski a été interpellé samedi après-midi à la sortie d’un hôtel du XVIe arrondissement alors qu’il se trouvait avec sa compagne. Placé en garde à vue pour « violences », a confirmé son avocate Marie-Alix Canu-Bernard, il est soupçonné d’avoir blessé légèrement deux personnes lors du réveillon du Nouvel an.

De source policière, les faits se sont déroulés à Paris, dans l’appartement d’une étudiante, où il avait été convié par Juan Branco. Pour un motif futile et sur fond d’alcoolisation, Pavlenski a une altercation avec un groupe de convives indésirables. Dans la cuisine, il se serait saisi d’un couteau et aurait reçu, dans la bagarre, une bouteille de champagne sur la tête. Lorsque les policiers débarquent, le trentenaire a disparu.

«On aurait dû l’interpeller avant»

Pavlenski faisait depuis l’objet d’une fiche de recherche. L’affaire étant mineure, les policiers n’ont pas fait preuve de zèle pour l’arrêter… Jusqu’à ce que son nom soit associé à l’affaire Griveaux. Une vaste opération de police a d’ailleurs été menée dès vendredi soir dans « un squat d’artistes » du XIXe arrondissement, où Pavlenski a ses habitudes. Mais celui-ci… était absent. Et les policiers sont repartis bredouilles.

« C’est vrai qu’on aurait dû l’interpeller avant, admet un cadre de la préfecture de police. Mais si on se met à interpeller sur-le-champ toutes les personnes recherchées pour ce type d’affaires, on ne fait rien d’autre ! » L’audition de l’artiste russe pour ces violences a basculé samedi soir en garde à vue dans l’enquête sur les vidéos intimes impliquant Benjamin Griveaux

Présente lors de la rixe, la compagne de l’artiste russe a été brièvement entendue comme témoin samedi soir dans le cadre de ce dossier. Elle a ensuite elle aussi été placée en garde à vue dans l’enquête sur les vidéos compromettantes. On ignore à ce stade quel serait son degré d’implication.

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