Affaire Grégory : l’annulation de la garde à vue de Murielle Bolle en 1984 a un « impact nul sur l’enquête » – Le Monde

Murielle Bolle, en 1985.

Murielle Bolle, en 1985. MARCEL MOCHET / AFP

Voilà un nouveau rebondissement dans l’affaire Grégory, qui n’en manque pas. Jeudi 16 janvier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a annulé la garde à vue de Murielle Bolle, l’une des pièces les plus discutées du dossier. C’est au cours de cet interrogatoire du 2 novembre 1984 que l’adolescente, alors âgée de 15 ans, avait accusé son beau-frère, Bernard Laroche, d’avoir enlevé le garçon de 4 ans. Le 16 octobre 1984, quelques heures après avoir disparu de la maison familiale, le fils de Jean-Marie et Christine Villemin, Grégory, avait été retrouvé mort, pieds et poings liés, dans les eaux de la Vologne, à Docelles (Vosges).

En février 2019, la Cour de cassation avait estimé que la garde à vue de Murielle Bolle avait été effectuée en application de dispositions « inconstitutionnelles » et avait chargé la cour d’appel de Paris de se prononcer sur son annulation.

Cette dernière n’a en revanche pas annulé les déclarations que l’adolescente avait faites aux gendarmes avant le début officiel de cette garde à vue, ni son interrogatoire devant le juge Jean-Michel Lambert, le 5 novembre 1984, lors duquel elle avait réitéré ses accusations contre Bernard Laroche. Deux jours plus tard, Murielle Bolle s’était rétractée en assurant avoir tenu cette version sous la contrainte et la menace des gendarmes. Depuis cette volte-face, elle a toujours clamé l’innocence de son beau-frère, libéré puis assassiné par son cousin, Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, en 1985.

« Une décision raisonnable »

Ce nouvel épisode marque-t-il pour autant un tournant dans l’affaire ? « Cette décision a une valeur symbolique, relativise Me Jean-Paul Teissonnière, l’avocat de Murielle Bolle. Les irrégularités lors de la garde à vue ont été sanctionnées aujourd’hui. Mais, en pratique, la portée est nulle puisque, garde à vue ou pas, la reconstitution a montré que les propos tenus par Murielle Bolle en 1984 ne correspondaient pas au déroulement des faits. »

« C’est une décision raisonnable, considère aussi Me François Saint-Pierre, l’avocat des parents de Grégory Villemin, avec d’autres arguments. On ne peut que se réjouir d’un renforcement de la protection pénale des mineurs. Mais cette décision n’annule pas les déclarations de Murielle Bolle comme simple témoin et celles faites lors de son audition devant le juge Lambert. En garde à vue, les gendarmes lui ont fait redire exactement ce qu’elle avait déclaré antérieurement dans les trois premières des six pages du PV [procès-verbal]. L’impact est donc nul sur l’enquête. »

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