Affaire Fillon: la droite dénonce un jugement «très sévère» – Le Figaro

Sous le choc. En apprenant lundi la condamnation de François Fillon à cinq ans de prison dont trois avec sursis, les élus LR ne trouvent pas les mots, dans un mélange de surprise, de tristesse et de réprobation. Il est l’heure du déjeuner quand les téléphones portables commencent à sonner. L’alerte de la condamnation s’affiche sur tous les écrans.

«Penser qu’il y a trois ans, il était au pinacle. Personne ne s’attendait à perdre. C’est dur humainement», confie un élu aux avant-postes de la campagne présidentielle, abasourdi par l’annonce. «C’est une condamnation lourde», ajoute-t-il hésitant à envoyer un message à l’ancien candidat de la droite.

Le couple Fillon a été reconnu coupable dans l’affaire des soupçons d’emplois fictifs. Cela s’est traduit par une peine de cinq ans de prison dont deux ferme pour l’ex-premier ministre, plus de 375.000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Aussitôt le jugement connu, plusieurs responsables des Républicains apportent publiquement leur «amitié» à François Fillon.

J’ai une pensée pour l’homme qui a porté les couleurs de la droite pendant cette campagne présidentielle, en faisant preuve de courage et de combativité

Damien Abad, le président du groupe LR à l’Assemblée

«Soutien amical à François Fillon. Stupéfait de la sévérité de la décision rendue par le tribunal correctionnel», a affirmé sur Twitter le président de LR Christian Jacob, «persuadé que l’appel permettra de faire la lumière sur la procédure, et notamment le rôle du PNF (le parquet national financier, NDLR)».

«J’ai une pensée pour l’homme qui a porté les couleurs de la droite pendant cette campagne présidentielle, en faisant preuve de courage et de combativité», exprime Damien Abad, le président du groupe LR à l’Assemblée. «Ce jugement de première instance est extrêmement sévère. Je suis vraiment attristée par une telle sévérité à l’égard d’un homme de qualité qui a donné une grande partie de sa vie à notre pays», réagit Annie Genevard, vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle aussi aux côtés de François Fillon pendant la campagne.

Climat de défiance

Proche de l’ancien premier ministre, Bruno Retailleau se montre très critique en prenant connaissance du jugement. «On ne peut pas s’empêcher de penser que la déflagration de cette condamnation est destinée à couvrir le bruit des révélations sur une procédure manifestement entièrement à charge», accuse le président du groupe LR au Sénat. Pour Retailleau, Fillon était non seulement condamné «avant le procès» mais il devait aussi être «reconnu absolument coupable». Une manière de renvoyer aux déclarations d’Éliane Houlette.

Devant la représentation nationale, mi-juin, l’ex-procureur du parquet national financier (PNF) avait évoqué – sous serment – «la pression du parquet général», sa tutelle hiérarchique. Des propos qui ont semé le trouble et installé un climat de défiance, lundi, à l’annonce du jugement. «C’est une condamnation terriblement lourde qui s’inscrit dans la continuité d’un scénario dont on connaissait l’issue», pointe ainsi le député LR des Alpes-Maritimes Éric Ciotti. «Sans se prononcer sur le fond de l’affaire», Nicolas Forissier, député de l’Indre, s’étonne lui aussi qu’un tel jugement ait été rendu en plein débat sur l’impartialité de la justice. C’est «extrêmement choquant et dur», indique-t-il pour un homme qui s’était mis au «service de la France». L’ex-président de l’Assemblée Bernard Accoyer juge lui aussi «très étonnant» que la cour n’ait pas choisi de «différer» son jugement compte tenu des «dernières révélations» de l’affaire Fillon.

«Fonder une peine aussi lourde sur un sujet aussi subjectif révèle, pour le moins, une très grande sévérité», poursuit le député LR d’Eure-et-Loir Olivier Marleix. «Au fond, le juge s’arroge le pouvoir de définir ce qu’un assistant parlementaire a le droit de faire, alors que ce choix appartient au député et à lui seul», affirme-t-il.

Proposition de loi

«C’est une enquête particulièrement troublante qui me fait poser des questions sur notre fonctionnement démocratique», indique la député LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, sur LCI. «La séparation des pouvoirs a été bafouée, la présomption d’innocence, le secret de l’instruction et tout le monde s’en est moqué. On doit se poser des questions sur le PNF. C’est important pour notre démocratie», insiste-t-elle en soutenant Éric Ciotti.

Dimanche, dans Le Journal du dimanche, le député a expliqué vouloir déposer une proposition de loi pour supprimer le PNF. «Ce parquet qui se voulait exceptionnel est devenu une juridiction d’exception», déclare-t-il en regrettant que la justice soit «aujourd’hui touchée par le poison du soupçon de la politisation.» Pour Éric Ciotti, «ce qu’ont subi François Fillon et Nicolas Sarkozy n’est pas conforme à l’idée qu’(il se fait) d’une justice équitable, totalement indépendante des pressions et du contexte politique».

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