Affaire Fillon : la défense demande la « réouverture » du procès – Le Monde

François Fillon et son épouse, Penelope, le 24 février 2020.

Les avocats de François Fillon ont demandé, mardi 23 juin, au tribunal correctionnel de Paris de rouvrir les débats du procès de l’ex-premier ministre, dont le jugement est attendu lundi 29 juin, après les récentes déclarations sur des « pressions » au cours de l’enquête, ont-ils annoncé à l’Agence France-Presse (AFP).

« Nous venons de saisir ce jour la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris d’une demande de réouverture des débats afin que les événements récents puissent être discutés entre toutes les parties », a annoncé la défense dans un communiqué.

Cette annonce des avocats de François Fillon, de son épouse, Penelope, et de l’ancien suppléant de François Fillon dans la Sarthe, Marc Joulaud, fait peser une incertitude majeure sur le rendu du jugement, prévu à 13 h 30 lundi prochain, dans cette affaire portant sur des soupçons d’emplois fictifs de Mme Fillon.

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« C’est un contrôle très étroit… »

L’ancienne cheffe du Parquet national financier (PNF) Eliane Houlette, à la retraite depuis 2019, s’est « lâchée » devant la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale sur « l’indépendance du pouvoir judiciaire », ainsi que l’a rapporté Le Point, jeudi 18 juin. Evoquant les « très, très nombreuses demandes » de sa supérieure, elle assure que le parquet général s’ingérait « au quotidien dans l’action publique ». Ces demandes étaient « d’un degré de précision ahurissant (…). Je les ai ressenties comme une énorme pression ».

D’après l’ancienne procureure, le parquet général, rattaché directement au ministère de la justice, exigeait des « remontées d’informations » le plus rapidement possible : « Les demandes de précisions, de chronologie généraletout ça à deux ou trois jours d’intervalle, les demandes d’éléments sur les auditions, les demandes de notes des conseils des mis en cause… Les rapports que j’ai adressés, je les ai relus (…). Il y a des rapports qui étaient circonstanciés, qui faisaient dix pages, précis, clairs, voilà », a déclaré Mme Houlette, allant jusqu’à glisser : « On ne peut que se poser des questions. C’est un contrôle très étroit… »

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Vendredi, Eliane Houlette a précisé que ces pressions ne portaient « pas sur les faits reprochés à M. Fillon ni sur le bien-fondé des poursuites », mais « étaient d’ordre purement procédural ». « M. Fillon n’a pas été mis en examen à la demande ou sous la pression du pouvoir exécutif », a-t-elle insisté. Ses premières déclarations ont toutefois déclenché une avalanche de réactions de politiques critiquant une instrumentalisation de la justice.

Et vendredi soir, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a saisi pour avis le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour « vérifier que le Parquet national financier a bien mené son enquête en toute sérénité, sans pression » de l’exécutif.

Lancée en pleine campagne présidentielle, l’enquête avait empoisonné la candidature à l’Elysée de François Fillon, battu au premier tour.

Affaire Fillon : Macron demande au Conseil supérieur de la magistrature de vérifier l’indépendance de l’enquête

Emmanuel Macron a décidé, vendredi 19 juin, de saisir pour avis le Conseil supérieur de la magistrature afin d’« analyser si le Parquet national financier a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression dans le cadre d’un dialogue normal et habituel avec le parquet général », lors de son enquête sur l’affaire Fillon.

L’Elysée réagit, ainsi, aux propos de l’ex-procureure financière, Eliane Houlette, qui s’était émue du « contrôle très étroit » qu’aurait exercé le parquet général dans la conduite des investigations lancées en pleine campagne présidentielle de 2017.

« Ces propos, qui ont suscité un émoi important, sont interprétés par certains comme révélant d’éventuelles pressions qui auraient pu être exercées sur la justice dans une procédure ouverte à un moment essentiel de notre vie démocratique », peut-on lire dans le communiqué de la présidence. Le chef de l’Etat veut « lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire ».

Le Monde avec AFP

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