Affaire Elodie Kulik : Un procès à Amiens sous haute tension – 20 Minutes

Willy Bardon,la tête recouverte d’une couverture, le 18 janvier 2013 à Amiens — Philippe Huguen AFP
  • Elodie Kulik, 24 ans, a été violée et étranglée en 2002 dans un terrain d’aviation désaffecté à Tertry (Somme). Son corps a ensuite été incendié.
  • Après la mort, en 2003, d’un des auteurs identifié par la justice grâce à des analyses ADN, Willy Bardon va être jugé seul aux assises pour enlèvement et séquestration suivi de mort.
  • Alors que l’affaire a secoué toute une région, le procès qui s’ouvre jeudi à Amiens risque de se dérouler dans une atmosphère électrique.

Jacky Kulik le sait. Alors que le procès de Willy Bardon, 45 ans, commence ce jeudi devant les assises de la Somme, le père d’Elodie pourra compter sur le soutien de « toute une région », traumatisée, comme lui, par le viol et le meurtre de la jeune femme de 24 ans, par une nuit glaciale de janvier 2002, près de Péronne où elle habitait. « Il est confiant dans la justice et attend de l’audience que la vérité judiciaire soit faite », confie Me Corinne Herrmann, l’un de ses avocats, décrivant cet homme abonné aux malheurs de la vie comme un « guerrier ». « Combatif » certes, mais « apaisé » à la veille de ce rendez-vous judiciaire attendu depuis presque 18 ans. La défense, elle, s’attend à un procès sous haute tension.

« Je suis inquiet du contexte local quand je lis les propos tenus sur le blog : “Que justice soit faite pour Elodie…” », souligne Me Stéphane Dacquo, l’un des avocats de l’accusé. Ce groupe Facebook, créé en 2011, compte près de 5.600 membres. Des proches de la jeune banquière, des anonymes. Ils partagent des articles évoquant cette affaire aux multiples rebondissements, des poèmes, des photos, des mots de soutien à l’adresse de Jacky Kulik. Certains comptent même l’accompagner aux audiences. Ce crime a choqué au-delà même des frontières de la Picardie car il est aussi barbare et sordide que la victime jolie et pleine de vie. Impensable qu’il reste impuni.

Appels à la violence

Grégory Wiart, l’un des auteurs des faits, a été confondu en 2012 après de nouvelles expertises de l’ ADN retrouvé sur le préservatif découvert à proximité du corps mutilé et calciné de la jeune femme. Mais il est mort en 2003 dans un accident de la circulation. Son ami du club de 4×4 sera donc le seul à comparaître devant la cour d’assises. Alors que le procès n’a pas encore commencé, de nombreux membres de ce groupe Facebook ont déjà rendu leur verdict : Willy Bardon est coupable. Peu importe que les éléments du dossier l’accusant soient fragiles, qu’il clame son innocence depuis sa mise en examen, en 2013. Et qu’il existe une possibilité qu’il soit acquitté.

Des messages postés sur un groupe Facebook
Des messages postés sur un groupe Facebook – capture d’écran Facebook

Si certains réclament déjà qu’il soit enfermé en prison pour le restant de ses jours, d’autres souhaitent à Willy Bardon le pire. « Il faut le massacrer et le laisser infirme !!! dépêchez vous ! il vous reste quelques heures !!!! », écrit dans les commentaires une certaine Nataly. « Tu vas voir, on va bien s’occuper de toi… », renchérit un autre membre du groupe. Des commentaires menaçants reflètant l’atmosphère électrique dans lequel va se dérouler le procès. L’accusé comparaissant libre après avoir passé un peu plus d’un an en détention provisoire, il croisera chaque jour, au tribunal d’ Amiens, les proches de la victime et leurs soutiens, sous l’œil vigilant des gendarmes.

Deux entrées au tribunal

Redoutant que certaines personnes soient tentées de rendre justice par elles-mêmes, ses avocats ont obtenu que l’accusé, qui a déménagé plusieurs fois dans la région depuis les faits et qui est désormais sans emploi, entre dans le tribunal par une entrée différente. Ils craignent aussi que le procès, qui sera largement médiatisé durant presque trois semaines, soit celui « de l’émotion, au détriment des preuves réelles ». Le verdict est attendu le mercredi 4 décembre 2019. Willy Bardon encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Suivez en direct le procès sur le compte Twitter de nos journalistes :  @vvantighem et  @tibochevillard

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