Affaire des fuites au 36 quai des Orfèvres : 19 personnes jugées à partir de lundi – Actu17

Les soupçons de fuites au sommet du “36” avaient fait scandale
en 2015 : l’ex-patron de la police judiciaire Bernard Petit est
jugé à partir de lundi avec 18 prévenus, dont “l’escroc des
stars”
Christophe Rocancourt, le fondateur du GIGN et un
ancien secrétaire d’État.

Ce dossier foisonnant à tiroirs, qui rassemble sur le banc des
prévenus des personnalités hétéroclites, grands flics, gardien de
la paix, homme politique, notaire ou restaurateurs, doit être
examiné par le tribunal correctionnel de Paris jusqu’au 5
octobre.

L’affaire trouve son origine dans un premier volet visant en
particulier Christophe Rocancourt, connu pour avoir arnaqué des
riches Américains dans les années 1990 à Hollywood et New York.
Loin du show-business et des escroqueries à millions, il est
notamment soupçonné d’avoir tenté au printemps 2014 avec son ancien
avocat Marcel Ceccaldi de faire régulariser, moyennant paiement,
deux Marocaines sans-papiers. Et ce, en sollicitant l’intervention
de l’ancien chef du GIGN Christian Prouteau et de l’ex-secrétaire
d’Etat Kofi Yamgnane.

C’est ce dossier, impliquant aussi la compagne de Christophe
Rocancourt et un notaire, qui a entraîné l’explosion d’une deuxième
affaire, mettant en cause celui qui était alors à la tête du
prestigieux 36 Quai des Orfèvres. Bernard Petit est soupçonné,
comme son chef de cabinet de l’époque Richard Atlan, d’avoir violé
le secret de l’instruction en renseignant Christian Prouteau, via
un intermédiaire, avant même sa garde à vue en octobre 2014.

La mise en examen, une première, et le limogeage immédiat par le
ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve le 6 février 2015 de
Bernard Petit, policier à l’image de droiture nommé 14 mois
auparavant, avait eu un écho retentissant. Il avait déjà succédé à
Christian Flaesch, écarté pour avoir prévenu un proche de
l’ex-président Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, d’une convocation
pour être entendu comme témoin.

En 2014, la police judiciaire parisienne avait en outre été
marquée par deux scandales : une plainte pour viol visant deux
policiers
dans les locaux du 36 et le vol dans les scellés de
52kg de cocaïne.

Soupçons de trafic d’influence

L’affaire a fait chuter un autre policier, l’influent Joaquin
Masanet, ancien syndicaliste retraité soupçonné d’avoir aidé à
transmettre ces bons tuyaux à Christian Prouteau. Par ricochet, les
investigations ont jeté la lumière sur des soupçons de
malversations massives au sein de l’association qu’il présidait,
l’Anas, en charge des œuvres sociales de la police.

Une série d’abus lui sont reprochés : interventions monnayées
dans des dossiers de titres de séjour, de permis de conduire ou de
contraventions, quelque 60 000 euros de frais de bouche fictifs
mais aussi la surfacturation de travaux à hauteur de 470 000 euros.
Son fils, deux restaurateurs, trois membres du personnel de l’Anas,
un entrepreneur et deux autres policiers sont poursuivis à des
degrés divers.

Longuement instruit, ce dossier a peiné à arriver au procès. Le
premier volet de trafic d’influence, disjoint, devait initialement
être jugé séparément mais, après deux faux départs en 2020 et 2021,
les trois volets ont été réunis.

Bernard Petit, 66 ans, est renvoyé devant le tribunal pour
révélation d’information sur une instruction à une personne
susceptible d’être impliquée et violation du secret de
l’instruction. Il sera présent lundi à la barre, a indiqué son
avocat Me Arthur Dethomas qui n’a pas souhaité s’exprimer avant
l’audience. Au cours de l’enquête, M. Petit a
“formellement” contesté avoir transmis une quelconque
information.

A 55 ans, Christophe Rocancourt est jugé pour trafic d’influence
et escroquerie notamment.

Soulignant l’ancienneté des faits, son avocat Me Jérôme
Boursican a déclaré que son client “travaille dans une maison
de production prestigieuse et s’expliquera volontiers sur des faits
très marginaux dans cette procédure qui, pour l’essentiel, ne le
concerne pas”
.

Poursuivis eux aussi pour trafic d’influence, Christian
Prouteau, 78 ans, et l’ex-secrétaire d’Etat à l’Intégration
(1991-1993) Kofi Yamgnane, 76 ans, se sont défendus pendant
l’instruction d’avoir été payés pour faire jouer leurs réseaux.

Joaquin Masanet, 69 ans, comparaîtra pour complicité d’entrave à
une enquête, trafic d’influence et abus de confiance aggravée
notamment. Il a nié avoir joué un rôle dans la transmission
d’informations confidentielles et avoir utilisé les moyens de
l’Anas à des fins personnelles.

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