Affaire Delphine Jubillar : zones d’ombre, enjeux… qu’attendre de la reconstitution du soir où tout a bascul – Midi Libre

Une reconstitution inédite de la nuit où l’infirmière a disparu est organisée ce mardi 13 décembre 2022 à Cagnac-les-Mines (Tarn). Les enquêteurs espèrent lever les dernières zones d’ombre de cette affaire qui dure depuis maintenant deux ans.

Va-t-on savoir ce qu’il s’est passé la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, date de la disparition de Delphine Jubillar, jeune infirmière et maman de deux enfants ? C’est tout l’enjeu de la reconstitution qui doit avoir lieu ce mercredi 13 décembre.

Et si les enquêteurs espèrent lever des zones d’ombre, cette reconstitution soulève déjà de nombreuses questions.

Déjà des remous sur la question des téléphones

Déjà puisque les téléphones portables seront interdits. Comme l’indique une mention dans la convocation reçue les protagonistes, aucun téléphone ne sera accepté sur place. “Nous vous informons que les téléphones de l’ensemble des participants ne seront pas admis dans le périmètre de sécurité”, est-il indiqué. Cette injonction vise à réduire le risque de fuites dans cette affaire déjà ultra-médiatisée.

Pierre Dunac, le bâtonnier de Toulouse, indique qu’en aucun cas “cette injonction ne peut concerner des avocats qui n’ont aucun lien de subordination avec les juges. Un avocat doit pouvoir être joignable à tout moment.”

“En règle générale, le juge d’instruction assure la police de l’acte qu’il diligente. Et s’agissant d’un tel dossier aussi médiatique, il n’y a rien de surprenant”, réagit le président de l’Union syndicale des magistrats, Ludovic Friat. 

Que va-t-il se passer ?

Ensuite puisqu’on ne sait pas trop ce qu’il va s’y passer. “Nous attendons que l’on nous explique enfin ce contre quoi on doit se défendre, de quoi est-on accusé. À l’issue de près de deux ans d’enquête, qu’est-ce que l’on nous reproche vraiment ? Cédric Jubillar y participera sans aucun doute, mais à la mesure des faits et gestes qui ont été les siens ce soir-là”, a ainsi déclaré Me Alary, l’avocat de Cédric Jubillar.

Ce dernier sera extrait de la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse, pour le confronter à un scénario du crime dans la maison située, rue Yves-Montand, à Cagnac-les-mines, où il vivait avec Delphine et leurs enfants.

C’est sûrement le déroulé des faits minute par minute qui sera reproduit lors de cette reconstitution. 

Quels enjeux ? 

Les enquêteurs vont confronter Cédric à ses déclarations mais pas seulement. Ils devront également mettre en avant le scénario de la dispute appuyé par le témoignage de l’un des deux enfants qui assure avoir vu ses parents se disputer ce soir-là.

La nuit du 15 au 16 décembre 2020, un conflit aurait en effet éclaté entre les deux époux alors en instance de divorce. Vers 23h, deux voisines affirmeront avoir entendu “des cris de femme”. Des éléments que réfute toujours Cédric Jubillar. Il affirme s’être couché vers 22h30 avant de mettre en charge son téléphone en mode avion.

Des zones d’ombre

Car la défense est certaine d’une chose Cédric Jubillar “aurait échafaudé cette disparition sur plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois et donc il aurait eu le temps de trouver le lieu parfait où cacher le corps”, explique maître Mourad Battikh, avocat de la famille de Delphine Jubillar à Franceinfo.

Et c’est bien le téléphone portable qui est au centre de l’enquête. Le smartphone de Cédric constitue en effet les seuls indices matériels de l’enquête. L’analyse de la couette tachée par des fluides et des lunettes cassées de Delphine n’ont rien donné de concluant.

Récemment, on a appris que les données du smartphone ne correspondaient pas aux différentes déclarations du principal suspect. D’après des documents confidentiels, les données du podomètre ne collent pas avec le récit de Cédric qui affirme être parti à la recherche de sa femme. Selon les relevés enregistrés, il n’aurait fait que 46 pas entre 3 h 53 et 4 heures. et seulement 255 pas entre 4 h et 5 h du matin dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.

Cédric s’est toutefois défendu expliquant qu’il n’avait pas son téléphone sur lui à ce moment-là. Des zones d’ombre persistent donc.

Téléphone éteint

Toujours selon les données du téléphone, il aurait visionné une vidéo du site de rencontre de Badoo, avant d’essayer d’appeler sa femme à plusieurs reprises et d’échanger une trentaine de textos avec une copine de sa femme, avant d’appeler les gendarmes pour annoncer la disparition de sa femme.

Il devra surtout au moment de la reconstitution expliquer pourquoi il a éteint son téléphone à deux reprises ce soir-là alors qu’il ne l’a pas fait de l’année entière.

Cette reconstitution pourrait marquer la dernière étape judiciaire du dossier. En détention depuis plus de dix-huit mois, le mari, Cédric Jubillar, principal suspect, nie toute implication dans la mystérieuse disparition de Delphine.

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