Affaire Benalla : une condamnation plus sévère que les réquisitions du parquet – Le Monde

« Vous aviez été investi d’un certain pouvoir, réel ou supposé, et vous avez trahi la confiance qui vous avait été faite. » La présidente de la 10chambre correctionnelle de Paris, Isabelle Prévost-Desprez, a assorti d’un ton sévère l’annonce du jugement de son tribunal dans l’affaire Benalla.

Le principal prévenu, Alexandre Benalla, est reconnu coupable des neufs chefs de prévention retenus à son endroit, principalement l’immixtion sans droit dans la fonction de policier, les violences volontaires commises à l’égard de plusieurs manifestants et du couple de la place de la Contrescarpe, le 1er mai 2018, dans la capitale, mais aussi le recel d’images issues des caméras de la Préfecture de police de Paris ainsi que le faux et l’usage de faux concernant les passeports diplomatiques obtenus par l’ancien chargé de mission à l’Elysée. Son avocate, Jacqueline Laffont, a annoncé après l’audience qu’il comptait faire appel de sa condamnation.

« Sentiment d’impunité »

Estimant que M. Benalla avait fait montre d’un « sentiment d’impunité et de toute-puissance », le tribunal a été bien au-delà des réquisitions du ministère public. Celui-ci avait demandé une peine de dix-huit mois de détention avec sursis. Affirmant que « seule une peine mixte est susceptible de marquer la gravité des faits », le tribunal condamne Alexandre Benalla à trois ans de détention dont un an ferme, qu’il pourra effectuer au domicile de sa mère, sous bracelet électronique. La présidente a noté à ce propos que M. Benalla avait fourni des « pièces fausses » au tribunal concernant son domicile et ses revenus. ll est également condamné à 500 euros d’amende, à une interdiction de fonction publique durant cinq ans et de port d’arme durant dix ans.

Dans son jugement, Mme Prévost-Desprez a relevé que, « bien loin de [sa] volonté de protéger l’institution », M. Benalla avait, à l’audience, « semé le doute sur les déclarations » de ses supérieurs et « mis en cause les déclarations des témoins », quand il ne donnait pas des explications « absurdes et irresponsables » concernant le selfie pris en marge de la campagne de 2017, sur lequel il tient à la main une arme à feu. Elle a également jugé que, en utilisant une lettre à en-tête de son supérieur à l’Elysée, François-Xavier Lauch, pour obtenir un passeport diplomatique, M. Benalla avait « franchi la ligne entre débrouillardise et infraction pénale ».

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Mais c’est sur les arrestations musclées commises lors du 1er mai 2018 par le chargé de mission que la présidente a été la plus sévère, fustigeant la « confusion des rôles et des fonctions » opérée par M. Benalla, qui a « jeté l’opprobre sur la fonction de policier ». Elle a fait montre de la même sévérité concernant l’usage par M. Benalla d’images issues des caméras de vidéosurveillance de la police. « Des hauts gradés ont dû violer le secret professionnel dans l’exclusif intérêt de votre défense médiatique », note-t-elle, non sans tacler, au passage, le fait que « les autorités à l’Elysée et à la Préfecture de police, connaissant vos agissements, n’ont pas signalé ceux-ci » jusqu’aux révélations du Monde qui ont fait éclater l’affaire.

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