Affaire Adama Traoré : de nouvelles investigations ordonnées sur le passé du jeune homme et celui des gendarmes – Le Monde

Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, le 22 juin 2020, à Stains (Seine-Saint-Denis), pour inaugurer une fresque en hommage au jeune homme.

Les juges d’instruction parisiens chargés de l’enquête sur la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes à Beaumont sur Oise, ont ordonné de nouvelles investigations centrées sur le passé du jeune homme et celui des gendarmes, a appris l’Agence France-Presse (AFP) vendredi 17 juillet, d’une source proche du dossier.

Les juges d’instruction ont accepté, dans une ordonnance, le 10 juillet, certaines demandes de MYassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré, notamment celles qui visent à joindre au dossier d’enquête l’ensemble des antécédents judiciaires d’Adama Traoré et des procédures dans lesquelles il a pu être impliqué.

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Les magistrats instructeurs demandent notamment que soient « mises en exergue » les procédures passées dans lesquelles Adama Traoré avait été mis en cause et dans lesquelles les gendarmes qui l’ont interpellé étaient intervenus, ce qui pourrait permettre d’établir s’il existait un contentieux entre eux.

Les trois juges d’instruction demandent également que soient produits les dossiers administratifs des trois gendarmes ainsi que leurs antécédents judiciaires.

Un « festival Adama » en souvenir du jeune homme

Ils ont, en revanche, refusé la reconstitution des faits, demandée de manière répétée par MBouzrou, expliquant qu’ils se prononceraient sur le sujet après le retour de la nouvelle expertise médicale, confiée à quatre médecins belges et attendue pour janvier 2021.

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Ils ont également refusé le dessaisissement de l’enquête de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) au profit de la brigade criminelle, comme cela était demandé par MBouzrou : l’IGGN se voit confier l’ensemble des nouvelles investigations, parmi lesquelles le travail d’identification de nouveaux témoins qui auraient pu assister à la première arrestation du jeune homme de 24 ans.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est mort dans la caserne des gendarmes de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), au terme d’une course-poursuite après qu’il eut échappé à une première interpellation.

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« Après quatre années d’inertie et des manifestations dénonçant le déni de justice les juges ont, depuis le rassemblement devant le Palais de justice du 2 juin 2020, ordonné seize actes d’investigation et une expertise médicale confiée à des médecins étrangers », souligne MBouzrou dans un communiqué. « Bien qu’il s’agisse d’une avancée positive pour le dossier, nous ne pouvons que déplorer le comportement des magistrats instructeurs et confirmer notre demande de récusation de ces derniers », ajoute-t-il.

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Une marche en souvenir du jeune homme est prévue samedi à Beaumont-sur-Oise. Elle est coorganisée pour la première fois par ses proches et des militants du mouvement pour le climat Alternatiba. Parce qu’ils partagent les « mêmes combats », cette « mobilisation commune » sera l’occasion « de renforcer une alliance importante pour la construction d’une écologie populaire, aux côtés des populations en première ligne des injustices et de la pollution », explique dans un communiqué Elodie Nace, porte-parole d’Alternatiba.

Pour le comité Adama, il s’agit aussi d’élargir sa base, dans le sillage des deux grands rassemblements à Paris, devant le tribunal de grande instance et place de la République, les 2 et 13 juin derniers, qui avaient réuni des milliers de manifestants.

Pour se rendre à Beaumont-sur-Oise, accessible en train, plusieurs villes ont annoncé des départs communs en bus, à l’instar des municipalités communistes d’Ivry-sur-Seine et Montreuil, qui affichent déjà complet. La marche, avec port du masque obligatoire, doit partir de la gare de Persan-Beaumont à 13 h 30.

Cette quatrième édition se double d’un festival, accueillant des personnalités, DJs et artistes, dont les noms n’ont pas été dévoilés par les organisateurs. Mais l’après-midi restera solennel, car « ce qui est au centre, c’est Adama », souligne Youcef Brakni, membre du comité Adama, qui invite tous ceux « qui ne trouvent pas normal qu’en France, quatre ans après, une famille attende encore un procès, une justice équitable ».

Le Monde avec AFP

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