Absentéisme au travail : en un an, près d’un salarié sur deux a bénéficié d’un arrêt maladie – Le Parisien

En plein débat sur l’allongement de la durée de vie professionnelle et la réforme de la santé au travail, l’étude sur l’absentéisme (réalisée auprès de 1507 salariés et de 400 dirigeants ou DRH d’entreprises du secteur privé, d’août à octobre 2019) que publie ce jeudi Malakoff Médéric Humanis (MMH) apporte un éclairage nouveau.

Premier point, le nombre de salariés du privé arrêtés n’augmente pas. Au cours des 12 derniers mois, près d’un salarié sur deux (44 %) du secteur privé s’est vu prescrire au moins un arrêt maladie. « C’est évidemment un taux très élevé mais qui reste stable par rapport à 2018 », analyse Anne-Sophie Godon, la directrice Innovation du groupe.

Le poids des maladies chroniques

Absentéisme au travail : en un an, près d’un salarié sur deux a bénéficié d’un arrêt maladie

Mais en complément, le groupe de protection sociale s’est attaché, pour la première fois, à évaluer la répétition des arrêts maladie. « 36 % des salariés arrêtés au cours des 12 derniers mois l’ont été aussi l’année précédente, remarque Anne-Sophie Godon. Cela représente un peu plus du tiers, ce qui met en lumière le phénomène de récurrence des arrêts. »

Cette récurrence est d’autant plus inquiétante qu’elle touche « une population fragile, des salariés à risques » selon l’experte, en tête desquels on retrouve les salariés aidants un proche (68 %), ayant des enfants à charge (50 %), les salariés d’Ile-de-France (43 %) et également ceux s’étant vu prescrire un arrêt longue durée (de plus de 30 jours).

Pour Thierry Rousseau, sociologue du travail, chargé de mission à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), ce taux s’explique aussi par « le poids des maladies chroniques évolutives (cancer, diabète…) qui contraignent 15 % à 20 % des salariés à s’absenter périodiquement mais aussi par le désengagement de salariés insatisfaits de leur travail ».

Le nombre des arrêts prescrits non pris augmente

Absentéisme au travail : en un an, près d’un salarié sur deux a bénéficié d’un arrêt maladie

Ces données sur l’absentéisme mettent aussi l’accent sur le nombre croissant des arrêts prescrits non pris, que ce soit partiellement (reprise anticipée du travail) ou en totalité. « En 2019, 28 % des arrêts maladie prescrits n’ont pas été respectés, un taux en progression de 5 points sur un an, note la professionnelle. C’est énorme et traduit un phénomène nouveau. » D’autant que parmi eux, 17 % des arrêts sont carrément ignorés. Ce renoncement total concerne surtout les managers et les salariés œuvrant dans le commerce.

Les salariés motivent leur renoncement – partiel ou total – par leur volonté « de ne pas se laisser aller » mais aussi par le fait que ces journées ne sont pas rémunérées. « Il ne faut pas oublier que pour six salariés sur dix, le délai de carence (NDLR : les trois premiers jours d’arrêt dans le privé) n’est pas pris en charge par le contrat de prévoyance de l’entreprise », souligne Anne-Sophie Godon.

« Cela montre que l’obligation ressentie pour beaucoup d’être présents au travail, même malades, l’emporte encore en France, précise Thierry Rousseau. Or, si le mécanisme de soupape que représente l’absentéisme saute, cela signifie qu’on accroît le risque d’aggraver son état de santé », et donc de multiplier les arrêts et leur durée.

La durée des arrêts longs augmente

Et justement, l’étude Malakoff Médéric rappelle que la durée des arrêts longs a augmenté de 10 % en 4 ans. « Entre 2012 et 2016, le nombre de jours arrêtés est passé de plus de 101 à 110 jours, confie la directrice Innovation. C’est d’autant plus important que cette hausse touche toutes les tranches d’âges et les catégories professionnelles. »

À noter en revanche que les arrêts longs représentent toujours 9 % des arrêts prescrits, les arrêts dits moyens (de 4 à 30 jours d’arrêts) étant majoritaires (61 % des arrêts prescrits totaux). « Dans ce contexte, on voit que l’objectif fixé de rallonger les carrières dont on débat en ce moment n’est pas aussi facile à atteindre, conclut Thierry Rousseau. D’autant plus qu’en tenant compte de la pyramide des âges des salariés, on peut déjà s’attendre à devoir gérer bien davantage de maladies chroniques et d’usure physique à l’avenir. »

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