A Saint-Martin-d’Hères, les élèves retrouvent une école transformée par la crise sanitaire – Le Monde
Drôle d’ambiance, mardi 12 mai au matin, dans l’école élémentaire Paul-Langevin de Saint-Martin-d’Hères, qui accueille quarante élèves (sur 165) pour la première fois depuis deux mois. Les élèves de CP entrent, un à un, et se mettent en rang le long du mur, sur les marques tracées au sol. « Tu as le droit de discuter avec les copains, mais pas de les toucher », précise la directrice, Maryline Leprince, au petit Nathan qui traîne derrière lui son cartable à roulettes.
Quelques minutes plus tard, devant les toilettes des CP, Cora Feray appelle ses élèves pour qu’ils se lavent les mains, l’un après l’autre. Les ennuis commencent : Hugo a décidé de suivre à la trace son frère Lucas. Rappel à l’ordre immédiat. « C’est mes triplés, ils sont mignons », confie l’enseignante en aparté.
Une fois installés en classe, les élèves sont invités à dessiner au feutre un « bon souvenir » du confinement. « Et si c’est pas intéressant ? », s’inquiète Enzo, qui dessinera finalement sa console de jeu. « Maîtresse, j’ai pas mes trucs », gémit Alan, le troisième triplé. Le protocole sanitaire de l’éducation nationale est formel sur ce point : le prêt de matériel est proscrit entre élèves, à moins de pouvoir désinfecter les stylos entre chaque usage. « Hugo, prête tes feutres à ton frère », ordonne l’enseignante. A peu de choses près, l’activité dessin était terminée pour Alan, avant même d’avoir commencé.
« Je me désinfecte les mains avant, après ou les deux ? »
Toute la journée, les enseignantes de cette école prioritaire (REP) rappelleront aux enfants les distances à respecter, la manière de bien se laver les mains, les jeux de cour proscrits… Un décret sur les « mesures générales » dans la lutte contre le Covid-19, publié le 11 mai, a changé la règle sur les masques : il est désormais prévu que les enseignants en portent systématiquement « en présence des élèves », alors que le protocole sanitaire de l’éducation nationale le demandait uniquement lorsque la distance d’un mètre ne pouvait être respectée.
« On s’est toujours dit qu’on le porterait toute la journée par sécurité », précise Maryline Leprince. Mais les règles sont nombreuses et semblent même surgir de nulle part au fur et à mesure. « Par exemple, j’ai touché les cartables, s’inquiète Céline Scheffer, l’enseignante de CM1-CM2. Je me désinfecte les mains avant, après ou les deux ? »
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