A Rouen, « un an après, on n’oublie pas » l’incendie de Lubrizol – Le Monde

La zone incendiée a été nettoyée méthodiquement, il ne reste que quelques traces de l'incendie.

JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE »

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Publié hier à 19h04, mis à jour à 05h33

« Un an après, on n’oublie pas ! » L’affiche, jaune gilet, tapisse les murs du centre-ville de Rouen. « Lubrizol coupable, Etat complice ». Le tract passe de main en main sur les marchés. « Manifestation samedi 26 septembre ». Autour de la gare routière, devant le Burger King, sur l’esplanade de l’église Saint-Sever… des militants battent le rappel à grands coups de mégaphone.

Au volant de sa Citroën, Gérald Le Corre, chasuble CGT Seine-Maritime sur tee-shirt noir « Putain d’usine », tire trois mannequins installés dans une remorque façon char de parade : deux têtes blondes, le visage mangé par un masque à gaz et le corps couvert d’une combinaison blanche, un homme à fière allure en veston et casquette brodés. « Je suis le préfet, rassurez-vous, vous ne risquez absolument rien pour votre santé ! », s’époumone Gérald Le Corre, micro dans une main, volant dans l’autre.

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Un an que l’infatigable porte-voix du collectif unitaire Lubrizol – qui regroupe syndicats, partis de gauche et écologistes, associations de défense de l’environnement ou encore « gilets jaunes » – organise des manifs pour réclamer « justice et vérité ». La prochaine partira devant la désormais célèbre usine Lubrizol, où tout a commencé.

Jeudi 26 septembre 2019. La France vient d’apprendre le décès de Jacques Chirac. Les Rouennais, eux, se réveillent avec une vision d’apocalypse.

Les militants du collectif unitaire Lubrizol mobilisent les Rouennais pour la manifestation du 26 septembre.

Un an après, ils n’ont rien oublié. L’immense panache de fumée noire au-dessus de leur tête. La suie sur les balcons et les voitures. Les débris de toit amianté dans les jardins. L’odeur nauséabonde d’hydrocarbure brûlé. Les yeux et la gorge qui piquent. Les maux de tête. Les écoles fermées. Les sirènes des pompiers… L’usine chimique Lubrizol est en feu. Quelques jours plus tard, ils apprendront que l’incendie a aussi ravagé les entrepôts de la société mitoyenne, Normandie Logistique (NL), et que ce sont finalement 9 500 tonnes et non pas 5 000 tonnes de produits potentiellement dangereux qui ont brûlé.

« Dans ma cellule de crise, à 3 heures du matin, je n’ai qu’une obsession : éteindre le feu au plus vite pour éviter un suraccident », Pierre-André Durand, préfet de Normandie

Comment un feu d’une telle ampleur a-t-il pu se déclarer sur un site classé Seveso seuil haut, six ans après un premier incident (une fuite de mercaptan s’était fait ressentir jusque dans le sud de l’Angleterre et en région parisienne) et deux ans après une inspection des installations classées jugeant le risque d’un incendie à « au maximum une fois tous les dix mille ans » ? La question hante toujours les Rouennais.

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