A Munich, Macron exhorte les Allemands à être « plus ambitieux » pour relancer « l’aventure européenne » – Le Monde

Le président Emmanuel Macron lors de la conférence sur la sécurité à Munich, en Allemagne, le 15 février 2020.

Le président Emmanuel Macron lors de la conférence sur la sécurité à Munich, en Allemagne, le 15 février 2020. CHRISTOF STACHE / AFP

Pas de discours mais une conversation. Le format de l’intervention d’Emmanuel Macron à la conférence de Munich sur la sécurité n’avait pas été choisi au hasard. Ces derniers mois, le président français a eu plusieurs occasions d’exposer ses vues en matière de politique étrangère et de défense, notamment lors de la conférence des ambassadeurs le 27 août, à Cracovie le 4 février, puis à l’Ecole de guerre à Paris, le 7 février. Mais ce fut parfois au risque d’être mal compris à l’étranger. Dès lors, quoi de mieux qu’un dialogue pour s’expliquer dans l’espoir de convaincre ? Depuis le « grand débat » qui a suivi la crise des « gilets jaunes », M. Macron a montré qu’il appréciait ce type d’exercice. Il en fait à nouveau la démonstration, samedi 15 février, dans la capitale bavaroise.

Interrogé par l’ambassadeur allemand Wolfgang Ischinger, l’organisateur de ce rendez-vous annuel du gotha mondial de la diplomatie et de la défense qu’est la conférence de Munich, puis par l’assistance, M. Macron a exhorté une fois de plus les Allemands à être plus ambitieux. « Je n’ai pas de frustrations, j’ai des impatiences », a-t-il déclaré, appelant Berlin à « des réponses claires » afin de « donner une nouvelle dynamique à l’aventure européenne ».

Sans surprise, le président français s’est félicité des propos tenus la veille par son homologue allemand Franck-Walter Steinmeier, acceptant sa proposition de « dialogue stratégique sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans [la] sécurité collective » de l’Europe. « Je me suis retrouvé en sympathie avec le discours du président Steinmeier », a déclaré le chef de l’Etat, sans pour autant s’en tenir à ce satisfecit. Car à Munich, M. Macron était aussi venu avec l’intention d’interpeller les Allemands sur un autre terrain qui complique la relation entre Paris et Berlin, et sur lequel il était plus discret ces derniers mois : celui de la politique économique.

Europe, OTAN, Russie

Sur ce point, le chef de l’Etat n’a pas hésité à se montrer alarmiste pour dépeindre la situation de l’Europe. Depuis la crise de 2008, la priorité a été beaucoup trop donnée à la réduction des dépenses publiques et à la réglementation du secteur financier, un cocktail « fou » qui a abouti à désespérer les « classes moyennes » européennes, a-t-il expliqué. Alors que la Chine et les Etats-Unis « ont fait le choix d’augmenter très fortement leur dépense publique, (…) je vois qu’en Europe nous continuons la consolidation budgétaire », a-t-il déploré. Sans les nommer, le président visait clairement les conservateurs allemands, dont plusieurs dirigeants étaient aux premiers rangs, comme la ministre de la défense et présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer, ou le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *