A Marseille, un « troisième tour » à suspense pour élire le successeur de Jean-Claude Gaudin – Le Monde

La chef de file de l’union de la gauche et des écologistes, Michèle Rubirola, le jour du vote à Marseille, le 28 juin 2020.

Après une semaine folle à Marseille, le conseil municipal se réunit, samedi 4 juillet, pour élire un nouveau maire. Dans le rôle-clé, la sénatrice Samia Ghali pourrait tout bousculer après l’échec de ses négociations avec l’union de la gauche arrivée en tête lors du vote populaire.

La séance a débuté à 9 h 30, sous le regard des Marseillais, dans une ambiance électrique : quelque 200 manifestants, en majorité des soutiens du Printemps marseillais, étaient rassemblés samedi matin avant le début du conseil devant l’hôtel de ville. Sur leurs pancartes, « Michèle maire sont des mots qui vont très bien ensemble », « Ne nous laissons pas voler la victoire » ou « On veut des écoles rénovées, pas des fachos réchauffés ».

Samia Ghali en arbitre

La séance a débuté sur un coup de théâtre, Stéphane Ravier, leader du Rassemblement national (RN), et les neuf élus regroupés autour de lui ayant quitté l’hémicycle en début de matinée :

Après le départ des élus RN et le renoncement, samedi matin, de Lionel Royer-Perreaut (LR), il ne reste plus que trois candidats en lice : Guy Tessier (LR), une candidate pour la gauche, Michèle Rubirola, et Samia Ghali.

Tous les regards sont désormais tournés vers la sénatrice ex-PS, réélue dimanche soir dans son fief des quartiers Nord de la ville, qui exigeait le poste de première adjointe pour prix de son soutien au Printemps marseillais, une demande sèchement refusée par la chef de file de l’union de la gauche et des écologistes, Michèle Rubirola.

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Depuis, le torchon brûle entre les deux camps, et Mme Ghali, après avoir dans la nuit revendiqué sa liberté de vote, a fustigé samedi matin les « oukases » de Mme Rubirola et de Benoît Payan, son porte-parole, lui aussi élu dimanche soir dans un secteur du centre-ville : « Maintenant, ça suffit, tous ces gens qui veulent les voix des quartiers Nord et populaires mais qui ne veulent jamais qu’ils soient représentés à leur juste place. (…) Plus personne ne décidera à notre place. »

Forte de ses neuf sièges au conseil – huit élus sur ses listes et celui de Lisette Narducci, ex-élue PS, ex-soutien de Jean-Claude Gaudin, élue cette année sur les listes du dissident LR Bruno Gilles avant de rallier Mme Ghali –, la sénatrice peut faire basculer le scrutin.

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Car malgré ses 38,3 % des suffrages au second tour dimanche, loin devant les listes LR (30,8 %), Michèle Rubirola, 63 ans, médecin dans des quartiers populaires et écologiste de la première heure, est loin d’être assurée d’être la première femme à la tête de la deuxième ville de France.

Loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) oblige, l’élection se fait par secteurs. Et aucune majorité absolue n’est sortie des urnes : 42 élus pour le Printemps marseillais, 41 à droite en comptant les deux sièges restant à M. Gilles. Loin, donc, des 51 voix nécessaires, sur 101, pour conquérir l’hôtel de ville avec sa vue imprenable sur le Vieux-Port et la Bonne Mère.

Tout repose donc, après le départ des élus du Rassemblement national, sur les neuf élus rassemblés autour de Samia Ghali. Et l’échec apparent des négociations du Printemps marseillais avec Mme Ghali semblait, samedi matin, barrer la route définitivement à Mme Rubirola.

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Pour Les Républicains, cet énième rebondissement ne peut être qu’une excellente nouvelle. Car eux aussi sont loin de la majorité absolue et pour devancer le Printemps marseillais, il leur faudra aller chercher des voix chez Mme Ghali ou au RN.

La prime au doyen

Mais avec quel candidat ? Alignée depuis vingt-cinq ans derrière Jean-Claude Gaudin, la droite marseillaise, déjà plombée par l’ouverture d’une enquête sur de possibles fraudes aux procurations dans son camp, avait elle aussi explosé jeudi.

Battue dans les 6e et 8e arrondissements, considérés comme acquis à la droite, Martine Vassal, dauphine désignée de Jean-Claude Gaudin, a abdiqué. Place à Guy Teissier, 75 ans, vieux routier issu de la droite dure. Avantage supplémentaire pour le député LR : prime au doyen oblige, c’est lui qui l’emporterait au troisième tour, disputé à la majorité relative, si deux candidats étaient à égalité…

Mais le coup tactique de la présidente LR de la métropole et du département a failli faire long feu. Suppléant de Guy Teissier à l’Assemblée nationale et maire des 9e et 10e arrondissements, Lionel Royer-Perreaut, 47 ans, a un temps lui aussi annoncé sa candidature pour la mairie centrale, refusant de « s’inscrire dans une stratégie d’alliance » avec le RN, avant, finalement, de renoncer.

Le Monde avec AFP, AP et Reuters

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