A Londres, Huawei en démonstration sur la 5G

A Londres, Huawei en démonstration sur la 5G

Alors que les gouvernements européens sont actuellement en train de réfléchir à la place à accorder à Huawei au sein de leurs marchés domestiques respectifs, le constructeur chinois a profité d’une conférence de presse tenue ce jeudi à Londres pour montrer les muscles. Lors de cet événement, qui devait faire le point sur les annonces de la firme de Shenzhen suite à l’annulation du MWC, le message du directeur exécutif de Huawei Ryan Ding a été sans équivoque : le géant chinois sait ce que veulent les opérateurs de réseaux européens et est prêt à répondre à leurs besoins.

« En Europe, beaucoup d’opérateurs ont des sites et des ressources limités », a indiqué ce dernier. « Nous sommes le seul fournisseur qui offre une solution à ce problème. Nous nous félicitons de la concurrence, mais pour l’instant, nous pouvons mettre nos produits sur la table et nous demander : “Quand nos concurrents feront-ils de même ?” », s’est-il interrogé.

L’état-major de Huawei a en effet profité de cette conférence pour dévoiler une gamme de nouveaux produits d’infrastructure 5G, destinés à relever les défis spécifiques à la région européenne. Le manque d’espace pour l’installation d’antennes ? Huawei lance une version de son antenne Blade AAU qui peut prendre en charge les 2G, 3G, 4G et 5G, et fonctionner essentiellement dans toutes les bandes de fréquences inférieures à 6 GHz.

Pour s’assurer que les stations de base 5G puissent être « construites rapidement et directement en Europe », la société lance un nouveau mât super-léger, d’un poids d’environ 25 kg par rapport à la norme industrielle de 40 kg, et dont l’installation ne prend que deux ingénieurs et quelques heures.

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Un spectre plus fragmenté qu’ailleurs

Pour Ryan Ding, le plus grand défi sera toutefois la situation particulière des pays européens, un espace dans lequel le spectre radioélectrique se trouve particulièrement plus fragmenté qu’ailleurs. Rappelons en effet que les pays européens attribuent de manière autonome des tranches de spectre aux fournisseurs de réseaux par le biais d’enchères organisées pays par pays, ce qui fait que le spectre est particulièrement plus fragmenté qu’ailleurs.

Pour faire face à cette situation, Huawei a lancé une antenne à plus large bande passante, capable de supporter la couverture de plusieurs fournisseurs en même temps. Alors que les opérateurs de réseau travaillent en moyenne avec 200 MHz de spectre, la nouvelle antenne peut supporter 400 MHz, soit deux fois plus que la précédente. Pour la direction du constructeur chinois, ce nouveau produit dispose d’une « génération d’avance » sur ses concurrents et pourrait se révéler très utile dans des marchés où le spectre est très fragmenté, comme au Royaume-Uni, en Espagne ou en Italie.

« Nous avons essayé de comprendre les besoins des clients », indique-t-on du côté de Huawei, qui s’affiche à l’écoute des besoins des opérateurs européens, pour qui « fournir une agrégation de porteuses pour 400 MHz est une solution très viable, surtout en Europe, où dans la plupart des pays, le spectre est très segmenté ». Cerise sur le gâteau, Huawei devrait par ailleurs investir 20 millions de dollars dans un « programme d’innovation des partenaires 5G » qui sera lancé au Royaume-Uni, pour financer et accélérer l’adoption de nouvelles applications 5G.

Huawei sur la sellette

Alors que Huawei revendique aujourd’hui 91 contrats commerciaux 5G dans le monde, dont plus de la moitié (47) sont basés en Europe, on comprend aisément pourquoi le constructeur chinois souhaite à ce point s’imposer sur le Vieux Continent, où son avenir apparaît moins compromis qu’outre-Atlantique. Rappelons que la firme de Shenzhen fait depuis de nombreux mois l’objet d’un embargo de fait de l’administration Trump, qui la soupçonne de collusion avec le régime chinois.

Reste que le statut de Huawei en Europe apparaît tout aussi compromis. Après de longues délibérations, le Royaume-Uni a récemment autorisé Huawei à fournir certains équipements pour les réseaux 5G du pays, bien que sous certaines restrictions. Mais, alors que l’état-major de Huawei vantait les mérites de sa technologie à Londres, les autorités britanniques ont annoncé dans le même temps le lancement d’un plan d’investissement de 30 millions de livres pour développer de nouvelles utilisations de la 5G dans les zones rurales, un projet auquel Huawei ne sera pas convié.

« Aucun des projets gagnants, ou des futurs projets de 5G Create, n’utilisera des équipements de fournisseurs à haut risque », a ainsi fait savoir le ministère britannique du Numérique, dans une déclaration qui vise entre autres Huawei, un constructeur pour lequel la partie est encore loin d’être gagnée sur le continent européen.

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