A l’Assemblée nationale, l’onde de choc des motions de censure – Le Monde

Des membres de la Nupes applaudissent la présidente du groupe parlementaire LFI, Mathilde Panot, à la fin de son discours proposant une motion de censure contre le gouvernement, à l’Assemblée nationale, le 23 octobre 2022.

La gauche a-t-elle reçu le baiser du diable ? Au lendemain du vote sur la motion de censure sanctionnant le projet de loi de finances, lundi 24 octobre, la gêne envahissait la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Le texte visant à renverser le gouvernement d’Elisabeth Borne a manqué la majorité absolue de 50 voix. Mais cette acrobatie s’est faite avec les voix du Rassemblement national (RN). De quoi déstabiliser l’alliance de gauche.

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Au sein de la Nupes, seuls les élus de La France insoumise (LFI) se sont réjouis de ce coup politique. « La droite sauve le gouvernement de justesse. Il manquait 50 voix pour éjecter le gouvernement. Nous sommes prêts pour la relève », s’est félicité Jean-Luc Mélenchon dans la foulée du vote. « Il y a une épée de Damoclès au-dessus de la tête du gouvernement », a insisté mardi la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, soulignant « un pouvoir qui ne tient qu’à un fil ». Une joie mauvaise pour les plus modérés de l’alliance. Les députés socialistes, écologistes et communistes n’avaient qu’une idée en tête : mettre à distance le vote encombrant du RN, et couper court à l’idée selon laquelle la fin justifie les moyens pour battre Emmanuel Macron.

« Dans l’ADN de la gauche, on ne se mélange pas avec le RN », a dénoncé Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-du-Rhône

Tous ont renvoyé la balle dans le camp de Marine Le Pen, seule responsable à leurs yeux de son vote sur la motion de censure de la gauche. « Je ne suis pas maître des votes du RN. Jamais nous n’avons eu la moindre connivence avec eux », s’insurge le député du Parti socialiste (PS) de l’Essonne Jérôme Guedj. « Nous ne construirons jamais de majorité avec le Rassemblement national et nous ne voterons jamais de motion de censure de l’extrême droite », a abondé Boris Vallaud (Landes), chef du groupe PS à l’Assemblée. « ​​Rien ne nous rassemble, rien ne nous a jamais rassemblés avec eux. Dans l’ADN de la gauche, on ne se mélange pas avec le RN », a encore dénoncé le député communiste des Bouches-du-Rhône Pierre Dharréville.

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L’histoire aurait pu être tout autre. Il y a une dizaine de jours, alors que le gouvernement brandit la menace du 49.3, quelques députés de la Nupes débattent de la stratégie à adopter. En privé, Jérôme Guedj plaide pour « un paragraphe qui tape sur le RN, voire sur LR [Les Républicains] ». Question d’affichage. L’élu de l’Essonne ne veut pas montrer que « l’on drague les voix du RN ». Mais LFI ne l’entend pas de cette oreille. Il ne faut exclure personne, a fortiori s’il existe une possibilité de faire tomber le gouvernement.

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