A l’Assemblée nationale, les oppositions dénoncent à l’unisson la politique migratoire du gouvernement – Le Monde

Elisabeth Borne lors du premier débat de son gouvernement sur la politique migratoire, à l’Assemblée nationale, le 6 décembre 2022.

S’il en doutait encore, le gouvernement est désormais prévenu. Dans un hémicycle où il ne dispose que d’une majorité relative, sa voie sera particulièrement étroite pour rallier des oppositions, que ce soit à droite ou à gauche, sur son projet de loi sur l’immigration qui doit être présenté début 2023.

Le débat sur la politique migratoire, organisé mardi 6 décembre à l’Assemblée nationale, pour permettre aux groupes parlementaires de dévoiler leurs propositions sur ce texte en a été une nouvelle illustration. Pendant près de quatre heures, les orateurs du parti Les Républicains (LR), ceux du Rassemblement national (RN) et ceux de la gauche en ont surtout profité pour critiquer à l’unisson le bilan sur l’immigration du président de la République, Emmanuel Macron, et pour fustiger les premières orientations du projet de loi dévoilées par l’exécutif.

En préambule de cette série de prises de parole, la première ministre, Elisabeth Borne, a tenté de défendre un « texte équilibré » : si « la France est et restera fidèle à sa tradition d’asile », elle doit pouvoir « dire qui on veut » et « qui on ne veut pas » accueillir. « Nous ne cherchons pas à cliver ou à multiplier des mesures uniquement symboliques », a-t-elle prévenu depuis la tribune de l’Assemblée nationale, affirmant, à destination des bancs de l’extrême droite et de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), que « l’immigration zéro n’est ni souhaitable, ni possible, et n’est pas plus réaliste que ne l’est une immigration dérégulée ».

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Si le gouvernement assure que le texte, qui alliera selon lui « fermeté et humanité », n’est pas encore finalisé, trois ministres – Gérald Darmanin (intérieur), Olivier Dussopt (travail) et Catherine Colonna (affaires étrangères) – en ont développé mardi ses grandes lignes.

Sur le premier volet de ce projet de loi, Gérald Darmanin a rapidement affiché son ambition mardi : « Que ceux qui commettent des crimes et des délits prennent conscience qu’ils ne peuvent pas rester sur le territoire national. » Pour le ministre de l’intérieur, qui a commencé son discours en citant l’auteur nationaliste et figure de l’Action française Jacques Bainville (1879-1936), provoquant les protestations des « insoumis », « trop de règles spécifiquement françaises empêchent d’expulser un criminel sur notre sol ».

Renforcer l’intégration par le travail

Gérald Darmanin souhaite ainsi que la loi permette de « ne plus nous censurer » en laissant « aux juges le soin de mesurer si la vie privée et familiale et le droit au séjour [régi par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme] sont compatibles avec les actes de délinquance qui seront faits aux femmes et aux enfants, les violences sur les policiers, les gendarmes ou les pompiers ».

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