A Jérusalem, au moins 150 blessés à la suite des tirs de balles en caoutchouc et des jets de pierres sur l’esplanade des Mosquées – Le Monde

Plus d’une centaine de personnes ont été blessées, vendredi 15 avril, à Jérusalem, lors de heurts entre des manifestants palestiniens et des policiers israéliens sur l’esplanade des Mosquées, selon des témoins et des secouristes.

Selon un nouveau bilan, « 153 blessés palestiniens ont été transférés » dans des hôpitaux de Jérusalem et des « dizaines » d’autres ont été traités sur le site, a précisé le Croissant-Rouge palestinien à propos de ces violences dans la Vieille Ville de Jérusalem-Est, située dans un secteur palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

De son côté, la police israélienne a fait état de trois policiers blessés. Et environ 400 personnes ont été arrêtées, selon le Club des prisonniers palestiniens, une ONG de défense des détenus. Les affrontements étaient pour l’essentiel terminés vers 9 h 30 (7 h 30, à Paris).

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Jets de pierres, balles en caoutchouc et gaz lacrymogène

Des secouristes évacuent un blessé dans des heurts entre Palestiniens et police israélienne, à Jérusalem, le 15 avril 2022.

Des témoins ont évoqué des jets de pierre de Palestiniens en direction des forces de l’ordre israéliennes et des tirs de balles en caoutchouc vers certains manifestants palestiniens. Vers 4 heures du matin, « des dizaines de jeunes émeutiers masqués », certains s’affichant avec des drapeaux du mouvement islamiste armé Hamas, ont « amorcé une procession » sur l’esplanade des Mosquées, et lancé des pierres en direction du mur des Lamentations adjacent, plus important lieu de prière de la tradition juive, a déclaré la police israélienne disant être intervenue pour « rétablir l’ordre ».

De son côté, Omar Al-Kiswani, directeur de la mosquée Al-Aqsa, située sur l’esplanade, a fait état d’un deuxième incident survenu le matin impliquant une intervention de la police israélienne à l’intérieur même du lieu culte. « L’occupation [nom donné à Israël par des Palestiniens] sait que la mosquée Al-Aqsa est une ligne rouge à ne pas franchir », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP).

La police israélienne sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, le 15 avril 2022.
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Selon un photographe de l’AFP sur place, les affrontements étaient nourris et plus d’une centaine de Palestiniens lançaient des projectiles en direction des forces de l’ordre israéliennes. Des vidéos qui circulent sur Internet montrent également que la police a fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes contre les manifestants. D’autres encore montrent des personnes se barricadant à l’intérieur de la mosquée – dans laquelle la police assure ne pas être entrée – dans ce qui s’apparente à des nuages de gaz lacrymogène.

Troisième lieu saint de l’islam, l’esplanade des Mosquées est située à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé qui reste le théâtre d’affrontements entre policiers israéliens et manifestants palestiniens. Lors du mois du ramadan en 2021, des manifestations nocturnes à Jérusalem et des heurts jusque sur l’esplanade s’étaient mués en onze jours de guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël.

Eviter une escalade

« Il n’y a aucune place pour les envahisseurs et les occupants sur notre sainte Jérusalem », a déclaré vendredi le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dont le mouvement a appelé à une mobilisation contre l’Etat hébreu.

Le Hamas, dont les capacités ont été affectées pendant la guerre de 2021, cherche à maintenir le conflit actif en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, tout en évitant une escalade dans la bande de Gaza, d’autant plus qu’Israël risque de mettre fin aux milliers de permis de travail des ouvriers gazaouis en cas de conflit, estiment des analystes. « Le Hamas ne veut pas d’une nouvelle confrontation », souligne Moukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l’université Al-Azhar de Gaza.

Des manifestants palestiniens affrontent la police israélienne dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le 15 avril 2022.

Le Jihad islamique palestinien (JIP), qui ne contrôle ni la Cisjordanie ni la bande de Gaza, serait quant à lui plus enclin à une escalade avec Israël, estime une source de sécurité israélienne. « La confrontation sera plus rapprochée et difficile » pour les forces israéliennes si « elles ne mettent pas fin à l’agression contre notre peuple », a précisé vendredi le JIP dans un communiqué.

« Nous n’avons aucun intérêt à ce que le mont du Temple devienne le centre de violences. Cela nuirait à la fois aux musulmans sur place et aux Juifs au mur des Lamentations », a commenté le ministre de la sécurité publique israélien, Omer Bar-Lev, membre de la coalition hétéroclite (gauche, droite, centre, arabe) du premier ministre, Naftali Bennett, qui a perdu la semaine dernière sa majorité au Parlement avec le départ d’une députée de droite.

L’Union européenne, les Etats-Unis et la Ligue arabe ont fait part de leur inquiétude, le médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, appelant « à une désescalade immédiate ». Washington s’est dit « profondément préoccupé par la violence à Jérusalem ». « Nous appelons toutes les parties à la retenue, à éviter toute provocation par des paroles ou des actes, et à préserver le statu quo historique sur l’esplanade des Mosquées/le Mont du Temple », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price.

Vingt et un Palestiniens tués dans des violences

La Jordanie administre l’esplanade des Mosquées, où sont situés la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher, mais l’accès à ce lieu est contrôlé par Israël. Peu avant le début du mois du ramadan, le 2 avril, cette année, des responsables israéliens et jordaniens ont multiplié les pourparlers afin d’éviter de nouveaux heurts.

Ce week-end, en plein ramadan, les autorités craignaient des dérapages dans la ville sainte avec le début des célébrations chrétiennes de Pâques et juive de Pessah avec les prières au mur des Lamentations, rare coïncidence des calendriers entre les trois grandes religions monothéistes.

Des Palestiniens s’opposent à la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, le 15 avril 2022.

Par ailleurs, ces violences en plein cœur de Jérusalem surviennent après une série d’attaques en Israël et d’opérations israéliennes en Cisjordanie, autre territoire occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu. Depuis le 22 mars, Israël a été frappé par quatre attaques, les deux premières menées par des Arabes israéliens liés à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) et les deux dernières par des Palestiniens originaires du secteur de Jénine, en Cisjordanie.

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Ces attaques ont fait quatorze morts. En outre, vingt et un Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués dans des violences depuis cette date, selon un décompte de l’AFP. Jeudi, trois Palestiniens ont été tués dans des opérations israéliennes en Cisjordanie, qui ont fait aussi de nombreux blessés, dont l’un a finalement succombé vendredi à ses blessures, a annoncé le ministère de la santé palestinien.

Le Monde avec AFP

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