A Fréjus, Marine Le Pen veut mobiliser ses troupes malgré les fragilités de son parti – Le Monde

Marine Le Pen, à Fréjus (Var), en septembre 2019.

A première vue, tout va bien. Marine Le Pen, qui doit faire sa rentrée politique dimanche 6 septembre lors de l’université d’été du Rassemblement national (RN) à Fréjus – la ville du Var que tient depuis 2014 l’un de ses poulains, David Rachline –, a tout lieu d’être de bonne humeur.

Christian Estrosi, le maire de Nice, en appelant le 1er septembre la droite à passer un accord avec Emmanuel Macron faute d’une candidature évidente chez Les Républicains (LR) pour l’élection présidentielle de 2022, est venu apporter de l’eau à son moulin : la présidente du RN, qui se présente comme la principale chef de file de l’opposition, a tout à gagner à un duel avec le chef de l’Etat et peut espérer un bon résultat, dans un paysage politique brouillé.

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La situation, cependant, est fragile sur au moins trois plans : les résultats électoraux, les rivalités internes et les difficultés financières, voire judiciaires. Les élections municipales sont d’ailleurs loin d’avoir été un triomphe. Les maires RN ont certes été réélus sans difficulté au premier tour, mais le parti a perdu deux des dix villes conquises en 2014.

Perpignan, la seule ville de plus de 120 000 habitants, est une belle prise de guerre pour le parti, mais le RN reste très peu implanté localement : il n’a fait élire que 827 conseillers municipaux en 2020, contre 1 498 en 2014, selon le décompte du ministère de l’intérieur – il présentait d’ailleurs presque 200 listes de moins qu’il y a six ans.

Les régionales ne se présentent pas beaucoup mieux, le RN ayant bien peu de chances d’emporter une seule région. En 2015, le parti alignait de solides têtes d’affiche, Marion Maréchal en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Florian Philippot dans le Grand-Est – tous deux partis depuis – mais également Marine Le Pen, tête de liste dans les Hauts-de-France et qui aujourd’hui se réserve pour la présidentielle et ne devrait pas se présenter. En Ile-de-France par exemple, aucun candidat ne semble pour l’heure s’imposer.

Discrètement exclus

La seconde difficulté est d’ordre interne : Marine Le Pen écarte, comme l’avait fait son père Jean-Marie Le Pen, tous ceux qui pourraient lui faire de l’ombre, ou auraient un peu trop de sympathie pour sa nièce Marion Maréchal.

Six membres de la commission nationale d’investiture – dont les eurodéputés Nicolas Bay et Gilbert Collard – ont été discrètement exclus au cours de l’été, en plein mois de juillet, de cette instance stratégique puisqu’elle doit désigner les 8 000 candidats des prochaines élections départementales, et les dix-huit listes du parti pour les régionales, en 2021. Nicolas Bay est aussi l’ancien secrétaire général du parti – une telle exclusion est une première dans l’histoire du mouvement.

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