A Fréjus, Marine Le Pen fustige le « naufrage sécuritaire » de Macron – Le Monde

Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, lors de son discours de rentrée, le 6 septembre à Fréjus (Var).

Marine Le Pen a donné, dimanche 6 septembre à Fréjus, dans le Var, et entourée de ses seuls élus, le coup d’envoi de sa campagne à l’élection présidentielle, autour d’un slogan, « Français, réveillez-vous ». Le mot d’ordre vaut aussi pour les militants du Rassemblement national (RN), après un scrutin décevant aux municipales et à la veille d’élections régionales qui promettent d’être difficiles. La présidente du RN a annoncé, lors de son université d’été, que le congrès du parti aurait lieu au printemps 2021 plutôt qu’en septembre, et qu’« elle réfléchissait » à en quitter la présidence pour se consacrer entièrement à l’élection de 2022 – un troisième échec signerait en effet probablement la fin de sa mainmise sur le parti.

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Sans surprise, Mme Le Pen, pendant une petite quarantaine de minutes, n’a pas ménagé ses coups à Emmanuel Macron, qu’elle imagine affronter au second tour, en profitant de l’émiettement de la gauche et de l’absence pour l’heure de leader de la droite classique. Elle s’est concentrée sur deux thèmes, l’insécurité, à laquelle elle a consacré les deux tiers de son discours, et la situation économique, en mettant l’accent sur un Etat fort.

« Pour la France, disons les choses crûment, cet été a été meurtrier, a attaqué la présidente du RN. Le Covid n’a pas été seulement l’occasion pour Emmanuel Macron de démontrer son incompétence en matière de gestion de crise sanitaire et son amateurisme : la crise sanitaire a agi comme l’accélérateur d’un naufrage sécuritaire. » Elle a jugé irresponsable la libération « de plus de 10 000 délinquants et criminels » – 6 600 en réalité en fin de peine, avait fait savoir le 17 juin la précédente garde des sceaux. La crise sécuritaire se manifeste pour elle par « la mise en cause systématique de la police par les campagnes “antiflics” de militants racialistes », l’explosion de la délinquance gratuite, « la vision tribale de bandes violentes engagées dans des guerres de quartier », mais aussi « le sexisme, l’antisémitisme, l’homophobie, le racisme anti-Français, ou même anti-Blancs ».

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« Dupond-Moretti, c’est Taubira en pire »

C’est évidemment pour le RN « une conséquence de l’immigration anarchique et incontrôlée imposée aux Français depuis des décennies » et c’est dans « une société multiculturelle elle aussi imposée aux Français qu’a germé cette violence ». Mme Le Pen a cependant souligné qu’elle ne voulait pas confondre « les étrangers qui respectent nos lois avec ces voyous : je réaffirme sans la moindre ambiguïté que de nombreuses personnes d’origine immigrée qui aiment la France et ont adopté nos codes sociaux sont les premières victimes de ces agissements criminels. L’Etat doit assistance et protection à tous, Français ou immigrés. »

Pour autant, Mme Le Pen s’inquiète de « l’abîme vers lequel roule le pays », et pour elle, « c’est une véritable barbarie qui s’installe ». Elle a donné une série de chiffres, des attaques au couteau au nombre de vol à main armée – sans en indiquer l’origine, tous assez discutables, en exagérant le nombre de cambriolages, mais en minorant celui des viols – et a fait abondamment siffler le ministre de la justice. Pour le RN, « Dupond-Moretti, c’est Taubira en pire », ce qui est pour le parti le placer assez haut sur l’échelle de la détestation.

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La présidente du RN a des solutions assez classiques et assure que « sa main ne tremblera pas ». Elle propose que les courtes peines soient obligatoirement exécutées, l’ordonnance de 1945 sur les mineurs à nouveau réformée, la perpétuité réelle imposée pour les crimes les plus atroces. Elle entend chercher la responsabilité civile des parents pour les mineurs récidivistes en leur supprimant les allocations familiales, expulser des logements sociaux les familles délinquantes et expulser tout court les délinquants étrangers. « L’impunité, c’est fini, les peines fictives, c’est fini, la prison garderie, c’est fini », a martelé la présidente.

Un plan de relance « mal conçu et mal orienté »

L’autre axe de la campagne de Mme Le Pen est « le processus de décomposition d’un système, le mondialisme », alors qu’elle prône, elle, un vigoureux « relocalisme ». Elle estime que le plan de relance du gouvernement est « mal conçu et mal orienté » et ne représente d’ailleurs qu’un volume de 4 % du produit intérieur brut (PIB) étalé sur quatre ans, « qui oublie, une fois encore, les petites entreprises et les très petites entreprises » : 3 % de ce plan de relance sont réservés aux TPE-PME, « alors que 3,7 millions de ces entreprises sont le cœur nucléaire de notre économie », représentent 80 % de l’emploi privé et forment d’ailleurs l’essentiel de sa clientèle électorale. De même, elle s’est indignée que 1 % seulement du plan du gouvernement soit consacré aux relocalisations, « pourtant annoncées avec tambour et trompette comme une grande priorité » : « c’est une trahison ».

Pour finir, Mme Le Pen a lancé gravement un appel « à tous les Français », « au-delà de nos parcours personnels et politiques, de nos origines, de divergences naturelles en démocratie, ce qui est au défi, c’est un grand choix de société, et même de civilisation ». Elle estime qu’il est « plus que temps de reprendre notre destin en main », et a conclu, avant la traditionnelle Marseillaise, « Français, réveillez-vous ! ».

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