A cause de la pêche, la tension montre entre la France et le Royaume-Uni autour de l’île de Jersey – 20 Minutes

Un bateau de pêche à Port en Bessin (Normandie). — SICCOLI PATRICK/SIPA

Des dizaines de bateaux de pêche français ont convergé jeudi matin devant le port de la capitale de l’île anglo-normande de Jersey, pour protester contre les conditions de pêche imposées aux marins français après le Brexit. Entre 50 et 70 bateaux naviguaient depuis 7 heures dans le calme devant le port de Saint-Hélier, a constaté un photographe de l’AFP ayant embarqué dans la nuit sur un bateau normand. Quelques fumigènes ont été allumés en début de matinée.

La cinquantaine de bateaux de pêche français a ensuite quitté les eaux de l’île anglo-normande en début d’après-midi. A quelques miles de là, deux navires de la Royal Navy, le HMS Severn et le HMS Tamar, ont été déployés pour « surveiller la situation », selon un porte-parole du ministère de la Défense britannique, évoquant « une mesure strictement préventive en accord avec le gouvernement de Jersey ».

« La situation est globalement très calme »

Ces « manœuvres » britanniques « ne doivent pas nous impressionner », a déclaré le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune. En réponse deux patrouilleurs français ont été envoyés non loin, selon les autorités maritimes françaises.

Selon une source militaire française, « la situation est globalement très calme ». « Les consignes de ne pas bloquer l’intérieur du port sont suivies » pour l’instant par les pêcheurs français, a précisé cette source. Ces derniers doivent regagner leur port d’attache en début d’après-midi.

« Triste d’en arriver là »

Mercredi, le président du comité régional des pêches de Normandie Dimitri Rogoff avait assuré qu’il ne s’agissait pas de bloquer Saint-Hélier mais de « marquer le coup ». « Il n’est pas question de passer à l’assaut (…) Le but du jeu c’est de se montrer, de faire voir que les pêcheurs sont déterminés, d’appuyer ce qui a été réclamé », a-t-il déclaré en évoquant les propos « assez virulents » de la ministre française de la Mer Annick Girardin.

Mardi, Annick Girardin, a affirmé que la France était prête à recourir à des « mesures de rétorsion » si les autorités britanniques continuaient à restreindre l’accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey. Devant l’Assemblée nationale, elle a fait allusion à des répercussions éventuelles sur le « transport d’électricité par câble sous-marin » qui alimente l’île depuis la France.

Selon Paris, le Royaume-Uni a publié vendredi une liste de 41 navires français, sur 344 demandes, autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey, mais cette liste s’accompagne de nouvelles exigences « qui n’ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant » dans le cadre de l’accord sur le Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles, en vigueur depuis le 1er janvier.

« Maintenant, c’est aux ministres de s’arranger »

Les responsables de Jersey « restent sur leur position », a déclaré Ludovic Lazaro, pêcheur de Granville (Manche), à l’issue d’une rencontre entre les pêcheurs français et un ministre de Jersey. « Maintenant, c’est aux ministres de s’arranger. Nous, on va plus pouvoir faire grand-chose », a-t-il ajouté.

« La démonstration de force est faite. C’est le politique qui doit prendre le relais », a abondé Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie. « C’est pas aux pêcheurs d’aller faire un blocus de Jersey pour obtenir ce qu’ils veulent », a-t-il ajouté. « Maintenant, si on n’obtient pas gain de cause, il faut que la ministre coupe la lumière. »

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