A Béziers, Eric Zemmour propose d’« enlever le pouvoir » aux « contre-pouvoirs » – Le Monde

Des sympathisants de l’essayiste d’extrême droite Eric Zemmour lors de son meeting à  Béziers, le 16 octobre 2021.

Le rituel est rodé. A Béziers (Hérault), Eric Zemmour fait languir son public. Même Robert Ménard, le maire de la ville, qui l’accueille samedi 16 octobre, fait les cent pas d’exaspération. Les notes électro du titre « Platscher », de Paul Kalkbrenner, retentissent dans les haut-parleurs : il arrive enfin, fendant une haie d’honneur de plusieurs dizaines de bénévoles de Génération Z, ses « helpers » identifiables à leur tee-shirt « Zemmour 2022 », leur badge bleu et leur houppe juvénile. Il salue la foule – 1 200 participants – les bras en « V », puis déroule son discours, démonstration de force lorsqu’il répond aux questions de la salle, partie de jeu lorsqu’il prend celles de la presse. Avant de dédicacer son livre, sous l’œil alerte de six agents de sécurité.

La mécanique de ces meetings huilée, après un mois de tournée, Eric Zemmour mord davantage dans la politique. Après un rendez-vous médiatisé à l’hôtel de ville de Béziers, Robert Ménard a appelé son « ami Eric » à ne pas insulter l’avenir pour préserver l’option d’une alliance hypothétique avec Marine Le Pen. Chantre de l’union des droites, le maire de Béziers admet avoir fait « une connerie » en sous-estimant le polémiste au profit de la candidate du Rassemblement national. Il appelle « celui qui sera derrière l’autre en février » à se retirer. Qui, à l’extrême droite, jouera le François Bayrou d’Emmanuel Macron ?

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Eric Zemmour pouffe et esquive. « Dire que Marine Le Pen ne peut pas gagner, c’est dire la vérité aux gens », balaie-t-il pour mieux exposer sa vision du rôle présidentiel. « Ce n’est pas une élection pour être le premier ministre. C’est la volonté pour le général De Gaulle que le président se tienne à un certain niveau et qu’il embrasse le sort du pays, a-t-il esquissé. Je ne suis pas candidat au poste de premier ministre. » Lui, brosse un projet en réaction aux acquis de Mai-68, au nom de « tout un ordre à restaurer » dans la société française.

« Quand on a le pouvoir, il faut l’imposer »

La veille, en meeting à Nîmes, il a abordé l’éducation comme l’instrument d’une « guerre de civilisation ». Cette fois, il file le thème de l’école pour dire que l’ordre y prend racine, dans le lien du maître à l’élève, qu’il exalte en glorifiant les Anciens, ces « géants » dans le langage du philosophe médiéval Bernard de Chartres qu’il paraphrase. Pour « relégitimer l’autorité et la discipline », l’Etat de Zemmour s’inviterait dans les foyers, comme dans le choix des prénoms, en supprimant les allocations aux parents qui « ne sanctionnent pas leur enfant » perturbateur. « Nous devons renverser cela », englobe-t-il contre le progressisme traduit en « idéologie antiraciste, LGBT et islamogauchiste » qui aurait « noyauté » l’éducation, l’université et la culture.

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