A Amiens, Emmanuel Macron exhibe ses « racines picardes » – Le Monde

L’Elysée vend la visite du chef de l’Etat dans sa ville natale, jeudi et vendredi, comme une façon de « répondre aux attaques sur sa soi-disant déconnexion ».

Par Publié aujourd’hui à 10h57, mis à jour à 15h01

Temps de Lecture 5 min.

Emmanuel Macron lors de sa visite du centre logistique de Boves près d’Amiens, en octoobre 2017.

Boules scintillantes, sapin géant, guirlandes… Amiens revêt petit à petit ses habits de lumière à mesure que les jours raccourcissent. La ville se prépare à fêter Noël et le retour du fils prodigue, Emmanuel Macron. Jeudi 21 et vendredi 22 novembre, le président de la République honore sa cité natale d’un rendez-vous qui se veut XXL : inauguration du nouveau pôle universitaire, 800e anniversaire de la cathédrale, lancement d’« Amiens, capitale européenne de la jeunesse 2020 », rencontre avec les anciens salariés de Whirlpool, baptême d’une maison France services censée faciliter l’accès aux services publics…

« C’est le plus important déplacement territorial en France métropolitaine depuis l’itinérance mémorielle [à l’automne 2018] », claironne l’Elysée. Il faut bien ça, assure un proche, pour rappeler les « racines picardes » d’Emmanuel Macron et « répondre aux attaques sur sa soi-disant déconnexion » avec la France provinciale. Un an après le début des manifestations des « gilets jaunes », l’entourage présidentiel le martèle : « Il est picard, il est des Hauts-de-France, il aime les territoires, il vient de province, il vient de quelque part. » Une litanie qui revient à faire entrer des carrés dans des ronds.

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Car, à Amiens – chacun en convient –, l’enfant du pays n’a jamais tenté d’imprimer sa marque. Il était trop pressé, tel un héros balzacien, de quitter ce microcosme étouffant et de vivre à Paris son idylle avec Brigitte Trogneux, professeure de français devenue son épouse. « A 16 ans, j’ai quitté ma province pour Paris, écrit le futur chef de l’Etat dans son livre, Révolution (XO, 2016). C’était pour moi la plus belle des aventures. » Il n’a, depuis, pas cherché à reprendre attache avec la ville, où son père habite toujours. En mai 2018, M. Macron déclinait ainsi l’invitation à venir célébrer les 150 ans de son ancien lycée, La Providence. Pas sa place. « Mon parcours fait que je suis devenu président de la République avant d’avoir un ancrage politique local. Certains m’en font suffisamment le reproche. C’est un fait. Je ne vais pas rebâtir un ancrage local maintenant, cela n’aurait pas de sens », reconnaît-il, dans un entretien au Courrier picard, jeudi. Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer : « Je suis un enfant d’Amiens. Et ça, on ne me l’enlève pas. »

Nettoyer la piste d’atterrissage

Le quadragénaire préfère avaler les cent kilomètres qui séparent Amiens de la station balnéaire du Touquet (Pas-de-Calais), où il possède une maison. « Macron, c’est Paris-Le Touquet », résume l’ancien maire d’Amiens Gilles de Robien, qui note toutefois : « Il a lancé sa campagne présidentielle ici, et la famille Trogneux est très honorablement connue. » Six générations de confiseurs, quelques figures locales, et des macarons dont la réputation dépasse les frontières du département. Des touristes asiatiques, parfois, viennent se faire prendre en photo devant La Providence ou la boutique des Trogneux. Mais l’« effet » Macron reste mesuré, tant sur le plan touristique que politique.

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