PORTRAIT. Qui est Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée LREM, qui a eu deux filles grâce à des PMA en Belgique ? – France 3 Régions

La procréation médicalement assistée pour toutes les femmes ? “Enfin!”, souffle la députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon. Avant de porter ses convictions à l’Assemblée, cette ancienne gardienne de la paix a eu deux filles grâce à des PMA en Belgique.

En 2017, lors de sa campagne éclair aux législatives, la nouvelle venue en politique ne s’étend guère sur sa vie privée. Dans sa circonscription rurale de l’Allier (Montluçon), elle parle plutôt réindustrialisation, transports de proximité et déserts médicaux. C’est une fois au Palais Bourbon qu’elle décrit sa situation de “lesbienne avec deux enfants, séparée de son ex avant le mariage pour tous”. Puis signe une tribune dans Libération, en janvier 2018, pour réclamer “l’égalité de toutes les femmes face à la PMA“.

Le “parcours très difficile” de la procréation médicalement assistée, l’ex-policière (elle a travaillé à la BAC de Lille) l’a vécu à deux reprises : en 2000 pour mettre au monde sa première fille puis en 2004, avec sa compagne qui porte la seconde. “Je savais depuis très jeune que j’avais un désir d’enfant. Mais ça paraissait nébuleux. On ne sait pas comment faire ni à qui s’adresser. Il y a vingt ans, on n’en parlait pas comme maintenant”, raconte la députée.

Alors installée dans la métropole lilloise, elle trouve deux cliniques à Bruxelles. “Le principal problème, c’était le coût, relativement important”, se souvient-elle, alors qu’à l’avenir l’acte sera remboursé par la Sécu. En Belgique, la PMA est légalement ouverte à toutes les femmes depuis 2007. L’accès à cette technique est possible à tout « auteur de projet parental », ce qui inclue les femmes lesbiennes et célibataires.

Depuis, Laurence Vanceunebrock-Mialon, 49 ans, née le 6 mai 1970 à Avion (Pas-de-Calais) est séparée de sa compagne. Elle a refait sa vie et adopté deux garçons avec son épouse, médecin généraliste. 

Sur le plan légal, elle n’a plus “aucun lien” avec sa deuxième fille, qu’elle n’a pas portée. “Je ne peux toujours pas être la mère de ma fille. Comment la gauche a-t-elle pu s’arrêter au milieu du gué ?“, s’agace-t-elle dans Libération. La seule solution serait de l’adopter, mais “est-ce normal d’adopter ses propres enfants ?“, dénonce la parlementaire en espérant convaincre le gouvernement d’encadrer ces situations antérieures au projet de loi.

 
“Lenteur” du temps politique

En attendant, l’ancienne policière, qui “aime gagner” et regrette la “lenteur” du temps politique, est en pointe dans les débats. Elle soutient des amendements, retoqués en commission, en faveur de la PMA post-mortem (avec des gamètes d’un conjoint décédé) ou la PMA pour les transgenres.

 La journaliste et militante Alice Coffin juge qu’elle “incarne un changement majeur sur des questions comme la représentation des minorités et la possibilité, si rare en France, de pouvoir tenir un discours public alors qu’on est soi-même concerné”. C’est précisément ce que lui reprochent certains adversaires comme Agnès Thill, exclue de LREM pour des propos sur les homosexuels jugés “polémiques” et “pernicieux” par son ancien parti. 

“On ne légifère pas pour soi. Si chacun y va de sa vie personnelle…”, lâche la députée de l’Oise, déplorant qu’il y ait “deux France qui ne s’écoutent plus” et que “ceux qui ne pensent pas comme elle soient insultés. On est traité d’homophobe, de réac’ ou de Manif pour tous. C’est limite de la pensée unique“, assène Agnès Thill.

A Montluçon, l’ancien maire Daniel Dugléry (LR), battu aux législatives, reste amer : “Elle ne connaît aucun sujet de son territoire. Ce n’est pas la députée modèle“. A l’inverse, le député LR Xavier Breton la “respecte” malgré leurs points de vue “opposés“, car “elle réclame d’abord de rétablir le lien parent-enfant né d’une PMA après une séparation. Elle le fait avec beaucoup de cohérence et d’arguments, elle ne joue pas sur l’émotion”.

Allure sage et débit mitraillette, Laurence Vanceunebrock-Mialon estime que les médias ont largement contribué à lui coller cette étiquette de “députée PMA” alors qu’elle traite d’autres sujets, tels que la lutte contre l’homophobie dans les territoires d’outre-mer ou les “thérapies de conversion“, qui prétendent “soigner” les homosexuels.

Dans les mois qui viennent, elle entend aussi travailler sur la “sécurité dans le monde de la chasse, un problème en milieu rural, afin de partager l’espace naturel en bonne intelligence”.

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