Retraite du président : la décision de Macron suscite de vives réactions – Le Parisien

Emmanuel Macron souhaitait rester pour le moment en retrait des discussions sur la réforme des retraites. « En surplomb », dixit l’Élysée. Ce dimanche, les révélations de notre journal sur son renoncement à toucher sa future pension de président quand il aura quitté l’Élysée l’ont mis de plain-pied dans le sujet. Le chef de l’État, qui a fêté ce samedi ses 42 ans, met fin au droit qui, selon la loi du 3 avril 1955, permet aux anciens présidents de percevoir à vie une dotation d’environ 5 200 euros nets par mois.

Un avantage qui n’est soumis ni à la condition d’âge, ni à la durée de mandat, ni à un plafond de revenu. Il a également décidé – comme François Hollande – de ne pas siéger à l’avenir au Conseil constitutionnel, dont les ex-présidents sont membres de droit à vie… avec une coquette indemnité de 13 500 euros par mois.

En faisant ce choix, Emmanuel Macron entend montrer qu’il s’applique à lui-même le principe d’universalité du nouveau système de retraite qu’il appelle de ses vœux. « Question de cohérence », indique l’Élysée, qui travaille à mettre en place « un nouveau système de calcul dans le cadre du futur système par points », pour lui comme pour ses successeurs.

« C’est quand même se moquer du pauvre »

Cette décision, en plein mouvement de grève contre la réforme, est vivement commentée. Et même critiquée. « Que le président renonce à un de ses privilèges, c’est très bien. Mais la retraite des Français n’en est pas un », attaque le patron du PS, Olivier Faure. « Avec son niveau de vie, ses revenus et son passé d’ancien banquier, il aura de toute façon d’autres retraites. C’est quand même se moquer du pauvre », rebondit l’eurodéputé Gilbert Collard (RN), qui voit un autre message dans cette initiative : « C’est un signe freudien. En renonçant à sa retraite, Macron propose en fait à tout le monde d’abandonner la sienne. »

Une attaque reprise de l’autre côté de l’échiquier politique par Jean-Luc Mélenchon : « C’est insupportable, il n’y a que les grands seigneurs, les très riches, les importants qui peuvent se permettre ce genre de libéralités » a dénoncé le chef de la France insoumise, évoquant « la démagogie » du président.

Des critiques qui agacent l’exécutif. « Personne avant lui n’avait osé s’attaquer à ce privilège. Il y a toujours des esprits grincheux pour venir donner des leçons de moralisme aux autres. C’est insupportable », s’emporte un conseiller du Palais. « C’est tout de même triste de voir que l’opposition n’est jamais capable de saluer une bonne nouvelle, qui plus est quand il s’agit d’une mesure d’exemplarité », confie le secrétaire d’État Olivier Dussopt, qui dénonce « le réflexe politicien de ceux qui sont toujours les premiers à condamner, mais jamais à renoncer aux avantages de leurs mandats. »

Il s’insurge contre l’argument selon lequel Macron aurait les moyens de se passer de cette pension d’ancien président : « Il a 42 ans. Quoi qu’il arrive, il sera encore très loin de la retraite quand il quittera l’Élysée. Donc, il devra continuer de cotiser bien plus longtemps que ceux qui ont occupé cette place avant lui. »

Reprendre la main sur le dossier

Pour le communicant Philippe Moreau-Chevrolet, cette initiative est à double tranchant : « Cela lui permet de ramener l’attention sur lui. C’est un premier message en quelque sorte, une façon d’amorcer une nouvelle séquence de communication : après avoir laissé Edouard Philippe défendre seul le texte, il va reprendre la main. Comme à l’époque des Gilets jaunes quand il avait lancé le grand débat national pour sortir de la crise », décrypte le patron de MCBG conseil, alors que le chef de l’Etat a prévu de s’exprimer longuement sur le sujet lors de la traditionnelle allocution du 31 décembre.

« Mais, en termes d’image, cela reste tout de même assez maladroit, nuance Moreau-Chevrolet. Car il envoie le message qu’il peut effectivement se permettre de se passer de ce genre de rente… alors qu’il a déjà l’image de président des riches. »

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