La raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, la plus grande de France, victime d’un incendie – Le Monde

Le feu à Gonfreville-l’Orcher a été maîtrisé dans la matinée. La préfecture, après avoir invité les habitants à rester chez eux, a levé ses recommandations.

Un important incendie s’est déclaré dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 décembre dans la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, a annoncé la préfecture de Seine-Maritime, samedi en début de journée :

« Le feu a débuté à 4 heures sur une pompe chargée de faire circuler les hydrocarbures dans l’usine Total de Gonfreville-l’Orcher. »

Le feu a été maîtrisé en fin de matinée. La préfecture, après avoir invité les habitants à rester chez eux, a finalement levé les recommandations de mise à l’abri. « Des premières mesures de la qualité de l’air ont été effectuées et sont négatives, mais le préfet conseille à la population de rester chez elle », avait-elle déclaré dans un premier temps.

Le site de Total, classé Seveso en raison de sa dangerosité, regroupe une raffinerie et un site pétrochimique, et fabrique des produits pétroliers et des polymères. Selon le pétrolier, le feu, qui s’est déclenché « sur une pompe de charge d’alimentation de la distillation atmosphérique de la raffinerie », n’a fait aucun blessé. « Cet événement n’a pas occasionné de victime, et toutes les personnes présentes sur le site sont en sécurité », expliquait un communiqué diffusé dans la matinée.

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« Avec le syndrome Lubrizol, c’est normal que la population s’inquiète »

La raffinerie Total à  Gonfreville-l’Orcher, le 14 décembre.

Le groupe pétrolier, qui a interrompu la production sur le site, a fait savoir qu’il mettait tout en œuvre pour faire en sorte que l’arrêt de la raffinerie, la plus importante de France, n’ait pas de conséquence sur l’approvisionnement en carburant.

Cet incendie survient au lendemain de l’annonce de la réouverture partielle de l’usine Lubrizol à Rouen, malgré de vives contestations, moins de trois mois après l’incendie qui a touché le site Seveso.

« Avec le syndrome Lubrizol, c’est normal que la population s’inquiète, mais cet incendie n’a rien à voir avec celui de Rouen, témoigne Jean-Pierre Lamarre, un ancien salarié de la raffinerie de Gonfreville, joint par Le Monde. Chez Lubrizol, il s’agissait de mélanges de produits chimiques dont on ignore les effets lorsqu’ils brûlent ensemble. Là, la fumée, c’est du pétrole qui brûle. Il y a certes une pollution, mais elle n’est pas très inquiétante. »

Ce n’est pas la première fois que la raffinerie Total est touchée par un feu. Jean-Pierre Lamarre en sait quelque chose. En 1968, alors qu’il n’avait que 22 ans, il a été gravement brûlé. A l’époque, le feu avait fait deux morts et onze grands brûlés. « Des incidents comme celui d’aujourd’hui, c’est relativement courant, mais normalement on arrive à intervenir pour empêcher un départ de feu, assure M. Lamarre, qui a également été maire adjoint de la commune voisine de Montivilliers. Ma hantise a toujours été qu’il y ait une explosion. »

Dernier accident majeur en date, le 15 février, dans lequel un salarié d’une entreprise sous-traitante est mort après une chute alors qu’il intervenait sur un filtre à sable sur le site de Gonfreville.

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« Une multiplication inquiétante sur des sites Seveso »

La raffinerie Total à Gonfreville-l’Orcher, le 14 décembre.

Joint par Le Monde, Alexis Deck, conseiller municipal (EELV) de la mairie du Havre et élu de la communauté de commune, déplore « une multiplication inquiétante d’incidents divers et variés sur des sites Seveso ». Pour l’élu, « il y a forcément un lien avec les directives d’assouplissement des normes de contrôle et de sécurité à l’œuvre ces dernières années ».

Selon le dernier rapport du Bureau des risques et pollutions industriels, le nombre d’accidents sur les sites Seveso a augmenté de 25 % entre 2016 et 2018. Dans le même temps le nombre d’inspections des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) a chuté de 30 000 à 18 196, alors que le nombre d’ICPE est resté stable.

« Il faut arrêter de parler de culture du risque pour passer à une culture de gestion du risque avec une vigilance renforcée pour empêcher ces incidents industriels », déclare Alexis Deck. L’élu ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l’incendie de la raffinerie de Total et celui de Lubrizol : « Le feu vert donné par le préfet à la réouverture partielle de l’usine est intervenu beaucoup trop tôt. On ne connaît même pas l’origine du départ du feu. » Pour l’élu, ces deux accidents, survenus dans un département qui compte de nombreux sites Seveso, appellent à « une réflexion sur le long terme sur la place et l’utilité de ces entreprises sur le territoire ».

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