Élections législatives au Royaume-Uni. Boris Johnson remporte la majorité absolue au Parlement – Ouest-France

Plus rien ne s’oppose au Brexit. Le Premier ministre britannique Boris Johnson sort vainqueur ce vendredi des législatives, selon les premières projections, fort d’une majorité écrasante lui donnant les coudées franches pour sortir son pays de l’Union européenne le 31 janvier.

Les résultats officiels relayés par Sky News ce vendredi matin leur donnent une majorité plus vue depuis Margaret Thatcher. Le parti conservateur a une majorité avec 358 sièges à la Chambre des communes.

Résultats officiels à 7 h. | CAPTURE D’ÉCRAN / SKY NEWS

Boris Johnson a remercié sur Twitter « tous ceux à travers le pays qui ont voté, qui se sont portés volontaires, qui se sont présentés ».

Les travaillistes de Jeremy Corbyn s’effondrent, et obtiennent 203 sièges (contre 262 lors des dernières élections), selon les résultats officiels.

La défaite a été jugée « extrêmement décevante » par son bras droit John McDonnell, qui l’a attribuée sur Sky News à « la fatigue du Brexit ».

Jeremy Corbyn « très déçu »

Les appels à la démission du très à gauche patron du Labour ont commencé à fuser jeudi soir. S’exprimant après l’annonce de sa réélection dans sa circonscription londonienne d’Islington nord. Jeremy Corbyn s’est dit vendredi « très déçu » du résultat des élections législatives de la veille, ajoutant qu’il ne « conduira pas le parti aux prochaines élections ».

Chef de l’opposition le plus impopulaire jamais enregistré dans les sondages, le chef du parti travailliste britannique a payé sa position ambiguë sur la sortie de l’UE, sur lequel il a personnellement refusé de se prononcer.

Il voulait renégocier un nouvel accord de divorce, plus social, puis le soumettre aux Britanniques avec comme alternative le maintien dans l’UE

Les premiers résultats tombant au fil de la nuit ont confirmé un net recul des travaillistes, qui ont perdu des fiefs symboliques, comme la ville de Workington. Un groupe de réflexion avait identifié « l’homme de Workington », un homme blanc, âgé, sans diplôme, pro-Brexit comme l’électeur clé pour remporter le scrutin.

« Les conservateurs représentent désormais de nombreux ménages à faible revenu, des personnes qui travaillent dans les industries manufacturières et traditionnelles du centre et du nord de l’Angleterre et plutôt moins dans les régions riches du sud », a dit à l’AFP le professeur Tony Travers, de la London School of Economics (LSE).

« Clarification »

À Bruxelles, où les dirigeants européens sont réunis en sommet, la France a salué une « clarification » du flou dans lequel était plongé le Royaume-Uni.

Arrivé au pouvoir en juillet en se posant comme le sauveur du Brexit, Boris Johnson n’avait pas réussi à faire adopter par le Parlement l’accord de divorce qu’il avait négocié avec Bruxelles, faute de majorité à la Chambre des communes.

Durant la campagne électorale, le dirigeant de 55 ans a promis de soumettre cet accord aux 650 députés nouvellement élus avant Noël avec l’objectif de mettre le Brexit en œuvre fin janvier.

Prévu le 29 mars dernier, le Brexit a été reporté trois fois.

Boris Johnson a bénéficié d’un coup de pouce du Parti du Brexit, emmené par l’europhobe Nigel Farage, qui devrait faire chou blanc après s’être retiré des circonscriptions leur étant acquises pour ne pas diviser le vote pro-Brexit.

« Un nouveau mandat fort »

Réélu député de la circonscription d’Uxbridge and South Ruislip, dans la grande banlieue de Londres, avec un score en augmentation par rapport au scrutin précédent de 2017, le Premier ministre s’est félicité vendredi d’avoir obtenu « un nouveau mandat fort pour réaliser le Brexit ».

Réaliser le Brexit doit permettre de tourner la page et de s’atteler aux « priorités » des Britanniques, comme la santé, la sécurité et les infrastructures, avait affirmé le chef de gouvernement durant la campagne.

Mais Boris Johnson devra aussi préciser quel type de relation il veut nouer avec l’Union européenne. Dès la sortie du Royaume-Uni de l’UE s’ouvriront de difficiles négociations sur ce sujet, censées être conclues d’ici à la fin 2020. Mission impossible vu la complexité du sujet, estiment bien des analystes.

Les nouveaux députés siégeront dès mardi et Boris Johnson leur déclinera son programme législatif par le biais du traditionnel discours de la reine jeudi.

L’espoir des « Remainers » d’arrêter le Brexit s’évanouit

Pour les pro-UE, l’espoir d’empêcher le Brexit s’est évanoui avec la défaite du Labour et l’échec des libéraux-démocrates. Ces derniers avaient fait campagne pour stopper purement et simplement la sortie de l’UE et devraient se contenter de 13 sièges, un camouflet pour leur dirigeante Jo Swinson, qui a été battue dans la circonscription d’East Dunbartonshire, dans l’ouest de l’Ecosse, par le candidat indépendantiste écossais du SNP.

Ces résultats « signifient la fin définitive de l’idée qu’on pourrait empêcher le Brexit », a commenté jeudi soir devant la presse Sara Hobolt, professeure de sciences politiques à la London School of Economics (LSE). Les « Lib-Dem » étaient pourtant arrivés deuxièmes aux élections européennes de mai dernier avec 20 % des voix, et avaient en outre été rejoints par des députés conservateurs dissidents pro-UE.

À gauche, les nationalistes écossais du SNP ont bondi de 20 à 55 sièges, selon le sondage sortie des urnes. Ils comptent s’appuyer sur ce résultat pour demander un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse, majoritairement opposée au Brexit, bien que Boris Johnson y soit fermement opposé.

« Il y a maintenant un mandat en vue d’offrir au peuple écossais le choix de son propre avenir », a déclaré Nicola Sturgeon, cheffe de file du SNP à la chaîne de télévision Sky News. « Boris Johnson a peut-être reçu un mandat pour faire sortir l’Angleterre de l’Union européenne. Il n’a absolument pas le mandat de faire sortir l’Écosse de l’Union européenne. L’Écosse doit avoir le choix de son propre avenir ».

Ne croyant pas à une avancée significative du SNP, l’ancienne cheffe des tories en Écosse, la populaire Ruth Davidson, avait promis de nager nue dans le Loch Ness s’ils dépassaient la barre de 50 élus.

Partager cet article Boris Johnson, le Premier ministre britannique, à Londres, le 13 décembre 2019.

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