VIDEO. Marseille: L’hommage aux huit morts de la rue d’Aubagne se fera sans le maire – 20 Minutes

Une affiche rendant hommage aux victimes de la rue d’Aubagne, le 25 octobre 2019 à Marseille. — AFP
  • Ce mardi est marqué par l’anniversaire de la mort de huit Marseillais dans l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne.
  • Une cérémonie commémorative à l’initiative de citoyens aura lieu tout près des lieux, en présence des familles de victimes.
  • Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a préféré organiser en même temps une seconde cérémonie, officielle, pour jouer « l’apaisement ».

Un moment de recueillement, en silence​ pour se souvenir qu’il y a un an, à 9 h 05 précisément, huit personnes trouvaient la mort dans l’effondrement de leurs immeubles, rue d’Aubagne à Marseille. Ce mardi 5 novembre est une journée un peu particulière dans la cité phocéenne, marquée par le premier anniversaire de cette catastrophe mortelle qui a endeuillé la deuxième ville de France.

A cette occasion, comme cela se fait habituellement en pareilles circonstances, une cérémonie de commémoration est organisée afin de rendre hommage à ces huit Marseillais. Enfin, non, pas une. Deux précisément. La première se tient à l’initiative des collectifs citoyens et des habitants du quartier de Noailles, au pied du trou béant qui subsiste encore et toujours, des mois après, en présence des familles des victimes.

Deux cérémonies

La maire de Marseille LR Jean-Claude Gaudin a de son côté décidé de ne pas se rendre à cet hommage citoyen, sur les lieux, mais d’organiser en parallèle sa propre cérémonie, dans sa mairie toujours barricadée derrière des barrières de fer, en présence de journalistes et d’élus. Outre les drapeaux en berne, l’édile et les conseillers municipaux observeront une minute de silence. Le maire prévoit également, toujours en mairie, l’inauguration d’une plaque commémorative. Plaque qui sera ensuite placée rue d’Aubagne « plus tard ».

« Je ne crois pas que ma présence soit souhaitée [rue d’Aubagne], estime le maire de Marseille depuis un quart de siècle. J’ai toujours cherché l’apaisement. Vous pouvez l’interpréter comme vous le voulez. Je suis maire depuis 24 ans, j’essaie de faire coexister une population différente. Il y a eu un drame, ce drame je l’assume mais la cérémonie officielle aura lieu ici, à l’hôtel de ville. »

« C’est encore du mépris »

A l’autre bout du fil, Saïda est abasourdie. Son cousin Chérif fait partie des huit victimes décédées dans l’effondrement de ces immeubles quartier de Noailles. Et elle l’affirme : elle avait reçu un courrier du maire qui lui assurait de sa présence à l’hommage rendue à son cousin, rue d’Aubagne. 

« Ce que vous m’annoncez là, qu’il ne soit pas là, cela me met en rage, confie-t-elle. Je comptais lui parler. C’est encore du mépris. Le maire n’a pas de respect pour les victimes. Il devait être là, et il ne l’est toujours pas. Il ne m’a même pas reçue en un an, vous imaginez ? Il ne partage même pas la peine avec nous. Et je ne savais pas qu’il y avait cette cérémonie en mairie. On n’a pas été convié ! » Dans ce fameux courrier daté d’octobre que 20 Minutes a pu consulter, le maire indique en effet organisé une cérémonie d’hommage ce mardi 5 novembre… sans jamais toutefois préciser le lieu.

« Il n’a pas la conscience tranquille »

Ce moment est pourtant important selon elle. « Ce sera beaucoup d’émotions. Tout nous revient. La semaine sous la pluie, à attendre le corps numéro 1, corps numéro 2… Cela nous a beaucoup marqués. C’est un drame pour moi et ma famille. »

Si Jean-Claude Gaudin ne vient pas dans le quartier mardi, « c’est qu’il n’a pas la conscience tranquille », lance Badra Delhoum, membre du collectif du 5 novembre lors d’une conférence de presse. Pour Zania Serra, également membre du collectif, la plaque commémorative qu’entend installer la municipalité n’est pas suffisante non plus : le collectif milite notamment pour baptiser « Place du 5 novembre 2018 » la place Homère, une petite place située à quelques mètres des immeubles effondrés. Un baptême officieux qui se fera à la demande d’une mère d’une des victimes, en sa présence, ce mardi à 18 h 30… là encore, sans le maire.

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