Un jihadiste français présumé mort visé par une enquête pour “crimes contre l’humanité”, une première – Sud Ouest

Le parquet national antiterroriste (PNAT) a pour la première fois chargé des juges d’instruction d’enquêter sur des soupçons de crimes contre l’humanité commis par un jihadiste français, demi-frère de Mohamed Merah et figure de la filière jihadiste toulousaine, accusée d’exactions contre les Yazidis.

En août 2014, des jihadistes de Daesh avaient envahi le mont Sinjar, fief de cette minorité religieuse kurdophone dans le nord de l’Irak, tuant des milliers d’entre eux et enlevant des milliers de femmes et d’adolescentes, pour les réduire à l’état d’esclaves sexuelles. Le pôle “crimes contre l’humanité” du PNAT, qui enquête depuis plusieurs années sur les crimes subis par cette minorité religieuse, a ouvert vendredi une information judiciaire pour “génocides” et “crimes contre l’humanité”, réclamant la mise en examen de Sabri Essid pour des faits commis entre 2014 et 2016.

Présumé mort, mais sans preuves

Au printemps 2014, Essid était parti rejoindre Daesh en Syrie. Il avait été reconnu en mars 2015 sur une vidéo diffusée par le groupe jihadiste, où on le voit en compagnie de son beau-fils âgé d’une douzaine d’années, surnommé “l’enfant bourreau de Daesh”, qui exécute un otage. Ce Toulousain né en 1984, fils d’un compagnon de la mère de Mohamed Merah, est toutefois présumé mort depuis plus d’un an et demi

C'est sur cette vidéo que Sabri Essid avait été reconnu.
C’est sur cette vidéo que Sabri Essid avait été reconnu.

Crédit photo : Capture Youtube

Jusqu’à présent, les jihadistes français faisaient uniquement l’objet de poursuites pour des infractions à caractère terroriste. Des associations, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), réclamaient un élargissement aux soupçons de crimes contre l’humanité.

Des juges d’instruction du pôle spécialisé “Crimes contre l’humanité” du tribunal de Paris vont désormais poursuivre les investigations. Faute de preuve de la mort d’Essid, un procès pourrait tout de même avoir lieu, offrant à des victimes Yazidis la possibilité de se porter partie civile.  “C’est une avancée significative et inattendue”, s’est félicité Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH.

“La qualification de crimes contre l’humanité va permettre de recueillir plus de témoignages de victimes, également d’élargir et d’approfondir les enquêtes, en remontant les chaînes de commandement. Cela a aussi une vertu pédagogique pour l’opinion publique, compte tenu de l’ampleur de ces crimes qui ont été planifiés à grande échelle”

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