5G : les industriels toujours aux abonnés absents malgré les appels du pied des autorités

5G : les industriels toujours aux abonnés absents malgré les appels du pied des autorités

Alors que la bande des 26 GHz devrait dans le futur s’imposer comme la troisième bande de base pour le déploiement de la 5G, l’Arcep et le gouvernement présentaient hier les résultats de son appel à la création de plateformes d’expérimentation 5G sur cette bande dite millimétrique lancé en janvier dernier. Résultats des courses : quinze projets reçus, pour onze projets retenus pour une durée de trois ans avec effet immédiat.

Ces derniers, portés à la fois par des opérateurs (dont Orange et Bouygues Telecom) mais également par des verticaux ou des consortiums non-spécialistes des télécommunications, ciblent plus particulièrement des projets de Smart City dans des secteurs comme la logistique (avec le développement d’un port connecté dans la ville du Havre), de la mobilité (avec la mise en place d’un réseau 5G dans la gare SNCF de Rennes) ou encore dans la couverture d’évènements sportifs ou de l’équipement de centres d’accueils connectés à destination des PME et startups (comme sur le plateau de Saclay). Ces projets disposeront d’un réseau expérimental 5G opérationnel d’ici le 1er janvier 2021 au plus tard et devront s’engager à ouvrir leur infrastructure aux tiers, a fait savoir l’Arcep.

Voilà pour les annonces effectuées par l’Autorité et le gouvernement, qui s’arrêteront malheureusement ici. Il faut en effet convenir que la moisson a été mince tant l’engouement attendu par les autorités sur ce programme d’expérimentation s’est fait attendre. Si l’objectif était, lors de son lancement en janvier dernier, de “favoriser l’appropriation par l’ensemble des acteurs des possibilités offertes par cette bande de fréquences et identifier les nouveaux usages permis par ces fréquences”, force est de constater qu’il n’a pas été atteint, au regard des projets présentés, qui restent pour la plupart très sommaires et se bornent généralement à équiper une zone délimitée en stations de base 5G sur ces fréquences millimétriques, dont l’originalité est de promettre des débits extrêmes au prix toutefois d’une portée très faible.

Les verticales ne sont toujours pas au rendez-vous de la 5G

Alors que la durée qui nous sépare du lancement de l’appel d’offres pour l’octroi de fréquences dévolues à la 5G sur la bande des 3,5 GHz se compte désormais en semaine, les industriels, qui forment ces fameuses “verticales”, peinent toujours à prendre la main sur la future génération de technologie mobile qui semble pourtant faite avant tout pour répondre à leurs besoins. Et ce n’est pas faute pour l’Arcep ou pour le gouvernement de multiplier les aménagements réglementaires et les programmes d’expérimentation à leur attention.

D’autant que ces programmes ne devraient pas s’avérer coûteux pour ces verticales. Pour s’offrir un bloc de fréquences de 200 MHz sur la bande des 26 GHz, il suffisait en effet de régler la somme très “amicale” de 200 euros par an. Rien d’affolant pour les finances de ces dernières.

Reste que la sauce ne prend toujours pas. La faute peut-être à des applications industrielles qui peinent encore à émerger au-delà des cas d’usages généralement cités dans les secteurs des véhicules connectés ou de la télémédecine. Interrogé en juin dernier par ZDNet.fr, Stéphane Chouet, le président de l’AGURRE, qui regroupe les principales verticales industrielles, confirmait en effet que “d’un point de vue technologique, la 4G répondrait totalement à nos besoins en termes de débit”. Un constat partagé au sein de l’AGURRE, qui se borne aujourd’hui à militer pour dégager de nouvelles fréquences sur la bande ultra haute fréquence des 400 MHz, pour l’accès à la bande des 700 MHz (destinée à un usage souterrain) ou encore pour la libéralisation des fréquences millimétriques (situées entre 30 et 300 GHz) dans des cas d’usage précis (et notamment pour le déchargement massif de données en site) tout en se limitant bien à la mise à niveau LTE des réseaux de ses membres.

L’heure ne serait-elle pas encore à la 5G pour les industriels ? Alors que les autorités avaient offert aux verticales la possibilité de réaliser des tests grandeur nature pour expérimenter la 5G sur la bande “bac à sable” des 3,5 GHz, celles-ci ne se sont pas bousculées au portillon, livrant ainsi un premier élément de réponse à cette question qui cristallise toute les interrogations des acteurs du secteur des télécommunications.

“Il y a eu un petit démarrage sur cette question des verticaux, qui a été progressif, pour rester positif. Nous avions à l’Arcep offert une opportunité sur la bande des 3,5 GHz d’avoir des ‘pilotes’ d’usages de verticaux possibles. On s’imaginait des choses : les ports, les aéroports, les usines connectées et tout ce genre de chose. Mais cet appel d’offres a avant tout suscité l’intérêt des opérateurs, qui avaient besoin de tester la technologie 5G. Les fameux verticaux n’étaient peut-être pas encore prêts”, a ainsi regretté ce lundi le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, en se réjouissant toutefois d’avoir reçu des réponses à ce nouvel appel d’offres sur la bande des 26 GHz.

Une bien maigre consolation alors que la publication prochaine des modalités et les prix de réserve des fréquences 5G sur la bande des 3,5 GHz prend du retard et fait l’objet de toutes les spéculations, que ce soit de la part des autorités ou des opérateurs.

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