5G : clap de fin pour Orange et Huawei en France

5G : clap de fin pour Orange et Huawei en France

L’avenir de Huawei en France n’est pas rose, estimait hier le PDG d’Orange Stéphane Richard. Interrogé sur l’antenne d’Europe 1, le dirigeant a appelé l’équipementier chinois, accusé par de nombreux pays occidentaux d’être contrôlé par l’Etat chinois, de “procéder à des changements assez radicaux” sous peine de disparaître purement et simplement des radars sur le marché européen. Pour ce dernier, ce qui est en cause est bien “l’absence de gouvernance” de la firme de Shenzhen, qui ouvre la voie à toutes les supputations concernant le poids réel du régime chinois sur son organisation et ses orientations stratégiques.

“Si Huawei veut un jour revenir dans le concert mondial, il faut qu’il procède à des changements assez radicaux. C’est mon avis”, a déclaré le PDG d’Orange en sa qualité d’observateur du marché des télécoms depuis de nombreuses années. “J’ai de l’estime pour les équipes de Huawei, ce sont de vrais professionnels”, estime ce dernier, tout en regrettant que son “système d’entreprise, sa gouvernance, son absence de gouvernance d’ailleurs, crée un problème majeur dans un secteur aussi sensible que la technologie”.

Et ce n’est pas faute pour le constructeur chinois d’avoir mis les petits plats dans les grands. D’abord en nommant des administrateurs français bien connus des arcanes du pouvoir politique français, comme l’ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo ou, plus récemment, l’ancien député et ministre socialiste Jean-Marie Le Guen. Ensuite en annonçant l’ouverture prochaine d’une usine sur le sol français. Autant de mesures qui n’ont pas suffit à endiguer les critiques à l’encontre de Huawei, dont les partenariats avec les opérateurs français font l’objet d’un encadrement très sévère des autorités françaises avant le déploiement des réseaux 5G.

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Orange n’est plus partenaire de Huawei en France

“Beaucoup de pays ne souhaitent pas voir Huawei sur leurs réseaux de télécommunication, à commencer par la France même si elle ne le dit pas explicitement”, a ainsi relevé Stéphane Richard, tout en se gardant de “dire si c’est bien ou pas”. L’opérateur, qui travaillera avec Nokia et Ericsson pour déployer son réseau 5G dans l’hexagone avait pourtant bien tenté le pari Huawei pour recourir à des équipements 5G à la Réunion et à Mayotte. Sans succès, comme le relevait la semaine passée la CEO d’Orange France Fabienne Dulac.

“Cela nous parait excessif car nous avons une longue histoire avec Huawei à la Réunion et à Mayotte et il nous faudra donc remplacer tous nos équipements sur ces territoires”, expliquait la dirigeante lors d’un point-presse, tout en indiquant avoir sollicité un échange avec les autorités pour comprendre les raisons de ce refus. Rappelons que Orange entretient avec Huawei “une relation historique” à la Réunion et à Mayotte, où le constructeur chinois équipe les réseaux mobiles 3G et 4G de l’opérateur historique.

Reste qu’il n’y a pas qu’en France qu’Orange entretient des relations avec le constructeur chinois. Orange déploie ainsi une partie de son réseau 5G en Espagne en s’appuyant sur des équipements chinois siglés Huawei et ZTE. “On essaie de coller dans chaque pays où nous sommes avec la réalité géopolitique. En France, on ne déploie pas avec Huawei. On le fait un peu en Espagne, en Afrique”, reconnait ainsi Stéphane Richard. De l’autre côté des Pyrénées, l’opérateur vient ainsi de commercialiser ses premières offres 5G avec l’aide de Huawei, Ericsson et ZTE, qui équipent respectivement 50 %, 45 % et 5 % de son réseau de dernière génération.

Orange navigue donc à vue sur le sujet Huawei. “Je ne veux pas diaboliser telle ou telle application ou entreprise parce qu’elle est chinoise mais en même temps, il ne faut pas être naïf. On l’a peut-être été ces dernières années”, fait ainsi observer son PDG. De quoi mettre un point final à la relation entre l’opérateur historique et le fleuron chinois sur le marché français. Du moins pour le moment.

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