2023, l’année du coup d’envoi de l’Open RAN en Europe ?

2023, l'année du coup d'envoi de l'Open RAN en Europe ?

Comme l’an dernier, il sera encore beaucoup question d’Open RAN au prochain Mobile World Congress (MWC) qui se tiendra du 27 février au 2 mars à Barcelone. Cette approche qui vise à ouvrir les technologies réseaux doit avoir la même vertu libératrice que l’open source dans le monde du logiciel depuis la fin des années 90.

Développée par l’O-RAN Alliance, qui rassemble des opérateurs et des équipementiers du monde entier, elle pourrait, de la même manière, rebattre les cartes du marché des télécoms.

L’objectif de l’Open RAN consiste à établir des standards dans la conception des éléments constitutifs d’un réseau mobile. Composé d’antennes et de stations de base, un réseau d’accès radio (RAN) traditionnel assure la liaison entre les terminaux connectés – smartphones, tablettes, ordinateurs portables – et le cœur du réseau de l’opérateur.

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Un pas de plus vers la virtualisation des réseaux

Les différents composants logiciels et matériels de ce RAN émanent souvent, pour des raisons de comptabilité, du même équipementier. A savoir, Ericsson, Nokia ou Huawei pour l’essentiel. En établissant des normes, l’Open RAN vise à assurer cette interopérabilité et à réduire la dépendance des opérateurs à un seul fournisseur.

En cela, la démarche rejoint celle initiée pour virtualiser puis “cloudifier” le cœur de réseau. L’architecture Open RAN virtualise les éléments du réseau cellulaire gérés jusqu’alors par du matériel et des logiciels dédiés. Elle permet ainsi de séparer les fonctions de base en plusieurs unités distinctes : l’unité radio (RU, Radio Unit), l’unité distribuée (DU, Distributed Unit), l’unité centralisée (CU, Centralized Unit), le contrôleur intelligent (RIC, RAN Intelligent Controller).

Réduction des coûts et de l’empreinte carbone

En s’affranchissant de l’infrastructure sous-jacente, un opérateur réduit ses coûts en retenant notamment le fournisseur le mieux disant pour chaque composant. Sur la base de normes “open”, il peut faire appel à des fonctions et des services développés par des éditeurs tiers. Ce qui réduit la mise sur le marché de solutions innovantes. En intégrant des équipements et des logiciels multifournisseurs, un opérateur peut aussi plus aisément partager son infrastructure à un opérateur partenaire.

Par ailleurs, l’Open RAN facilite la résolution d’incidents réseaux et offre la possibilité de fournir aux entreprises des services à la demande avec une qualité garantie. Cette approche permet également de gagner en efficience énergétique en optimisant la consommation des équipements et en mettant en veille les éléments inactifs d’un réseau. Enfin, l’Open RAR renforcera la sécurité des réseaux 5G comme le souhaite l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA).

Les nouveaux opérateurs avantagés

Dans un rapport, les principaux opérateurs européens – Deutsche Telekom, Orange, Telecom Italia (TIM), Telefónica et Vodafone – dressent un état des lieux de l’adoption de l’Open RAN. Si “la technologie est déployée sur des dizaines de milliers de sites dans le monde,” c’est le fait principalement de nouveaux opérateurs. Ils ont l’avantage de partir d’une feuille blanche à l’image du japonais Rakuten Symphony qui a bâti de zéro un réseau 100 % Open RAN.

Le rapport note aussi une plus grande maturité des pays anglo-saxons. “De nombreux déploiements Open RAN sont déjà visibles, notamment au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, facilités par le soutien des gouvernements.” Un soutien que les opérateurs européens exigeaient déjà de Bruxelles il y a deux ans. Pour l’heure, seuls des projets pilotes ont émergé en Europe en attendant des déploiements à plus grande échelle prévus à partir de 2025.

Accord entre Orange et Vodafone

2023 pourrait toutefois donner le coup d’envoi de l’Open RAN made in Europa. Pour Michaël Trabbia, Chief technology and innovation officer d’Orange, “les progrès significatifs réalisés récemment par l’industrie de l’Open RAN nous ont donné l’assurance que l’Open RAN et le RAN cloud natif sont désormais prêts pour les premiers déploiements commerciaux dans les réseaux industriels en Europe à partir de 2023.”

Joignant la parole aux actes, Orange et Vodafone ont convenu de construire ensemble un réseau d’Open RAN et de le partager dans les zones rurales d’Europe où les deux opérateurs disposent de réseaux mobiles. Les premiers sites commerciaux devraient être déployés dès cette année près de Bucarest, en Roumanie.

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