14-Juillet : ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron – Le Figaro

Cap sur les «600 jours». Pour la première fois depuis son élection, Emmanuel Macron a accepté de se soumettre à la traditionnelle interview du 14-Juillet ce mardi après-midi. Interrogé par TF1 et France 2, en direct depuis l’Élysée, le chef de l’État est revenu sur les très nombreux sujets d’actualité de ces dernières semaines, à commencer par la crainte d’un rebond épidémique du coronavirus. Puis il a précisé les contours du «nouveau chemin» dans lequel il veut projeter le pays, pour affronter la crise économique et sociale des prochaines années. Autant de chantiers qui devront être à nouveau évoqués dans le détail par le premier ministre Jean Castex lors de son discours de politique générale, prévu mercredi après-midi à l’Assemblée nationale puis jeudi au Sénat.

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● Macron prend acte de la «détestation» contre lui mais déplore la «haine»

Contrairement à sa promesse de 2017, Emmanuel Macron a reconnu qu’il n’était «pas parvenu» à réconcilier les Français. Le chef de l’État regrette notamment de n’avoir «pas assez montré» le «chemin de justice» qu’il souhaitait tracer, pour permettre à chacun d’atteindre «l’excellence» républicaine. Et ce «quel que soit son prénom, quelle que soit la famille où on est né, sa religion, sa couleur de peau». Emmanuel Macron considère que c’est à cause de cet échec que «les gens se sont mis à détester ce président», qui a donné l’impression de ne s’adresser qu’aux «meilleurs». «Cette détestation a pu être alimentée» selon lui par les «maladresses» et les «petites phrases». Pour autant, le chef de l’État a affirmé que «la haine n’est pas acceptable en démocratie».

● «Je rends hommage à Édouard Philippe»

Le chef de l’État a rendu un hommage appuyé à son ancien premier ministre, une semaine après avoir nommé son successeur, Jean Castex, à Matignon : « La méthode utilisée durant les trois premières années du quinquennat a permis de faire des réformes inédites, que l’on pensait impossible, s’est-il félicité. Je rends hommage à Edouard Philippe et au gouvernement». Mais « une page politique de la vie du pays » se tourne, selon le chef de l’État, justifiant un changement de premier ministre. « Parce qu’on ne peut pas dire qu’on emploie un nouveau chemin, une nouvelle méthode et dire on fait avec la même équipe », a-t-il expliqué.

● Avec Castex, Macron croit toujours au «dépassement politique»

C’est l’enracinement local de Jean Castex qui a présidé à sa nomination comme premier ministre. « C’est un élu de terrain, pas d’une grande ville […] qui connaissait très bien ce qu’est la vie des élus locaux, de nos collectivités, la proximité dont on a besoin », a loué le chef de l’État, tout en balayant sa venue de la droite. « Je crois au dépassement politique français. Nos concitoyens m’ont élu là-dessus, a assuré Emmanuel Macron. Quand la relance arrive, on demande à ce qu’elle soit efficace et juste, non pas qu’elle soit de gauche ou de droite. »

● Macron «partage» la cause féministe mais soutient Darmanin face aux «jugements de rue»

Pas question de changer de ministre de l’Intérieur. Visé par une plainte pour viol – dont l’enquête a été rouverte «pour des raisons de formes» après avoir été «classée ou (avoir) donné lieu à une absence de suite» à trois reprises -, Gérald Darmanin a reçu le soutien d’Emmanuel Macron. Même s’il «respecte» et «partage» la «cause féministe» et la «colère» des victimes, comme le prouve selon lui son bilan en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, le chef de l’État s’est posé en «garant de la présomption d’innocence». Refusant de «céder à l’émotion constante» ou de basculer dans une «démocratie d’opinion», le président a dénoncé les «jugements de rue ou de réseaux sociaux». Puis il a affirmé que le nouveau locataire de la Place Beauvau était «blessé par ces attaques». «Il y a une relation de confiance d’homme à homme (entre lui et moi)», a-t-il conclu.

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● Les masques bientôt obligatoires dans les lieux publics clos, a priori le 1er août

Compte tenu de « l’incertitude » sur la situation sanitaire, le chef de l’État souhaite « rendre obligatoire le masque dans tous les lieux publics clos », probablement à partir du 1er août, jugeant que son port est devenu aujourd’hui « erratique ». Rappelant qu’« il y a, dans beaucoup de pays voisins, des indices d’une remontée » du virus, le président s’est félicité que les tests ont été « largement déployés » en France, à près de 370 000 par semaine. En cas de seconde vague, « nous serons prêts », a martelé le chef de l’État. «Nous sommes en train de tout faire pour éviter une nouvelle vague et pour avoir une approche différenciée», a-t-il ajouté, écartant la perspective d’un confinement généralisé à l’ensemble du territoire.

● Macron prend ses distances avec Raoult et la chloroquine : «Il n’y a pas de traitement stabilisé»

«Non». Même s’il était atteint du Covid-19, Emmanuel Macron ne se soignerait pas avec de la chloroquine. «Il n’y a pas de traitement stabilisé», a-t-il prévenu, avant de rappeler que «nous sommes le pays des Lumières». «Je crois à la rationalité, et donc à la rationalité scientifique (…). Ce n’est pas au président de la République ou à un politique de trancher un débat scientifique avec des politiques. (…) La science, c’est processus de vérification et c’est comme ça qu’on se porte mieux», a-t-il balayé. Faut-il y voir un désaveu du professeur Didier Raoult, à qui il a pourtant rendu visite au mois d’avril ? «C’est un grand scientifique. (…) Il était normal et légitime, de mon point de vue, qu’il participe au débat scientifique», a-t-il esquivé.

● Face à une «augmentation massive» du chômage, Macron défend son action

Interrogé sur un chiffre de l’Insee qui prévoit 900 000 chômeurs de plus à la fin de l’année 2020, le président de la République a concédé que le pays allait connaître «des plans sociaux et une augmentation du chômage massive». Il a également défendu son dispositif de chômage partiel, qui a touché près de 13 millions de Français. «C’était légitime parce qu’il y avait le feu à la maison, donc on n’a pas compté les seaux. Nous avons fait ce qu’aucun pays au monde n’a décidé. Je le dis parce qu’on peut être fier de la France parfois et en l’espèce, je crois qu’on le doit.»

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● Des exonérations de charges pour les jeunes diplômés

Interrogé sur les 700 000 jeunes qui arriveront sur le marché du travail en septembre, le président a d’abord annoncé que «la jeunesse doit être la priorité de cette relance». Et de préciser une série de mesures, parmi lesquelles un dispositif d’exonération des charges pour les jeunes, en particulier pour les faibles qualifications ou les emplois jusqu’à 1,6 SMIC. Le président a également annoncé la mise en place de 300 000 «contrats d’insertion» en apprentissage qui permettront «d’aller chercher des jeunes qui n’ont pas réussi à trouver d’entreprise». Il a enfin annoncé l’ouverture de 200 000 places pour compléter la formation «des jeunes qui devait rentrer sur le marché du travail cette année».

● La réforme des retraites est «juste» et favorise les «métiers modestes»

Il n’est pas question de renoncer à la réformes des retraites, mise en pause par le confinement. Emmanuel Macron l’a rappelé. «Est ce que c’est une bonne idée de l’abandonner totalement? Je ne crois pas», a-t-il d’abord dit, en reconnaissant qu’il faudrait peut-être l’amender et la «remettre en concertation». Le président a défendu une réforme «juste» et «faite pour celles et ceux qu’on a appelé les premiers de corvées», soit les caissières, les livreurs, les «métiers modestes». Emmanuel Macron a reconnu que dans cette réforme, «on revenait sur des avantages qui avaient été acquis dans le temps par d’autres régimes, par exemple les régimes spéciaux», mais a coupé court aux spéculations sur le financement de la réforme (travailler plus, repousser l’âge pivot…) en assurant que «ce n’est pas au président de la République d’asséner un 14-Juillet ce que va être la réforme des retraites».

● Le président demande une «modération des dividendes»

Emmanuel Macron a également été interrogé sur les fameux plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui promettent de conserver l’emploi en échange de compensations, comme une baisse des salaires ou une limitation des jours de congés. Il a justifié la possibilité «qu’il y ait des salaires qu’on accepte de baisser momentanément plutôt que des licenciements» parce que «parfois on met des années à revenir à l’emploi». Emmanuel Macron a mis sur la balance de ces baisses de salaires une «modération des dividendes» qui a été «demandée aux entreprises [que l’État] abonde». «Si on dit aux salariés de faire un effort, l’actionnaire doit faire un effort aussi», a-t-il dit. Enfin, Emmanuel Macron a annoncé un dispositif de 30 milliards d’euros «pour compléter les salaires, financer des formations et [faire aller les salariés vers] les secteurs d’activité où il y a des opportunités».

● Un référendum «le plus vite possible» sur l’inscription de l’écologie dans la Constitution

Le chef de l’État compte bel et bien reprendre les propositions de la Convention climat. À commencer par l’inscription de «l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la biodiversité dans notre texte constitutionnel». «Favorable» à cette «avancée majeure», qui «permettra de créer du droit et (…) d’aider à transformer notre pays», Emmanuel Macron a dit vouloir convoquer un référendum «le plus vite possible». Cela suppose d’abord de faire adopter cette proposition par l’Assemblée et le Sénat «dans les meilleurs délais», avant de la soumettre au vote des Français.

● Macron dresse des «objectifs à dix ans» mais ne se prononce pas sur 2022

Interrogé à plusieurs reprises sur sa volonté de se présenter pour un second mandat, Emmanuel Macron a balayé une « question intempestive […] Pourquoi voudriez-vous que je décide aujourd’hui de m’enfermer dans un autre calendrier que le calendrier démocratique ?» Si le chef de l’Etat a rappelé qu’« il y a des choses sur lesquelles le peuple français est souverain et c’est bien ainsi », il a pourtant appelé à avoir un « objectif pour le pays à dix ans » : « rendre la France plus forte en répondant à des problèmes qu’elle n’avait pas su traiter par temps calme. »

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