Attaque de Bayonne : l’assaillant est proche de l’extrême droite – Le Parisien

Geste d’un homme déséquilibré, acte islamophobe ou vengeance personnelle? Les enquêteurs tentaient ce lundi à comprendre ce qui a pu pousser un ex-candidat du Front national, âgé de 84 ans, à prendre pour cible, ce lundi après-midi, la mosquée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

Il est environ 15h20, lorsqu’un vieil homme s’approche, jerrycan d’essence à la main, de la porte latérale du bâtiment religieux avec cette idée folle d’y mettre le feu. Un fidèle qui prépare la salle pour la prière tente de s’interposer et essuie deux coups de fusil. Il est touché au thorax et au bras. L’assaillant blesse également par balles au flanc un autre musulman avant d’incendier le véhicule de celui-ci. Un jerrycan d’essence sera retrouvé sur place. Les deux victimes de 74 et 78 ans ont été évacuées vers le centre hospitalier de Bayonne où elles se trouvaient lundi soir encore en réanimation.

L’auteur présumé, Claude Sinké, 84 ans, qui a pris la fuite après les coups de feu a été rapidement interpellé chez lui à Saint-Martin-de-Seignanx, une commune de 5000 habitants dans les Landes. Selon nos informations, des témoins avaient relevé la plaque d’immatriculation du véhicule de l’assaillant. Une bonbonne de gaz et un fusil ont été découverts dans la voiture du suspect tandis que son domicile a été passé au peigne fin par une équipe de déminage.

Lors de la perquisition qui était toujours en cours dans la soirée lundi, plusieurs armes ont été retrouvées. « Le suspect est un tireur sportif, et toutes les armes étaient détenues légalement », précise une source proche du dossier. Le parquet de Bayonne a ouvert une enquête en flagrance et saisi la police judiciaire de Bayonne. En garde à vue, l’auteur présumé a reconnu les faits.

Si Claude Sinké est inconnu des services de police et de renseignement, il ne l’est pas du milieu politique local. Le suspect, qui a reçu une formation militaire dans sa jeunesse, avait été candidat aux départementales en 2015 sous l’étiquette du Front national. Il n’avait pas été élu dans son canton.

Un courrier à caractère discriminatoire et xénophobe

Vendredi dernier, cet ancien retraité de l’Education nationale avait adressé une lettre rageuse à l’attention du bâtonnier de Bayonne et du procureur de Dax, dans laquelle il annonçait sa volonté de porter plainte contre… le président Emmanuel Macron. Il avait également envoyé une copie de son courrier au journal Sud Ouest. En revanche, dans ce courrier à caractère discriminatoire et xénophobe, dixit le quotidien, il n’annonçait pas sa volonté funeste de s’attaquer à la mosquée de Bayonne.

« Il n’aimait pas les musulmans et les étrangers et ne s’en est jamais caché », affirme Lionel Causse, député de la deuxième circonscription des Landes et ancien adversaire de Sinké. L’élu LREM, maire de Saint-Martin-de-Seignanx, entre 2014 et 2017, avait interdit au candidat FN l’accès à l’hôtel de Ville. « Lors de diverses réunions publiques, il livrait souvent le sentiment d’être envahi par les étrangers, explique le député. Depuis 2015, il était moins présent dans la commune, je pensais même qu’il avait déménagé. »

Le suspect est décrit comme marginal, s’adonnant sans grand talent à la sculpture et à l’écriture. Il a publié un livre à compte d’auteur. Président, un temps, de l’association des amis des arts bayonnais, il révélait au journal Sud Ouest, en 2013, avoir souffert d’une grave maladie et entretenir une correspondance avec les ministres Marylise Lebranchu et Christiane Taubira, toutes deux ex-garde des Sceaux. « C’est un vieux monsieur, un peu étrange, un peu fou même », explique Michel, un ex-responsable local du Front national, qui l’a côtoyé. Le militant d’extrême droite précise : « C’était un homme pas particulièrement virulent, mais bien du genre à regarder un peu trop les informations et à se laisser intoxiquer… »

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