Un mouvement social surprise à la SNCF perturbe la circulation des trains dans plusieurs régions – Le Monde

Seul un quart des TER circulent, selon le secrétaire d’Etat aux transports Jean-Baptiste Djebbari. A Paris, le trafic des RER et du Transilien est fortement ralenti.

Par Publié aujourd’hui à 08h40, mis à jour à 10h26

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Un mouvement social inopiné a éclaté vendredi 18 octobre sur de nombreuses lignes SNCF, créant des perturbations parfois fortes sur le réseau des trains régionaux (TER) et du Transilien en Ile-de-France. Selon nos informations, quelques conducteurs de TGV ont aussi cessé le travail, en particulier dans la région lyonnaise.

« Le trafic est très perturbé en régions, 25 % des TER roulent environ », a précisé sur BFM-TV le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, prenant l’exemple de l’Occitanie, où « quasiment aucun » de ces trains ne circule. Dans le détail :

  • la circulation des trains régionaux est particulièrement affectée en région Grand-Est, en Bretagne (un train sur deux à la prise de service), en Occitanie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (tous les TER suspendus) ;
  • en région parisienne, le trafic est fortement ralenti pour les RER et le Transilien ;
  • Le trafic est très ralenti sur l’ensemble de la ligne du RER D jusqu’en fin de journée, avec de nombreux trains supprimés. Idem sur les lignes H, J, K, L et R. Pour cette dernière, aucun train ne circule ;
  • concernant le RER A, le trafic est perturbé entre la Défense et Poissy, et la Défense et Cergy-le-Haut. Pour le RER B, le trafic est très perturbé entre Gare-du-Nord et l’aéroport Charles-de-Gaulle ou Mitry-Claye.

Une réunion d’urgence entre la direction des ressources humaines et la Confédération générale du travail (CGT) a été convoquée vendredi matin tôt au siège de la SNCF à Saint-Denis.

Un mouvement né en réaction à un accident

Ce mouvement social inopiné, déclenché sans préavis, est la conséquence d’un accident impliquant un TER survenu il ya deux jours dans les Ardennes et à la suite duquel les cheminots ont demandé à exercer leur droit de retrait.

Mercredi 16 octobre, un TER transportant 70 personnes a percuté un convoi exceptionnel à un passage à niveau situé à Saint-Pierre-sur-Vence (Ardennes) endommageant très sérieusement l’avant du train et faisant sortir légèrement la rame de ses rails. Selon la CGT, le conducteur, qui était seul à bord a dû, contusionné et légèrement blessé à la jambe, sortir du train pour sécuriser la voie afin d’éviter une collision car la radio et le dispositif de liaison sol-train étaient hors service en raison de la violence du choc. Il a dans cet intervalle dû laisser les passagers seuls, deux d’entre eux étant légèrement blessés.

Le récit de cet accident a peu à peu enflammé les réseaux sociaux des cheminots. La CGT met en cause le mode d’exploitation « équipement agent seul » – c’est-à-dire un conducteur mais pas de contrôleur –, qui a été mis en place ces dernières années dans les TER (80 % des trains régionaux n’ont plus de contrôleurs) et qui existe depuis quarante ans dans les trains de banlieue et les RER de la région parisienne.

« Il y a un ras-le-bol qui monte dans les régions, a expliqué au Monde Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots. Cet accident montre combien la politique de suppression des contrôleurs est inacceptable. Par chance, le choc a endommagé la caténaire et coupé le courant. Cela a stoppé le train qui arrivait en face. Sans cela, l’accident aurait pu être dramatique. »

« Il n’y a eu à aucun moment mise en danger des passagers, parce que le conducteur était seul à bord, rétorque un porte-parole de la SNCF. L’“équipement agent seul” est éprouvé en Ile-de-France, homologué et utilisé dans toute l’Europe. Ce mouvement paraît disporportionné et inadapté. »

Contexte social tendu à la SNCF

Ce mouvement social se produit dans un contexte social tendu à la SNCF. Des négociations difficiles sont en cours sur la future organisation de la SNCF qui se mettra en place à partir du 1er janvier, date de déclenchement de la réforme ferroviaire. Celle-ci prévoit la fin de l’embauche au statut et l’arrivée d’entreprises ferroviaires concurrentes.

A cela s’ajoute la mise en place de la réforme des retraites qui envisage de faire disparaitre le régime spécial des cheminots. Deux syndicats de la SNCF (UNSA-Ferroviaire et SUD-Rail) ont appelé à se joindre à la grève illimitée lancée sur ce thème par les représentants des salariés de la RATP, le 5 décembre prochain.

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